Presse : Prague, la ville la plus taguée d’Europe
Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord au phénomène des tags qui maculent les murs de Prague. Un mot aussi sur les répercussions en Tchéquie de la politique slovaque à l’égard des médias. D’autres sujets traités : la consommation de cocaïne à la Chambre des députés, la présence de la bière tchèque en Russie, un nouveau biopic sur Franz Kafka.
« Prague a un énorme problème, et pourtant elle ne semble pas en tenir compte ou vouloir faire quoi que ce soit pour y remédier. Et la contagion continue de se propager. » C’est ce dont fait part un article publié dans le quotidien Hospodářské noviny :
« Le problème est lié aux tags qui maculent les stations et les wagons du métro, les arrêts de tram et, en fait, presque tout le centre de Prague. Dans certaines rues du quartier de Vinohrady, par exemple, une des meilleures adresses de la ville, rares sont les maisons qui ne soient pas ainsi marquées. Si une façade est restaurée, elle reste intacte pendant un certain temps seulement, avant d’être de nouveau entièrement vandalisée. Tout indique que Prague est la ville d’Europe la plus touchée par ce phénomène néfaste. »
« Comment se fait-il qu’à l’heure où l’espace public est contrôlé par les caméras, la police municipale se montre incapable de surveiller du moins les lieux les plus affectées ? », s’interroge le publiciste avant de constater :
« Ce qui semble manquer à Prague, c’est la volonté de faire quelque chose. Il y a en effet une indifférence générale à l’égard de l’espace public, où vit pourtant plus d’un million de personnes. L’éducation, la prévention et la répression sont manifestement très faibles, presque négligeables et ce malgré des initiatives proposées par certains arrondissements de la capitale. La mairie de Prague devrait agir, lancer une action coordonnée, créer un groupe de travail interdisciplinaire avec la police municipale et peut-être même avec l’agence CzechTourism. Mais, surtout, il faut faire quelque chose, car ce fléau qui inquiète les habitants de Prague et étonne les touristes se diffuse comme une épidémie. »
Les membres du gouvernement slovaque évitent les médias publics tchèques
« La ligne dure à l’égard des médias critiques imposée par le gouvernement slovaque issu des dernières élections législatives a des répercussions également en Tchéquie », rapporte le journal en ligne Hlídacípes.org. Pour preuve, le fait que les membres de la coalition gouvernementale slovaque ont commencé à refuser et à ignorer la plupart des demandes d’interviews proposées tant par la Radio que par la Télévision publiques tchèques :
« Le cabinet de Robert Fico réalise ce qu’il avait promis pendant la campagne électorale. Il a commencé à boycotter les médias sérieux et à donner des informations exclusives à des sites alternatifs et à la chaîne YouTube. Plusieurs rédactions slovaques ont été déclarées carrément hostiles et tout indique que les médias publics en Slovaquie vont bientôt disparaître sous leur forme actuelle pour être remplacés par un autre organe audiovisuel beaucoup plus attaché au pouvoir de l’Etat. Une loi en ce sens a déjà été adoptée en deuxième lecture par le parlement de Bratislava. »
Le site remarque que les démarches du gouvernement slovaque risquent d’affecter également les relations entre les médias publics tchèques et slovaques, celles-ci étant jusqu’ici exceptionnelles, permettant de réaliser nombre de projets en commun.
Trop de bruit autour de la cocaïne découverte à la Chambre des députés ?
Récemment, un morceau de papier avec des traces de cocaïne a été découvert dans les toilettes de la Chambre des députés. D’après l’auteur d’une note rédigée à ce propos pour le site de la station de la Radio tchèque ČRo Plus, cette affaire a pourtant été artificiellement gonflée, en lien notamment avec l’approche des élections européennes :
« Pourquoi l’affaire est-elle insignifiante au fond ? Tout simplement parce que la cocaïne est courante dans le milieu politique et chez nous la situation est très probablement semblable à celle dans d’autres pays. Toutefois, après cette découverte, les députés se sont mis tantôt à s’accuser mutuellement, tantôt à réclamer des tests pour l’ensemble de la chambre basse. »
Un point qui, de l’avis de l’éditorialiste, mérite d’être en lien avec cette affaire retenu, c’est l’hypocrisie. « Tandis qu’un papier avec de la cocaïne est très rigoureusement examiné, personne ne s’occupe d’un problème beaucoup plus grave, à savoir l’alcool », affirme-t-il :
« L’alcool coule à flots à la Chambre des députés, à l’exception d’une courte interruption entre 2014 et 2018, lorsque la consommation d’alcool a été interdite pendant les réunions. Et cela ne gêne personne. En fait, ce qui se passe sur le sol du Parlement reflète l’hypocrisie de la société dans son ensemble. L’horreur spectaculaire que la cocaïne en tant que drogue illégale a suscitée dissimule le fait que le plus gros problème de la Tchéquie concerne une drogue tout à fait légale. Une drogue qui est accessible pour quelques couronnes non seulement à la Chambre des députés, mais aussi, bien qu’à un prix plus élevé, à chaque coin de rue. »
La bière tchèque toujours présente sur le marché russe
La bière tchèque n’a pas disparu des rayons russes. Cette année, même certaines nouvelles marques bien connues y ont fait leur apparition comme Staropramen ou Kozel, et Becherovka pour les spiritueux. C’est ce que révèlent les résultats d’une nouvelle inspection effectuée dans l’un des magasins de Moscou par un collaborateur du site Seznam Zprávy. « Comparé à l’année dernière, l’offre de produits tchèques s’est plus améliorée que détériorée », constate l’article :
« Les producteurs tchèques de bière déclarent qu’ils n’exportent pas délibérément vers la Russie. Ils expliquent la persistance de l’offre de leurs marques par l’écoulement d’anciens stocks ou par des réexportations en provenance de pays tiers sur lesquels ils n’auraient aucune influence et ils assurent de ne prendre aucune mesure active pour rechercher des contacts commerciaux en Russie. »
Cependant, selon Seznam Zprávy, la bière n’est pas le seul produit tchèque présent en Russie aujourd’hui, bien qu’il soit le plus visible. Les statistiques officielles suggèrent que ceux-ci entrent dans l’empire de Poutine par des voies nouvelles :
« Les exportations tchèques vers l’Est ont radicalement changé après l’entrée de l’armée russe en Ukraine. L’année dernière, celles vers la Russie variaient autour de 15 milliards de couronnes comparé à 85 milliards avant la guerre. En même temps, l’évolution des exportations vers les pays voisins ou proches de la Russie s’est améliorée de manière significative. A noter notamment celles vers la Turquie, vers le Kazakhstan, le Caucase et de nombreuses autres républiques d’Asie centrale. Il s’avère donc que ce qui a baissé en Russie a augmenté dans certains de ses pays voisins et que c’est par leur intermédiaire que les marchandises sont acheminées vers la Russie. »
Bientôt la sortie d’un biopic sur Franz Kafka
« Je ne savais pas grand-chose sur Kafka et j’ai dû me frayer un chemin vers lui. J’ai proposé d’écrire une histoire qui va intéresser tous ceux qui rencontrent Kafka pour la deuxième fois depuis l’école secondaire comme moi-même. Au regard intellectuel de la réalisatrice Agnieszka Holland s’ajoutent donc la curiosité et la naïveté d’un outsider. » C’est ainsi que le scénariste tchèque Marek Epstein a décrit pour l’hebdomadaire Respekt sa collaboration avec la célèbre cinéaste polonaise sur le biopic sur Franz Kafka intitulé, tout simplement, Franz. En attendant sa sortie prévue pour le centenaire de l’écrivain, le scénariste s’est encore confié :
« Franz ne sera jamais un film grand public classiquement gratifiant car Agnieszka Holland a des limites claires qu’elle ne franchira pas. Elle ne se laisse pas aller au chantage émotionnel, à la sentimentalité et au kitsch. En revanche, on peut penser que ce sera un film qui plaira au public. Il montrera Kafka comme un homme que nous aimons regarder et écouter. Le film nous permettra de comprendre l’époque et les circonstances dans lesquelles l’écrivain a vécu, comment il écrivait, comment il pensait. Et aussi, quels étaient ses liens familiaux et ses rituels, comment il faisait face à telle ou telle situation. »