Presse : 20 ans depuis le référendum sur l’entrée de la Tchéquie dans l’Union européenne

Dans cette nouvelle revue de presse, nous rappellerons que cette semaine 20 ans se sont écoulés depuis le référendum sur l’entrée de la Tchéquie dans l’Union européenne. La Tchéquie fait-elle du sur-place ou va-t-elle de l’avant ? Une question à laquelle nous tenterons de répondre avant d’évoquer les 100 premiers jours du mandat présidentiel de Petr Pavel, les contrastes économiques entre la Tchéquie et la Pologne, ou encore la bataille entre les automobilistes et les piétons.

« Que s’est-il passé le 14 juin ? Il est probable que cette question n’évoque aucun événement important chez une grande partie des Tchèques», peut-on lire dans un commentaire publié dans le quotidien Hospodářské noviny. D’après son auteur, il s’agit pourtant de l’une des plus importantes dates de notre histoire moderne. Ce jour-là en effet, il y a 20 ans, s’est tenu le premier et, à ce jour, le seul référendum de notre histoire. Ce jour-là également, plus de 77 % des électeurs ont décidé de l’entrée de la République tchèque dans l’Union européenne. L’éditorialiste du journal économique remarque :

« Il y a encore aujourd’hui beaucoup de gens qui ne tiennent pas compte de l’impact de cet événement sur nos vies. Certes, la République tchèque n’a pas d’influence significative sur certaines questions mondiales telles que la crise climatique ou la situation en matière de sécurité. Mais pourtant, nous pouvons relever divers défis individuels grâce à l’UE qui est l’instrument idéal pour faire face aux menaces mondiales. Hélas, il n’y a pas de débat assez large sur l’orientation future de l’Union, ni une définition claire de ce que nous voulons réaliser en Europe et par l’intermédiaire de l’Europe. Preuve en est que la Conférence sur l’avenir de l'Europe, l’un des principaux projets participatifs de l’actuelle Commission n’ait pas reçu suffisamment de publicité et d’attention en Tchéquie. »

« Quel est donc le message de ce vingtième anniversaire du référendum sur l’adhésion de la République tchèque à l’Union européenne ? », s’interroge  l’éditorialiste. Pour lui, la réponse est évidente :

« Si nous voulons aller de l’avant en tant que société, nous devons rétablir la confiance dans les institutions européennes et éveiller un plus grand intérêt pour les questions qui les concernent. Sinon, le clivage entre le ‘bloc démocratique’ et le ‘bloc obscur’ risque de s’approfondir. »

La Tchéquie, un pays qui fait du sur-place ou qui va de l’avant ?

L’inertie. Tel est le terme, selon l’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt, qui caractérise le mieux la situation en Tchéquie ces dix dernières années. Il explique pourquoi :

Photo: Mike PD,  Flickr,  CC BY-NC 2.0

« Nous avons perdu une décennie où aucun progrès significatif en matière de modernisation n’a été réalisé dans le pays. On ne peut pas dire que rien n’a été fait, mais la plupart des succès ont consisté à réparer ou tout au plus à améliorer des systèmes et des projets existants. Il n’y a pas eu l’ambition, par exemple, de faire de la Tchéquie une superpuissance scientifique ou de faire entrer une de ses universités dans le top 100 des établissements universitaires. Certes, on peut objecter que l’heure n’est pas aux grands projets. Mais les temps calmes ne reviendront peut-être jamais. »

Durant les quinze dernières années, la plupart des chefs de gouvernements tchèques ont déclaré vouloir bâtir une économie forte s’appuyant sur le savoir et sur des personnes qualifiées et éduquées. Pourtant, comme l’indique l’éditorialiste, la tâche prioritaire de chacun d’entre eux a surtout consisté à corriger les erreurs de leurs prédécesseurs :

« On peut être d’accord avec le Premier ministre Petr Fiala pour qui la Tchéquie doit s’efforcer de pas avoir une économie surendettée. Mais ce qui devrait également l’inquiéter, c'est le fait que depuis dix ans, le pays fasse du sur-place au lieu d’aller de l’avant. »

Les 100 premiers jours du président Petr Pavel

La suppression des barrières à l’entrée du Château de Prague et la nomination du directeur du service de contre-espionnage (BIS) Michal Koudelka au grade de général de brigade. Tels ont été, selon l’éditorialiste du quotidien Mladá fronta Dnes, les premiers signes de la volonté du président Petr Pavel de se démarquer clairement, tant au niveau symbolique qu’au niveau politique, de son prédécesseur Miloš Zeman. Dans son analyse, il a rappelé encore d’autres points importants liés aux 100 premiers jours de son mandat présidentiel :

Petr Pavel | Photo: Zuzana Jarolímková,  ČRo

« Juste après avoir prêté serment, le président Petr Pavel a dû résoudre l’un des plus grands conflits entre l’opposition et la majorité gouvernementale au sujet de la baisse de la revalorisation des pensions. C’est à ce moment-là qu’il a probablement hésité le plus, cherchant à trouver  des points de contact communs entre la coalition gouvernementale et l’opposition. A noter aussi qu’il a initié une rencontre entre le Premier ministre Petr Fiala et le chef du mouvement ANO Andrej Babiš, dans l’opposition, afin de s’assurer que les principaux acteurs adopteraient les positions les plus proches possibles sur les questions clés de politique étrangère. Une réunion qui a confirmé la conviction du président Pavel que les bonnes solutions pouvaient venir à la fois du gouvernement et de l’opposition. »

Autre promesse tenue par le président Petr Pavel: il s’est rendu dans tous les pays voisins de même qu’en Ukraine afin de confirmer son son soutien au pays agressé par la Russie. L’éditorialiste du journal rapporte également qu’au cours de ces 100 premiers jours, le président a nommé trois ministres et fait passer au Sénat trois nominations de juges constitutionnels.

Des contrastes économiques entre la Tchéquie et la Pologne

Les performances économiques de la Tchéquie semblent peu flatteuses par rapport à l’ensemble de l’UE, indique l’auteur d’un texte publié dans le quotidien Lidové noviny. Que fait-on mal ?, s’interroge-t-il avant de se pencher sur un contraste particulièrement marqué entre la Tchéquie et la Pologne :

Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.

« L’économie polonaise croît beaucoup plus rapidement que l’économie tchèque. L’inflation et le taux de chômage y sont comparables. Sa dette publique est légèrement plus élevée, mais sa dynamique de développement est bien meilleure depuis quelques années. Varsovie, a par exemple doublé sa superficie totale de logements depuis 1995. Par ailleurs, le secteur polonais du bâtiment est devenu l’un des moteurs du boom économique du pays. Selon les données de l’agence Numbeo.com, le mètre carré d’un appartement dans le centre de Varsovie est 45 % moins cher que celui dans le centre de Prague, un appartement en banlieue étant même 53 % moins cher. »

L’incompétence à tous les niveaux de l’administration publique tchèque et une orientation probablement excessive vers les investissements étrangers : telles seraient, comme l’estime l’éditorialiste de Lidové noviny, les principales causes de la stagnation économique de la Tchéquie.

Les voitures ou les piétons : à qui vont appartenir les villes ?

La bataille pour la ville a été gagnée par les piétons. Voilà le titre d’un article mis en ligne sur le site Seznam Zprávy dans lequel on peut lire :

Photo illustrative: Lenka Žižková,  Radio Prague Int.

« Réagissant à la plainte d’une habitante de la capitale, le tribunal municipal de Prague s’est opposé à l’élargissement des places de stationnement sur les trottoirs. C'est une victoire pour les piétons dans l’une des batailles les plus violentes pour l’espace public. Il s’agit de savoir si les villes seront plus accueillantes pour leurs habitants ou pour les voitures. Ce succès pourrait paraître anecdotique, mais il y a peu de choses qui suscitent des émotions aussi intenses sur les réseaux sociaux que le stationnement sur les trottoirs. Evidemment, c’est à Prague que le problème est le plus brûlant, car les automobilistes n’y trouvent plus d’endroits où se garer. »

« Il s’agit d’une lutte extrêmement importante car c’est ni plus ni moins que la qualité de la vie qui est en jeu », ajoute l’éditorialiste du site. Le pari n’est pour autant pas gagné de manière définitive, car la mairie dispose d’un délai de 60 jours pour revenir éventuellement sur cette décision.