Pour Jaromír Jágr aussi, toute médaille a son revers

Jaromír Jágr avec la première pièce à son effigie, photo: Česká mincovna

Légende vivante du hockey tchèque et mondial, membre du Triple Gold Club, le cercle très fermé des joueurs à avoir remporté à la fois les Jeux olympiques, le championnat du monde et la Coupe Stanley en NHL, Jaromír Jágr méritait bien une médaille de plus. C’est maintenant chose faite, puisque la Monnaie tchèque vient d’émettre 700 pièces en or et en argent à son effigie. À l’occasion de la première frappe de cette nouvelle pièce de collection, Jaromír Jágr a expliqué qu’il ne se voyait cependant pas comme une légende et a évoqué ses inquiétudes de propriétaire-joueur relatives à la situation actuelle de son club des Chevaliers de Kladno.

Jaromír Jágr avec la première pièce à son effigie,  photo: Česká mincovna

« Jaromír Jágr est certainement le Tchèque le plus célèbre sur le continent américain » : Aleš Brix, directeur commercial de la fabrique de monnaie tchèque Česká mincovna, résume ainsi en une seule phrase la carrière nord-américaine du hockeyeur tchèque Jaromír Jágr. En effet, entre 1990 et 2018, à quelques saisons près, c’est principalement dans des clubs américains et canadiens que Jaromír Jágr a évolué, et notamment chez les Penguins de Pittsburgh et les Rangers de New-York.

Mais c’est pour son rôle en sélection nationale dans ce que les Tchèques appellent le « tournoi du siècle » que la Monnaie tchèque a décidé de lui rendre hommage, en frappant à son effigie la onzième pièce de la série « Légendes du hockey tchécoslovaque », série qu’elle a lancée en 2018, à l’occasion, donc, du vingtième anniversaire de la médaille d’or des hockeyeurs tchèques aux Jeux olympiques d’hiver de Nagano.

Photo: Česká mincovna
Jaromír Jágr, dont le maillot porte le numéro 68 en mémoire du Printemps de Prague, rejoint ainsi ceux que l’on avait alors surnommés les « gars en or », parmi lesquels son coéquipier Vladimír Růžička, le gardien Dominik Hašek et leur entraîneur Ivan Hlinka. La série de pièces comprend également d’autres grands noms de la génération précédente et qui ont contribué à la bonne réputation du hockey tchécoslovaque à l’international, notamment le défenseur Jan Suchý et l’ailier Jaroslav Pouzar.

Jaromír Jágr a été invité à frapper lui-même, dans les locaux de la Monnaie tchèque à Jablonec nad Nisou, en Bohême du Nord, la première pièce à son effigie. Le médailleur Martin Dašek l’a immortalisé tel qu’on se souvient de lui lors de la mémorable médaille d’or des Tchèques, coupe mulet très « années 1990 » y compris. Interrogé sur sa présence parmi les légendes du hockey, Jaromír Jágr répond avec modestie :

Jaromír Jágr frappe la première pièce à son effigie,  photo: Česká mincovna
« Je ne me compte pas parmi les légendes, car moi je joue encore – je me vois donc avant tout comme un joueur. Mais j’espère qu’un jour on se souviendra de moi comme d’une légende tchèque du hockey. »

À 48 ans, Jaromír Jágr est en effet le dernier des membres de l’équipe de Nagano 1998 à encore chausser les patins, et ce pour le club des Rytíři Kladno (les Chevaliers de Kladno), où il joue à nouveau depuis 2018. À l’ancien hockeyeur tchèque Jiří Hrdina, qui a lui aussi joué pour les Flames de Calgary et les Penguins de Pittsburgh, et qui aurait récemment déclaré qu’il estimait que Jaromír Jágr pourrait jouer encore trois saisons, il répond avec honnêteté :

« Il y a des jours où je veux bien le croire, mais il y a aussi des jours où je doute de pouvoir jouer le prochain match. Il y a des hauts et des bas, ça dépend plus de mon état psychologique que de ma condition physique. »

Jaromír Jágr avec la première pièce à son effigie,  photo: Česká mincovna
Il est vrai que malgré le plaisir qu’il a à découvrir la fabrication des pièces de monnaie, celui qui est en 2011 devenu le propriétaire des Chevaliers de Kladno semble soucieux. Il explique qu’il est en effet inquiet pour son club, affaibli après six défaites consécutives dans le championnat national Extraliga.

« Oui, nous sommes dans une situation difficile, mais c’est ce qui rend la vie intéressante. Il faut prendre cela comme un défi. Si ça se termine bien, l’expérience qu’on en aura tirée n’en sera que meilleure. Mais il peut aussi arriver ce que personne d’entre nous ne souhaite. C’est la vie. Cela dit, même si nous faisons actuellement face à des difficultés, si au début de la saison on nous avait dit qu’à neuf journées de la fin, nous aurions toujours six points d’avance sur les relégables, on s’en serait contentés. Même les journalistes, qui nous voyaient relégués, ne l’auraient pas cru. Mais c’est sûr, avec six défaites, ces dernières semaines ont été difficiles. Il nous faut donc nous entraîner, et surtout voir cette épreuve comme un défi. Si on la surmonte, on en sort plus fort. »

Jaromír Jágr,  photo: ČTK/Radek Petrášek