« Nous construisons l’Europe » : la Tchéquie s’apprête à fêter les 20 ans de son adhésion à l’UE
Le 1er mai prochain, la République tchèque célébrera le vingtième anniversaire de son adhésion à l’Union européenne. Un événement que le gouvernement entend fêter dignement dans les semaines et mois à venir.
À la différence du Nouvel an, où ils sont désormais interdits dans de nombreux endroits, en 2004, à Prague, comme à Bratislava, Budapest, Varsovie et dans les capitales des six autres pays alors invités à rejoindre l’Union européenne, des feux d’artifice étaient encore tirés pour célébrer les événements marquants. « Vive la République tchèque dans l’UE ! », proclamait alors Vladimír Špidla. Devant la foule rassemblée sur la place de la Vieille Ville dans la nuit du 1er mai, le Premier ministre tchèque de l’époque appelait ses concitoyens à envisager l’avenir avec confiance.
Quinze ans après la chute des régimes communistes en Tchécoslovaquie et dans une Europe centrale alors encore généralement désignée comme l’Europe de l’Est, l’élargissement de l’UE à dix nouveaux États membres, parmi lesquels donc la République tchèque, constituait un événement historique. Pour les peuples de tous ces pays, cette adhésion constituait le point final d’un long processus appelé « retour dans l’Europe », comme l’avait expliqué Vladimír Špidla, invité dans nos studios à l’occasion du 15e anniversaire de cette adhésion :
« C’est elle qui nous a permis de revenir au sein de l’espace culturel et politique auquel nous appartenons. Après la Deuxième Guerre mondiale, nous avons fait partie du système socialiste derrière le rideau de fer et, d’une certaine façon, nous n’appartenions plus à l’Europe que nous voulions. »
Ce « retour dans l’Europe », vingt ans après donc, c’est sans feu d’artifice que les Tchèques le célébreront cette fois. Pour autant, comme tout jeune majeur qui aime organiser une fête pour son vingtième anniversaire, le gouvernement entend lui aussi marquer le coup. Lors d’une conférence de presse organisée récemment pour présenter les grandes lignes de ces festivités, Martin Dvořák, ministre en charge des Affaires européenes, a rappelé toute l’importance pour la République tchèque de commémorer ces vingt premières années passées parmi les Vingt-Sept :
« Notre adhésion nous a permis de devenir des membres à part entière de la famille européennne et a renforcé notre stabilité, notre position dans le monde, notre ancrage dans le monde occidental ou encore notre sécurité vis-à-vis des menaces en provenance de l’Est, et notamment de la Russie. Notre appartenance à l’UE nous apporte d’autres avantages concrets comme un soutien financier pour les investissements dans les infrastructures, l’éducation, les innovations, la numérisation et le développement régional. Nous nous développons économiquement grâce à l’accès au marché intérieur commun, nous promouvons des valeurs et des intérêts communs, et nos citoyens sont libres de travailler, de voyager et d’étudier dans tous les pays de l’UE. »
Diverses manifestations se tiendront donc dans les prochaines semaines et prochains mois, à commencer par une conférence intitulée « 20 ans que nous construisons l’Europe », le 22 janvier à Prague, à laquelle participeront notamment le Premier ministre Petr Fiala, la vice-présidente de la Commission européenne Věra Jourová ou encore les quatre commissaires tchèques actuels. « Nous construisons l’Europe » (« Tvoříme Evropu ») est d’ailleurs le slogan qui a retenu par le gouvernement pour cet anniversaire ; un slogan qui est aussi le nom de domaine du nouveau site d’information en tchèque sur l’UE créé spécialement pour l’occasion, tandis que le logo, lui, se compose de huit triangles pliés en forme de bateau qui représente tout à la fois la sécurité et un moyen de faire avancer les passagers, ainsi que l’ancrage du pays dans l’espace euro-atlantique.
Preuve que le vent a tourné depuis l’élection de Petr Pavel chef de l’État, une conférence internationale se tiendra également le 30 avril au Château de Prague, organisée par le Bureau du président de la République. Le même jour, l’Orchestre philharmonique tchèque donnera, lui, un grand concert dans la prestigieuse salle du Rudolfinum.
Et même si aucune somme n’a été allouée dans le budget de l’État pour ces célébrations, le gouvernement ne souhaitant pas être accusé d’interférer dans le déroulement de la campagne qui battra son plein pour les élections européennes, le grand public n’a pas été oublié lui non plus avec divers événements en tout genre à Prague comme dans les régions. Outre l’ouverture de la ligne qui reliera Prague à Bruxelles en train de nuit à compter du 26 mars prochain, une grande fête est notamment prévue le 1er mai sur les places Venceslas et de la Vieille Ville. Comme il y a vingt ans.