Pourquoi Berdych n’y arrive pas

Tomáš Berdych, photo : ČTK
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On le dit souvent : le tennis tchèque se porte bien, et même très bien. Deux semaines après la finale de Petra Kvitová au Masters féminin, quelques jours après le nouveau triomphe de la République tchèque en Fed Cup, Tomáš Berdych participait la semaine dernière à Londres au sixième Masters de sa carrière. Mais comme souvent déjà les années précédentes, le Tchèque, qui finira la saison à la 6e place du classement ATP, n’est pas parvenu à sortir de son groupe, confirmant ainsi l’ampleur de ses difficultés dans ses confrontations avec les meilleurs joueurs mondiaux.

Tomáš Berdych,  photo : ČTK
Trois défaites et un seul set gagné en trois matchs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : même s’il était placé dans un groupe particulièrement compliqué en compagnie notamment de Novak Djokovic et de Roger Federer, respectivement futurs vainqueur et finaliste, Tomáš Berdych ne gardera pas un souvenir impérissable du Masters disputé à Londres la semaine dernière. Pour la cinquième fois en six participations au tournoi réunissant les huit meilleurs joueurs de la saison, le Tchèque, éliminé dès la phase de poules, n’est pas parvenu à se qualifier pour les demi-finales. Pire même : pour la première fois depuis 2010, il n’a pas remporté le moindre de ses trois matchs. Cette statistique confirme un fait qui n’est pas nouveau : quoiqu’il en dise, Berdych a du mal et s’incline régulièrement contre les tout meilleurs mondiaux. A l’issue de sa dernière défaite (3-6, 5-7) contre Djokovic jeudi, qui faisait suite à celles contre Federer et le Japonais Kei Nishikori quelques jours plus tôt, il s’est toutefois efforcé de ne pas trop revenir sur cette élimination trop vite scellée :

Tomáš Berdych,  photo : ČTK
« Je pense qu’il est préférable de ne pas trop s’attarder sur mon bilan ici. Cela ne sert à rien de se miner le moral, même si j’aurais bien entendu souhaité finir cette saison d’une autre manière. Ne pas avoir gagné un seul match est décevant, mais mieux vaut voir les choses sous un angle positif, c’est-à-dire qu’il n’y a actuellement que cinq joueurs meilleurs que moi au monde. Ce n’est déjà pas si mal. Il faut continuer dans ce que je fais, travailler pour améliorer les choses qui peuvent l’être, même s’il est encore trop tôt pour être plus précis et dire quels sont les points sur lesquels j’insisterai plus la saison prochaine. »

Tomáš Berdych à Shenzhen,  photo : La chaîne YouTube de l'ATP World Tour
Tomáš Berdych reste un joueur très régulier, avec un niveau élevé de performance très stable. Le Tchèque, qui a ajouté deux nouveaux titres à son palmarès cette saison (Shenzhen et Stockholm) et disputé trois autres finales (Doha, Rotterdam et Monte-Carlo), a achevé l’exercice 2015 avec un bilan final très honorable de 55 victoires pour 22 défaites. Ne serait-ce que sur le plan comptable, c’est donc là la deuxième saison la plus réussie de sa carrière. Il n’a fait mieux qu’en 2012 avec 61 victoires. Par ailleurs, pour la sixième fois de sa carrière, Tomáš Berdych termine une année en figurant dans la Top 10 mondial. Par deux fois cette saison, il a même figuré à la quatrième place, un classement auquel il n’était encore jamais parvenu auparavant.

Novak Djokovic,  photo : ČTK
Mais tout cela ne peut faire oublier une autre donnée qui, pour l’heure, l’empêche toujours de s’installer plus confortablement dans le Top 5 mondial et de songer de façon plus réaliste à la conquête d’un premier titre du Grand Chelem. Cette saison, Berdych n’a remporté que trois des onze matchs qu’il a disputés contre des joueurs appartenant au Top 10 et n’est jamais venu à bout ni de Djokovic, ni de Federer, pas plus que d’Andy Murray. Et s’il a dominé Rafael Nadal à Melbourne en janvier, c’est aussi très probablement parce que l’Espagnol, de retour de blessure, était encore en manque de repères.

Andy Murray,  photo: ČTK
A l’Open d’Australie justement, Berdych a réalisé son plus beau parcours en Grand Chelem cette saison. Mais en demi-finale il s’est heurté une nouvelle fois à ses limites pour être finalement dominé par un Andy Murray meilleur que lui dans les troisième et quatrième sets, soit les moments clefs du match. Ses participations à Roland Garros, à Wimbledon, où il avait atteint la finale en 2010, puis à l’US Open se sont ensuite arrêtées dès le stade des huitièmes de finale. Malgré ses échecs répétés, le Tchèque continu de faire d’une victoire finale en Grand Chelem le grand objectif de sa fin de carrière. Et il en sera de même encore en 2016, année particulière avec la tenue des Jeux olympiques à Rio de Janeiro :

« Ce sera une nouvelle saison longue et difficile. Il va falloir incorporer des semaines de tournoi supplémentaires, ce qui ne sera pas simple dans un programme déjà très chargé. Mais qu’il s’agisse du premier tour de la Coupe Davis, même si je n’y ai pas participé cette année, ou des Jeux olympiques, ce sont des compétitions auxquelles j’ai toujours attaché une grande importance. Je compte donc bien adapter mon programme de façon à pouvoir y participer, ainsi qu’à tout le reste. »

Daniel Vallverdu,  photo : Carine06,  CC BY-SA 2.0
Tomáš Berdych l’a déjà annoncé : avoir après fait l’impasse sur la compétition pour la première fois de sa carrière cette saison, il fera son retour en Coupe Davis en mars prochain pour la réception de l’Allemagne au premier tour. Une décision dont se félicite également son nouvel entraîneur depuis décembre dernier, l’Espagnol Daniel Vallverdu :

« Le programme sera un peu différent notamment en milieu de saison. Pour Tomáš, jouer pour son pays a toujours été important. C’est quelque chose dont il est fier. Nous allons donc nous efforcer de le préparer du mieux possible tant pour les Grands Chelems que pour le tournoi olympique, qui seront ses principaux objectifs. Nous espérons qu’il pourra disputer aussi le double aux Jeux. Avec Radek Štépánek, ils ont de très bonnes chances de médaille. Je les ai vus jouer ensemble récemment à Paris-Bercy et je pense qu’ils continuent de former une des meilleures paires de double au monde. Quand ils jouent ensemble, Radek et Tomáš sont très motivés. Vraiment, ce sera une saison très excitante avec ce qui sera très probablement pour Tomáš ses derniers JO à son meilleur niveau. »

Tomáš Berdych,  photo : si.robi,  CC BY-SA 2.0
Pour autant, même si le temps presse désormais de plus en plus, Tomáš Berdych, qui a fêté ses 30 ans en septembre dernier et s’est marié cet été, estime qu’il lui reste encore « au moins deux à trois belles années de tennis » devant lui.