Peut-on vivre sans sac plastique ?

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Prendre un ou deux sacs plastiques à la caisse d’un magasin quelconque est simple. Courant et banal, le geste générateur de beaucoup de pollution est cependant en passe d’appartenir au passé. En République tchèque, les supermarchés Globus sont ainsi, depuis peu, la dernière chaîne de distribution à ne plus proposer de sacs plastiques gratuits. A travers une proposition adoptée lundi, la Commission européenne entend elle aussi lutter contre cet usage particulièrement néfaste pour l’environnement.

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« Vous pourriez me donner un sac plastique ? C’est que mon caddy est plein… » Cette demande, les Tchèques la renouvellent en moyenne trois cents fois par an. Selon le ministère de l’Environnement, en 2007, trois milliards de sacs plastiques ont été utilisés en République tchèque. Problème, lorsqu’ils se retrouvent dans la nature, ces sacs mettent plusieurs décennies, voire même des siècles, à se décomposer.

Aussi, la chaîne de supermarchés Globus a annoncé sa volonté de ne plus distribuer gratuitement ces sacs. Ceux-ci coûteront désormais la modique somme d’une couronne (environ quatre centimes d’euro), une incitation négative qui serait suffisante pour dissuader les clients d’en acheter. Ce n’est cependant pas l’avis d’Antidia Citores, qui s’intéresse à cette problématique pour la Surfrider Foundation :

Antidia Citores,  photo: YouTube
« C’est une démarche volontaire, elle n’est pas ancrée dans une réglementation. Donc, certes, à la caisse, il peut y avoir une hésitation du consommateur à prendre ce sac plastique, mais s’il n’y a pas un accompagnement de ce consommateur vers plus d’écologie, afin par exemple qu’il prenne dans sa voiture un sac réutilisable, il va forcément oublier au bout d’un moment de prendre ce sac et finir par payer. La consommation n’en sera donc pas réduite. »

Globus est la dernière chaîne de distribution à adopter une telle politique en République tchèque. Des marques comme Albert ou Tesco avaient montré la voie en 2009 et 2011. Pour Judita Urbánková, représentante de la société Ahold, qui détient Albert, les résultats ont été positifs :

Judita Urbánková,  photo: Archives de la société Ahold
« Le besoin en sacs plastiques a presque diminué de moitié. Auparavant, nous distribuions environ 60 millions de ces petits sacs plastiques par an. »

Le problème touche toute l’Europe, où près de 90 milliards de ces sacs sont utilisés chaque année, avec de grandes disparités selon les régions. L’est du Vieux continent et des pays comme la République tchèque sont plutôt en retard.

Aussi, la Commission européenne a décidé de se pencher sur ce problème de prolifération. En se diffusant dans la nature, les sacs participent à la modification des habitats de nombreuses espèces naturelles, notamment marines, et contribuent à la formation de véritables continents plastiques, des tourbillons de déchets qui errent dans les mers et océans.

Lundi, la Commission européenne a présenté un texte visant à limiter l’impact sur l’environnement des sacs de moins de 50 microns. Une proposition qui a le mérite d’exister pour Antidia Citores, mais qui ne va pas assez loin :

Photo: Štěpánka Budková
« Nous sommes satisfaits qu’une proposition ait été faite. En revanche, on la trouve insuffisante par rapport à ses ambitions. Nous aurions souhaité, et c’est la campagne que nous menons depuis des années, une interdiction de ces sacs plastiques à usage unique et l’encouragement à des recherches vers des alternatives. Là, la Commission européenne propose des instruments économiques, des instruments fiscaux ou également d’autres mesures incitatives en fixant un objectif chiffré. »

Les industriels voient évidemment d’un mauvais œil les mesures qui s’annoncent. Pour Hana Carvová, de la Confédération des entrepreneurs et des employeurs (l'équivalent tchèque du MEDEF), il s’agit « d’une ingérence injustifiable et administrative dans les entreprises, qui nuit en définitive aux consommateurs ».

L’objectif de la Commission européenne, c’est de réduire la consommation de ces sacs plastiques de 80%. Pour la députée verte européenne Sandrine Bélier, c’est bien mais ce n’est pas assez. Bruxelles laisse le choix aux Etats des méthodes à employer. Or, selon Sandrine Bélier, des réglementations ont fait leurs preuves et il aurait mieux fallu les diffuser. Antidia Citores conclut :

« Il faut vraiment qu’il y ait un changement de modèle de société pour préparer les gens, quand ils font leurs courses, prendre un sac alternatif, un sac réutilisable ou un sac à dos. Le fait de juste payer le sac ne suffira pas à abandonner ce sac plastique qui est polluant. »