Pour les jeunes Tchèques, l'université n'est plus un rêve
Le 17 juin 1901, la première Tchèque reçoit un diplôme universitaire. Cent ans après, on peut trouver, dans les salles de cours des facultés tchèques, le même nombre de jeunes filles que de garçons. Magdalena Segertova sur les femmes qui ont préparé le chemin aux étudiantes d'aujourd'hui.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les jeunes Tchèques n'avaient, dans la vie, qu'une seule perspective : s'occuper de leurs maris, des enfants et des casseroles. La situation a changé en 1890, avec la fondation, par la femme écrivain, Eliska Krasnohorska, du premier lycée privé pour jeunes filles dans le pays. Ensuite, les lycées tchèques pour jeunes filles ont poussé, en Autriche-Hongrie, comme des champignons. Evidement, les jeunes Tchèques, avides d'éducation, n'ont pas voulu s'arrêter au bac. C'est la faculté des lettres de l'Université Charles qui leur a ouvert ses portes comme première. En 1901, nous l'avons déjà dit, Marie Zdenka Baborova, zoologiste et géographe, reçoit le diplôme de cette faculté, celle de sciences naturelles n'existant pas encore. C'était un grand événement pour tout le monde : pour Marie, pour les Tchèques talentueuses et douées, pour toute la société... Les photos de la jeune scientifique ont submergé les journaux, Marie a même pu rencontrer l'empereur François Joseph Ier, en visite, au moment de la remise des diplômes, à Prague. Un an plus tard, la première femme médecin a quitté, le diplôme entre les mains, l'Université Charles. Anna Honzakova a ouvert son cabinet à Prague, près de la place Charles. Sur la maison, où elle a travaillé pendant 35 ans, on peut trouver aujourd'hui une plaque commémorative. Anna était aussi connue, parmi les Pragois, que la zoologiste Marie. Mais ne cachons pas le revers de cette popularité : une zoologiste, ça allait encore, mais se laisser soigner par une femme ? Non, nos ancêtres n'y étaient pas encore habitués. Les anecdotes dans les journaux de l'époque, où l'on se moque gentiment des pionnières dans la médecine, en sont la preuve...
Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale qu'un véritable afflux de jeunes Tchèques dans les écoles supérieures a eu lieu. Aujourd'hui, les facultés pédagogiques, de pharmacie, des lettres et de médecine fourmillent, partout dans le pays, de jeunes filles. Par contre le droit, la théologie, les mathématiques et la physique sont les domaines où règnent les garçons. Parmi les étudiants des écoles militaires, les demoiselles courageuses sont de moins en moins exceptionnelles. Cette année, par exemple, onze jeunes filles se sont présentées au concours d'entrée à l'Académie militaire de Brno, option pilote de combat. Leurs arrière-grand-mères du début du siècle, seraient, sans doute, étonnées...