Polémique sur l'égalité des contrôles britanniques à l'aéroport de Prague
L'assassinat du Rom, Ota Absolon, dans la ville de Svitavy, samedi dernier, a mobilisé la minorité rom et les militants pour les droits de l'homme en République tchèque. Vaclav Richter.
Selon Milos Kriz, le chef du service policier d'enquête dans la région de Svitavy, le motif raciste du crime est suffisamment prouvé par les témoignages et ne peut plus être mis en doute. D'ailleurs l'assassin, Vlastimil Pechanec, jugé et condamné, dans le passé, pour avoir blessé un Rom et agressé un anarchiste, ne cachait pas ses opinions racistes. "Je suis partisan de la race blanche, a-t-il déclaré, en 1995. Je voudrais qu'il n'y ait pas de Tziganes et de Noirs dans notre république." L'insécurité plane sur la minorité rom tchèque. Les Roms de Svitavy demandent une protection spéciale de la police contre une éventuelle agression des skinheads, les Roms d'Ostrava, agglomération industrielle de Moravie du nord, ont décidé de créer des services de garde, qui veilleront dans les rues, pour repousser les attaques des extrémistes de leur ville. Les Roms se plaignent d'insécurité et critiquent, de plus en plus vivement, le tri effectué, à l'aéroport de Prague-Ruzyne, par le service britannique, qui refoule les demandeurs d'asile potentiels en Grande-Bretagne et, notamment, des Roms tchèques. Ils ne sont pas seuls à considérer cette mesure comme discriminatoire, et sont soutenus par de nombreux militants pour les droits de l'homme et une partie de la presse tchèque. Une association rom a porté, déjà, plainte contre le ministère tchèque des Affaires étrangères, qu'elle juge responsable de cette mesure. La presse constate qu'aucun accord international entre la Tchéquie et la Grande-Bretagne ne permet aux agents d'immigration britanniques de contrôler les passagers à l'aéroport de Prague, et révèle que les fonctionnaires tchèques et britanniques ont trouvé un moyen de contourner cet inconvénient. Ils ont utilisé une convention consulaire conclue entre les deux pays, en 1975, et ont donné aux membres de la section d'immigration le statut d'agents consulaires. Cette mesure discutable serait étudiée, en ce moment, par l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. Pourtant, selon le Vice-premier ministre tchèque, Pavel Rychetsky, tout serait en ordre, et le gouvernement tchèque ne serait au courant d'aucun cas de discrimination de Roms. La presse de ce jeudi révèle, cependant, l'affaire d'un reporter rom, de la télévision publique tchèque, qui met en cause, non seulement la véracité des paroles de Pavel Rychetsky, mais aussi l'impartialité des fonctionnaires britanniques. Plus de détails avec Lenka Jansova.
Le reporter rom de la Télévision tchèque, Richard Samko, a été refoulé au contrôle des agents des services d'immigration britanniques, le lundi 23 juillet, à l'aéroport international de Prague. Sa collègue, Nora Novakova, n'étant pas Rom, a passé au même contrôle, le même jour, ayant donné les mêmes informations aux agents, en ce qui concerne le but de son voyage et ses moyens financiers.
Les agents des services d'immigration britanniques ont signalé que le but du voyage de Richard Samko n'était pas suffisamment prouvé et qu'il voulait, peut-être, rester en Grande Bretagne.
"J'ai passé l'entretien d'à peu près cinq minutes, au guichet, et, puis, l'interrogatoire de vingt-cinq minutes, plus ou moins, dans la pièce voisine. Puis, j'ai appris que je ne pourrais pas partir" déclare Richard Samko. Il a essayé de partir encore une fois, le mardi, et, de nouveau, sans succès.
Pourtant, l'ambassadeur britannique à Prague, David Broucher, a déclaré, d'après la CTK, que les mesures prises à l'aéroport de Prague ne devaient pas être dirigées contre les Roms et que les agents ne devaient pas juger les passagers, seulement, selon la couleur de leur peau ou leur ethnie.