Petr Nečas : « La République tchèque n’adoptera pas l’euro avant 8 à 10 ans »

Photo: Commission européenne

La République tchèque n’adoptera probablement pas l’euro avant huit à dix ans. C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre, mercredi, devant les députés lors d’un débat relatif au Mécanisme européen de stabilité (MES), nouveau fonds de soutien aux pays de la zone euro en crise. Petr Nečas entendait ainsi tordre le cou aux craintes selon lesquelles une éventuelle approbation par la République tchèque du traité établissant le MES entraînerait pour le pays de nouveaux engagements financiers.

Petr Nečas,  photo: CTK
Certes, comme tous les autres nouveaux pays membres, la République tchèque s’est engagée en 2004, au moment de son adhésion à l’Union européenne, à adopter à terme l’euro. Mais depuis, même si l’horizon 2010 avait d’abord été évoqué, aucune date concrète allant dans le sens d’une intégration à la zone euro n’a été fixée. Et les déclarations faites par le Premier ministre mercredi laissent penser que l’apparition de la monnaie unique européenne en République tchèque s’inscrit plus que jamais en pointillés.

« Le débat qui est ici mené sur les engagements financiers liés à l’adhésion au MES est un débat qui sera mené par nos successeurs dans huit à dix ans, si possible au moment où nous rejoindrons la zone euro », a ainsi expliqué aux députés Petr Nečas, qui, avant cela, avait déjà répété à plusieurs occasions qu’aucune date ne serait fixée avant la fin du mandat de son cabinet en 2014. Le chef du gouvernement a rappelé que la Chambre basse du Parlement ne décidait pas de l’adhésion de la République tchèque au MES, mais devait seulement approuver la création du nouveau dispositif de gestion des crises financières de la zone euro. « Le vote sur le MES doit permettre aux pays de la zone euro de prendre des mesures visant à stabiliser la zone euro », a insisté Petr Nečas. « Notre intérêt politique et économique, c'est une zone euro stable », a-t-il ajouté, soulignant qu'un éventuel vote négatif « mettrait plus qu'un simple bâton, un faisceau de bâtons dans les roues de nos partenaires ». Par conséquent, cette éventuelle approbation ne signifierait nullement pour le pays la mise en route de son processus d’intégration à la zone euro.

Oldřich Dědek
Sur ce point, la position du gouvernement tchèque actuel est d’ailleurs très claire : attendre de voir comment va évoluer la crise de la dette dans la zone euro avant de prendre une éventuelle décision sur l’adoption de la monnaie européenne. Une position compréhensible et logique selon Oldřich Dědek, coordinateur national pour l’adoption de l’euro :

« C’est une position somme toute rationnelle. Si l’on regarde les autres pays qui sont dans une situation similaire à celle de la République tchèque et qui se sont eux aussi engagés à intégrer la zone euro, comme par exemple la Pologne, la Hongrie ou certains des Pays baltes, leur position est très proche de la nôtre. »

Toutefois, Oldřich Dědek estime que le délai de huit à dix ans évoqué par le Premier ministre n’est encore en quelque sorte qu’un chiffre en l’air :

Photo: Commission européenne
« Il ne s’agit que d’une estimation, on ne peut rien faire de plus. Actuellement, nous sommes tous sous l’effet direct des problèmes auxquels est confrontée la zone euro avec la crise de la dette. Mais je pense que la situation commence un peu à se stabiliser, même si elle est encore très loin d’être résolue. Dès que la zone euro émettra de nouveau des signaux prouvant que l’euro retrouve le crédit qui était le sien auparavant, les positions des différents pays évolueront également. »

Selon un dernier sondage réalisé en avril, 76 % des Tchèques sont contre l’adoption de l’euro par leur pays. Un chiffre à prendre avec des pincettes, mais qui n’en reste pas moins le plus élevé jamais enregistré en République tchèque. Autant dire que l’éventualité évoquée par leur Premier ministre de ne rejoindre la zone euro que dans une dizaine d’années n’a finalement pas ému grand monde en République tchèque, exception faite des sociétés exportatrices qui, elles, y sont au contraire très favorables.