Le pont Charles, sans doute le monument le plus célèbre de la capitale tchèque, résiste au temps depuis sept siècles. Les intempéries et l'eau rongent son architecture gothique mais il enjambe toujours la Vltava, témoin muet de l'histoire de Prague et du peuple tchèque. Le débat sur la restauration de ce monument unique alimente la chronique depuis des années. Les experts n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur le caractère et l'ampleur de cette restauration. Aujourd'hui il semble que le consensus nécessaire ait été trouvé.
Le pont Charles, photo: CzechTourism
"Sera-t-il fermé où non?" se demandaient avec anxiété tous ceux qui travaillent dans le tourisme et l'hôtellerie à Prague. La fermeture du pont Charles pendant les travaux de restauration, qui pourraient s'étendre sur plusieurs années, était pour eux un véritable cauchemar. Ils voyaient déjà baisser leurs recettes car l'écrasante majorité des touristes venant à Prague désirent traverser le pont qui offre une vue splendide du panorama de la capitale. Aujourd'hui ils sont donc un peu rassurés. On a opté finalement pour un projet de restauration plutôt modeste.
Le pont Charles, photo: CzechTourism
Selon le maire adjoint de Prague Jan Bürgermeister, le pont sera restauré par étapes et ne sera pas fermé. Les travaux de reconstruction de la chaussée prendront deux ans, mais ensuite on continuera pendant de longues années à remplacer les blocs de pierre désagrégés par le temps. L'opération la plus importante sera sans doute l'installation d'un nouvel isolement contre l'eau. D'après Ondrej Sevcu de l'Institut du patrimoine national, c'est à cause d'une restauration bâclée, il y a quarante ans, que l'eau de pluie et de neige n'est plus entièrement évacuée dans la rivière, comme c'était le cas au Moyen Age, mais s'infiltre dans la maçonnerie du pont et la ronge de l'intérieur. Les travaux seront donc réalisés successivement, toujours seulement sur une partie du monument, qui sera abritée d'un toit provisoire. On y laissera aussi un passage pour les piétons d'une largeur de quatre mètres. Les machines et les matériaux nécessaires seront transportés par des bateaux. Le coût des travaux est évalué à l'heure actuelle à 250 millions de couronnes, quelque 8,3 millions d'euros.
Reste à résoudre le problème du matériau. On est en train de chercher une carrière qui fournirait une pierre de qualité. La pierre de taille devrait être de la même sorte que celle utilisée par les bâtisseurs du Moyen Age. La commission municipale d'experts doit se réunir encore une fois avant le début des travaux. Si elle donne son aval, la restauration pourra commencer à la mi-avril.