Pollution : à Prague, la circulation alternée pas encore à l'ordre du jour

Photo: Filip Jandourek, ČRo

Les images de la tour Eiffel noyée ces derniers jours dans un nuage de pollution ont fait le tour du monde. Elles ont également été vues en République tchèque, où certaines villes sont, elles aussi, régulièrement plongées dans le smog. A Prague, certaines mesures sont évoquées, à intervalles plus ou moins réguliers, pour notamment réduire la circulation automobile. Nous avons évoqué la question avec Vítek Masare, un responsable d’Auto*Mat, une association qui lutte depuis plusieurs années pour limiter la place et le rôle de la voiture dans la capitale. Avant cela, Vítek Masare nous a d’abord confié son point de vue sur la situation à Paris et la circulation alternée, une décision qui n’a pas fait que des heureux.

Vít Masare,  photo: Auto*Mat
« Les jours avec une forte concentration de pollution et de particules fines dans l’air des villes sont assez courants partout dans le monde. Par contre, le nombre de villes qui réagissent et essaient d’appliquer certaines mesures pour lutter contre ce problème est assez limité. C’est pourquoi on ne peut qu’apprécier que la municipalité de Paris ait décidé de faire quelque chose de concret pour limiter la circulation automobile, qui est une des sources principales de pollution de l’atmosphère dans les villes. »

Prague est certes plus petite que Paris, mais elle aussi est parfois confrontée à des pics de pollution. La mise en place d’une circulation alternée est-elle également envisageable à Prague en cas de crise grave ?

« Il ne devrait pas y avoir de problèmes dans l’application de mesures comme la réduction de la circulation de la moitié des véhicules, comme cela s’est passé à Paris. D’abord parce que Prague possède un des meilleures réseaux de transports en commun dans le monde. Ensuite, on a déjà fait l’expérience de journées avec une limitation de la circulation lors des inondations ou des grèves des employés de la société des transports en commun. La ville est donc prête à être desservie autrement. »

Plus concrètement, quelles pourraient cependant être les mesures prises par la municipalité en cas de pollution très importante à Prague ?

Photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Le problème est que la municipalité n’a encore jamais appliqué de mesure concrète. Tout ce dont je me souviens, c’est une annonce faite dans les médias par l’ancien maire de Prague qui appelait les Pragois à se déplacer le moins possible en voiture. Mais c’est tout… C’est là une démonstration du chaos et de l’anarchie qui règnent dans le secteur public à Prague. Depuis vingt ans, on n’a jamais trop envisagé l’application de mesures de régulation pour quoi que ce soit. Pour l’instant, on est dans une situation où nous sommes en mesure de dialoguer et d’envisager de telles mesures, mais personne n’a jamais osé prendre de véritables décisions. »

Selon vous, quelles seraient les mesures les plus efficaces pour améliorer la situation à Prague ?

« Une mesure comme la circulation alternée prise par Paris pourrait également être utile dans notre cas. Mais je ne peux pas non plus affirmer quelle mesure serait la plus efficace de toutes. Dans ce domaine, il faut toujours expérimenter et voir ce qui vaut le coup. Mais comme je l’ai déjà dit, Prague dispose d’un excellent réseau de transports en commun. On pourrait donc envisager leur gratuité certains jours lorsque la pollution est la plus forte. Lors de la grève des transports en commun, les médias ont également lancé de nombreux appels pour que les gens se déplacent et se rendent à leur travail en vélo. Et cela avait très bien marché, beaucoup de Pragois avaient réagi positivement. Il existe donc plusieurs alternatives. »