Premier sommet européen sur les Roms et leur situation en Tchéquie
Alors que le vice-premier ministre chrétien-démocrate, Jiří Čunek, vient de présenter son projet d’amélioration de la situation des Roms, la Commission européenne a organisé le premier sommet dans l’histoire sur la situation de ceux-ci dans les pays de l’Union européenne.
Dans les 12 millions de Roms vivent en Europe et, selon la Commission européenne, ils sont l’objet d’une constante discrimination. Le sommet qui s’est déroulé à Bruxelles le 16 septembre a réuni 400 représentants des institutions européennes et nationales, des ONG et des associations rom. La République tchèque était représentée par la ministre en charge des droits de l’homme et des minorités, Džamila Stehlíková. Les représentants d’organisations à but non lucratif étaient aussi présents ainsi que le commissaire européen aux Affaires sociales, le Tchèque Vladimír Špidla. Le but de ce sommet était de trouver les moyens pour améliorer la situation des Roms. Le président de la Commission européenne, José Barroso, a insisté sur le fait que la plus grande part de responsabilité repose sur les Etats membres de l’Union et leurs gouvernements. Ceci est confirmé par le commissaire européen, Vladimír Špidla, qui précise :
« Les problèmes des Roms ne peuvent pas être résolus d’une manière centralisée, depuis Bruxelles. C’est une question locale qui concerne les différents Etats. Il est clair, pourtant, que la Commission est concernée par certaines tâches et qu’il existe des possibilités d’amélioration dans ce domaine. »
En République tchèque, il semble que ce soit au vice-premier ministre et ministre de l’Aménagement du territoire, Jiří Čunek, qu’une solution aux problèmes des Roms tient le plus à cœur. Avant d’entrer dans la « haute politique », il s’était d’ailleurs rendu célèbre par sa manière de régler la situation des Roms dans la ville de Vsetin, en Moravie, dont il était le maire. Il avait tout simplement déplacé les Roms à problèmes dans d’autres localités. Aujourd’hui, il persévère dans cette orientation en proposant une conception que les représentants des organisations rom qualifient de campagne avant les élections sénatoriales du mois d’octobre. Cette conception repose sur la division des Roms qui vivent dans des localités exclues de la société (ils seraient 80 000 en Tchéquie) en trois catégories, selon leurs aptitudes à retrouver une vie normale, leur dépendance de l’aide de l’Etat, en mettant l’accent sur la rupture des liens traditionnels au sein des familles. Cette conception est très critiquée par les représentants des Roms. A Bruxelles, Ivan Veselý, président de l’Association Dženo, a déclaré qu’elle est inacceptable et qu’elle fait remonter de mauvais souvenirs, ceux de l’holocauste, chez les Roms. L’auteur du projet, Josef Baláž, d’origine rom lui-même, le défend en affirmant qu’il permettra d’améliorer la situation de dizaines de milliers de Roms. Jiří Paroubek, président du Parti social-démocrate, considère la division des Roms comme une nouvelle forme de ségrégation raciale. Selon la ministre en charge des droits de l’homme et des minorités, Džamila Stehlíková, le projet de Jiří Čunek n’est qu’un document de travail. D’autres ministères travaillent sur le même sujet et la conception du gouvernement devrait insister sur une approche plus individuelle du problème rom, cela déjà au niveau des communautés locales.