Porigami ou l’art du papier selon Tereza Hradilková
« Pori », c’est le surnom d’enfance de Tereza Hradilková. Cette architecte francophone qui a vécu au Japon et travaillé dans un cabinet d’architecture allemand à Hong Kong est la fondatrice et propriétaire de l’atelier pragois Porigami. Il se concentre sur les projets de Tereza Hradilková : décorations, cartes, installations de plusieurs mètres, livres pour enfants… le tout en papier. En effet, le nom Porigami vient aussi du mot japonais « gami » qui signifie « papier ». Et c’est sa passion pour le découpage et le pliage du papier qui l’a également conduite à participer au Designblok, le festival annuel de design qui se déroule jusqu’à dimanche à Prague. Tereza Hradilková a entre autre conçu des maquettes de villas de l’architecte autrichien Adolf Loos à l’occasion du concours de cartes en trois dimensions organisé par les Centres tchèques. Portrait de « Pori » au micro de Radio Prague Internationale.
Tereza Hradilková, que faites-vous dans votre atelier à Prague ?
« Je joue et je travaille avec du papier. J’y prépare surtout le début et la fin du processus des différents projets. C’est-à-dire le design, les tests et ensuite l’assemblage, l’emballage des commandes, la préparation des colis. Tout ce qui n’est ni à faire au début ni à la fin est produit en partenariat avec une entreprise en Moravie qui imprime sur du papier italien et ensuite ils découpent au laser. »
Comment vous est venue l’idée de créer des œuvres à partir du papier ?
« Je pense que depuis mes études à l’école d’architecture j’aime bien travailler avec du papier. Mais c’est surtout mon séjour en Asie qui m’a plongé dans les arts du papier. J’ai vu plein de choses qui m’ont inspirée à Tokyo, dans les rues, les magasins, les livres empruntés à la bibliothèque, etc. Je commençais à expérimenter mes idées avec le papier. Plus tard à Hong Kong, j’ai travaillé en tant qu’architecte. Je me suis rendue compte que je ne pouvais pas arriver à travailler jours et nuits à long terme pendant que mon fils était gardé par une nounou. J’ai donc décidé de travailler seulement quand il était à l’école et d’essayer de faire de mon hobby un véritable projet professionnel. »
Sans l’Asie, il n’y aurait pas Porigami
Vous avez vécu au Japon et à Hong Kong, en quoi ces expériences vous ont influencé dans votre idée de créer Porigami ?
« J’ai commencé par une collection de cartes en trois dimensions sur l’architecture hongkongaise et notamment les échafaudages en bambous, les trams à deux étages… Je pensais au départ pouvoir vendre le design à un éditeur et j’en ai trouvé certains qui étaient intéressés. Sauf qu’ils n’arrivaient pas à produire mes cartes car elles étaient trop détaillées. Finalement cela ne s’est pas fait. Je ne voulais pas que le projet s’arrête-là donc j’ai continué à chercher un producteur jusqu’à ce que je découvre la possibilité d’utiliser la technologie du laser. J’ai alors réussi à produire cette collection de cartes sur Hong Kong moi-même. J’ai distribué les cartes dans différentes boutiques là-bas et j’ai eu quelques commandes venant d’entreprises. J’ai également fait une installation en papier pour un magazine. Mon expérience à Hong Kong a duré deux ans. Une fois rentrée à Prague, j’ai recommencé la production en Tchéquie et j’y travaille depuis sept ans. »
Où trouvez-vous l’inspiration pour vos œuvres ?
« Mon séjour en Asie était essentiel. Sans l’Asie, il n’y aurait pas Porigami. Au départ, je m’inspirais beaucoup de ce que j’avais vu sur ce continent et de leur travail avec le papier. Mais aujourd’hui je m’inspire d’absolument tout, du quotidien. S’asseoir devant une feuille blanche, essayer de la plier, … je trouve toujours l’inspiration. J’essaye de tenir le papier différemment, de ne plus m’inspirer du travail des autres mais de trouver mes propres idées. »
Vous avez remporté plusieurs prix pour votre travail, pouvez-vous nous en dire plus ?
« Il n’y a pas eu tant de prix que ça, j’espère qu’il y en aura d’autres dans le futur. Celui qui est le plus motivant c’était le Fedrigoni Top Award. Il est organisé par un producteur de papier italien, c’est un concours de projets faits avec leur papier. C’est ma collection des cartes au motif d’animaux qui a eu une mention. »
Livres pop-up
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
« Je veux que Porigami reste un projet d’auteur, donc je n’ai pas l’intention d’en faire une grande entreprise avec plein d’employés. J’ai deux assistantes actuellement et j’ai envie que ça reste ainsi. Evidemment, je collabore également avec un producteur en Moravie mais ma vision de comment Porigami va grandir et évoluer n’est pas tant dans le nombre d’employés mais dans la créativité, l’expérience sur les différents projets, les différentes échelles ; en partant des petites cartes de visite jusqu’aux grandes installations de plusieurs mètres. »
« J’ai aussi de nouveaux projets : récemment j’ai commencé à travailler sur les livres pop-up. Ce sont des livres animés, à systèmes, lorsqu’on ouvre le livre il y a un design qui se déplie en trois dimensions. C’est une nouvelle direction que j’aimerais développer. Pour le moment il y a deux livres pop-up pour enfants qui existent sous forme de prototype, l’un d’entre eux va bientôt sortir en chinois. Et je vais commencer à travailler sur une illustration pop-up d’une toute petite maison d’édition de bibliophilie, où j’ai carte blanche pour choisir l’auteur avec lequel j’aimerais collaborer. Je vais pouvoir faire des motifs très compliqué car ce livre sortira en peu d’exemplaires. J’ai hâte de commencer ce travail. »
Enfin, pourriez-vous nous en dire plus sur le concours Adolf Loos ? En quoi consiste-t-il ?
« L’architecte Adolf Loos est né il y a 150 ans et les Centres tchèques organisent de nombreux événements pour cette occasion : des expositions, des publications etc. Les cartes en trois dimensions qui représentent deux villas praguoises dessinées par Adolf Loos en font partie. Celui qui envoie la plus belle photo de sa carte illustrée peut gagner des objets créés par des designers tchèques. Par exemple, le premier prix est un vase par Pavel Janák du début du XXe siècle. Les autres prix sont des objets de designers plus récents. »