Prague poursuit son engagement dans la reconstruction de l’Irak

Bohuslav Sobotka avec son homologue Haïder Al-Abadi, photo: ČTK

Plus de 65 millions de couronnes, soit 2,5 millions d’euros : telle est la somme que la République tchèque entend investir, cette année, dans la reconstruction de l’Irak. En visite à Bagdad le week-end dernier, le Premier ministre Bohuslav Sobotka a discuté avec les dirigeants irakiens des projets d’aide humanitaire et de développement, qui visent à encourager le retour des réfugiés en Irak, du soutien du pays dans la lutte contre le groupe Etat islamique ou encore de l’implantation des entreprises tchèques sur le marché irakien.

Bohuslav Sobotka avec son homologue Haïder Al-Abadi,  photo: ČTK
Il s'agissait de la deuxième visite d’un chef de gouvernement tchèque en Irak, une visite tenue secrète, pour des raisons de sécurité, jusqu’à l’arrivée de Bohuslav Sobotka à Bagdad. Le Premier ministre s’est rendu en Irak au moment de la reprise, par les forces gouvernementales, de la quasi-totalité de la ville de Tal Afar, l’un des derniers bastions des djihadistes. Au cours de sa rencontre avec son homologue Haïder Al-Abadi, Bohuslav Sobotka a félicité le gouvernement irakien pour cette « victoire stratégique » :

« Cette victoire est importante aussi bien pour l’Irak et le peuple irakien que pour l’Europe. Pour nous, la lutte contre Daech fait partie de la lutte contre le terrorisme et il faut bien appuyer l’Irak dans son action. »

Le chef du gouvernement tchèque a tenu à souligner qu’en tant que « membre actif » de la coalition internationale contre l’Etat islamique, Prague fournissait des armes et des équipements à l’Irak qui a de surcroît été le premier importateur de matériel militaire tchèque au cours des deux dernières années.

Bohuslav Sobotka à Bagdad,  photo: ČTK
Seolon Bohuslav Sobotka, un des principaux objectifs de cette visite était de « lever des obstacles bureaucratiques pour faciliter l’implantation des entreprises tchèques sur le marché irakien ». De nombreux contrats avaient déjà été signés par des entreprises tchèques et leurs partenaires irakiens et une collaboration est envisagée, entre autres, dans le domaine de l’industrie pétrochimique. A cela une raison bien précise : la majorité des équipements servant au traitement du pétrole qui existent aujourd’hui en Irak ont été fournis par l’ancienne Tchécoslovaquie.

La tâche apparaît toutefois quelque peu complexe pour les entreprises tchèques qui veulent réaliser leurs projets en Irak, comme l’explique l’homme d’affaires tchéco-irakien Nisan Jazairi :

Nisan Jazairi,  photo: Prokop Havel,  ČRo
« Ce qui pose problème en Irak, c’est le financement des projets. La situation s’est aggravée avec la formation de l’Etat islamique et avec la chute des prix du pétrole. L’Irak a été privé d’une partie très importante de ses revenus et il a été contraint d'annuler de nombreux projets en cours de réalisation. Cela a touché aussi notre entreprise qui n’a pas pu mener à bien ses projets dans le domaine de l’aménagement du territoire. J’ai du mal à m’imaginer comment l’Irak financera tous les projets de reconstruction. Les entreprises tchèques ont certainement une bonne renommée et un grand potentiel en Irak, que ce soit dans les domaines de l’industrie pétrochimique ou énergétique, ou encore de la sauvegarde du patrimoine. Encore faut-il trouver des moyens de financement. »

Après s’être entretenu avec son homologue Haïder Al-Abadi, le Premier ministre tchèque a rencontré le président du pays Fouad Massoum ainsi que celui du Parlement Salim al-Joubouri. Les trois hommes politiques représentent les trois principales communautés du pays, chiite, sunnite et kurde.

Avant de s’envoler pour Prague, Bohuslav Sobotka a enfin rendu visite au contingent de soldats tchèques qui opèrent à la base aérienne de Balad. Une trentaine de spécialistes sont chargés de former les pilotes irakiens au maniement des avions L-159, commandés par l’armée irakienne à la société tchèque Aero Vodochody. Par ailleurs, plusieurs policiers militaires opèrent actuellement sur place pour entraîner leurs collègues irakiens.