Pour les Tchèques, le Rallye Dakar, c’est d’abord la famille Loprais et les camions Tatra

Tatra d'Aleš Loprais, photo: CTK

Pour les Tchèques, le Rallye Dakar, qui se court actuellement en Amérique du Sud, c’est d’abord deux noms indissociables : Loprais et Tatra. Loprais, c’est bien entendu d’abord le légendaire Karel. Six fois vainqueur de la course depuis sa première participation en 1986, celui qui est surnommé « Monsieur Dakar », en français dans le texte, est toutefois à la retraite depuis quelques années. C’est donc son neveu, Aleš Loprais, qui a pris le relais. Et comme son oncle, c’est au volant d’un camion Tatra qu’Aleš participe à la 35e édition du Dakar. Mais victime d’importants ennuis techniques lors de la 5e étape mercredi, le pilote tchèque a déjà fortement compromis ses chances de finir le rallye sur le podium.

Tatra d'Aleš Loprais,  photo: CTK
Comme souvent, c’est dans la catégorie camions que, cette année encore, les Tchèques sont les plus représentés. En effet, outre Aleš Loprais, pas moins de cinq autres équipages ont pris le départ de Lima, dimanche dernier, chez les poids lourds, tandis que seulement deux pilotes se sont élancés en moto. Pour le reste, aucune trace de présence tchèque parmi les autos pas plus que chez les quads, qui jusqu’en 2009 étaient pourtant la spécialité de Josef Macháček, quintuple vainqueur dans la catégorie, il est vrai moins concurrentielle, des quadricycles tout-terrain. Mais comme Karel Loprais, c’est désormais devant son écran de télévision, lors des résumés des étapes diffusés chaque soir par la chaîne sportive de la Télévision tchèque, que Josef Macháček suit la course à l’autre bout du monde. A bientôt 55 ans, le baroudeur tchèque préfère pour différentes raisons ne plus s’aventurer dans le désert de l’Atacama et la Cordillère des Andes.

Josef Kalina,  photo: Jan Říha,  ČRo
L’âge, cependant, ne constitue pas un obstacle pour tous. Ainsi, un autre Josef, répondant au patronyme de Kalina, participait cette année à son vingt-deuxième Dakar. A 63 ans, le copilote tchèque était d’ailleurs le deuxième participant le plus âgé toutes catégories confondues. « Etait » car son équipage a été contraint à l’abandon mercredi, le moteur du camion Liaz piloté par Jaroslav Valtr ayant rendu l’âme en cours d’étape. Mais au-delà de cet accident de parcours, pour les amateurs de sport automobile en République tchèque, Josef Kalina reste d’abord et avant tout le copilote de Karel Loprais. Depuis leur première participation en 1986 et avant que la tenue du rallye soit transférée de l’autre côté de l’Atlantique, Josef Kalina a longtemps été considéré comme un des meilleurs spécialistes des déserts africains. En 2005, à son retour de Dakar, où était alors encore jugée l’arrivée de la course, Josef Kalina s’était confié en français à notre micro. Il nous avait alors notamment expliqué pourquoi et comment, en 1986, un équipage tchèque et un camion Tatra avaient participé pour la première fois à ce qui était alors le Paris-Dakar :

Tatra du Rallye Paris - Dakar en 1988 | Photo: Dr. Killer,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0
« Nous avons commencé sous le système communiste. A l'époque, il était donc bien entendu question avant tout des intérêts de l'usine. Notre rôle a été de convaincre les grands responsables communistes que nous allions faire une bonne propagande de notre produit dans « l'autre monde ». Comme constructeur de camions tout-terrain, Tatra s'est montré intéressé. Nous avons commencé très modestement et puis, malgré tous les changements de directeurs, de systèmes économiques, puis politiques, nous avons toujours trouvé une solution pour participer. Depuis cinq ou six ans, nous sommes une structure entièrement privée qui appartient à la famille Loprais. Désormais, nous fonctionnons donc comme les autres équipes, c'est à dire grâce aux sponsors. »

Qu'est-ce qui fait que, aujourd'hui encore, le Rallye Dakar reste une course à part, différente de toutes les autres ?

« C'est simple : c'est une course dure, longue et puis il y a la légende… C'est aussi une course symbole de l'aventure et de quelque chose d'absolument extraordinaire. C’est ce qui explique que l’intérêt pour le rallye reste très important. Les gens qui en ont les moyens veulent jouer aux aventuriers. »

Tatra d'Aleš Loprais,  photo: CTK
Des moyens, justement, Aleš Loprais en dispose suffisamment cette année pour pouvoir lutter pour une place sur le podium et rallier l’arrivée du rallye pour la première fois depuis que celui-ci est disputé en Amérique du Sud. Mais après un grave accident en 2012 qui l’avait contraint à l’abandon, le pilote tchèque, assisté du Belge Serge Bruynkens en tant que copilote, a été victime de sérieux ennuis techniques lors de la 5e étape entre Arequipa (Pérou) et Arica (Chili) mercredi. En tête du classement général le matin au départ, Aleš Loprais et son camion Tatra ont ainsi accumulé près de deux heures de retard sur le nouveau leader, le Néerlandais Gérard de Rooy (Iveco Powerstar). Bien que remonté à la 6e place au général jeudi, Aleš Loprais restait toutefois encore relativement loin des trois premières places. Les principaux espoirs tchèques reposaient donc en cette fin de semaine d’abord sur les épaules de Martin Kolamný, 4e. Lui aussi au volant d’un Tatra, il possédait 38’31’’ de retard sur la tête de la course et près de 8’ sur la 3e place avant la 7e étape de ce vendredi.