Pour les 30 ans de la révolution de Velours, une expo sous l’influence de Kafka à Prague
Une exposition marquant le trentième anniversaire de la révolution de Velours vient d’ouvrir ses portes à la Maison municipale de Prague. Nommée Nezlomní ou Les Irréductibles en français, elle présente le travail, mais aussi les écrits intimes et la correspondance, de trente artistes tchèques actifs entre 1919 et 1989. Des artistes qui ont également en commun d’avoir tous été influencés par les écrits de Franz Kafka.
Les commissaires de l’exposition Zuzana et Eugen Brikcius ont voulu mettre en avant des artistes tchèques restés imperméables aux injonctions de leur époque, que ce soit pendant l’occupation nazie ou, plus tard, sous le régime communiste, d’où le choix du nom Irréductibles. Le titre de l’exposition fait ainsi référence à des peintres, sculpteurs, écrivains ou poètes à contre-courant, comme nous l’a confirmé Veronika Tucker, conseillère spéciale de l’exposition :
« L'idée est que toutes ces personnes représentées ici, principalement des hommes mais aussi plusieurs femmes, n’ont pas participé politiquement au régime communiste et ont acquis leur autonomie tant dans leur vie civique que dans leur art. Et ils faisaient des choix esthétiques qui allaient souvent à l'encontre des notions prescrites par l'art autorisé à l'époque. »
Pour rendre hommage à ces trente artistes inflexibles, la Maison municipale, en plus de peintures et sculptures, présente une partie de leurs écrits publics ou privés que ce soit des vers, des journaux intimes, des citations ou des interviews. S’y côtoient de grands noms tels que Josef Čapek, Emil Filla, Toyen, ou Karel Nepraš.La Maison municipale expose égalementl’original de la célèbre « Lettre au père » de Kafka, jugé essentielle pour la compréhension de son œuvre. La présence de Kafka est loin d’être fortuite car il a eu une très forte influence sur ces différents artistes, comme le souligne Veronika Tucker :
« Tous ces artistes, ou beaucoup d’entre eux, avaient lu Kafka et se sont fortement intéressés à son travail. Il est à noter que ces artistes ont compris le travail de l'écrivain plus tôt et plus intensément que d’autres auteurs. Je pense que pour beaucoup de ces artistes, le travail de Kafka avait quelque chose de crucial : il tenait beaucoup à ce que sa vie et son écriture soient étroitement liées. C'était quelqu'un qui avait un certain niveau d’exigence dans l’art, dans la vie et une certaine idée sur les liens que les deux doivent entretenir. C'est quelque chose qui a inspiré beaucoup d'artistes. »
Cette exposition est à découvrir jusqu’au 6 octobre à la Maison municipale de Prague.