Presse : ces Tchèques favorables à des pourparlers avec la Russie 

Les deux premiers sujets traités dans cette nouvelle revue de presse se rapportent à l’Ukraine. Il y sera question des raisons pour lesquelles une partie des Tchèques seraient favorables des négociations avec la Russie sur la fourniture du gaz et de certaines spécificités du combat pour l’appartenance européenne. Un bref point ensuite sur l’impact de la popularité de la présidente slovaque Zuzana Čaputová en Tchéquie. Le magazine s’intéressera également à la formation et au taux d’alphabétisation médiatique des Tchèques et à la littérature allemande de l’époque de la famille des Premyslides.     

Près de la moitié des Tchèques, soit 49 % selon un récent sondage effectué pour la télévision publique, favorisent l’ouverture des pourparlers avec la Russie portant sur les fournitures de gaz. Ce ne sont pas pourtant dans la plupart de cas, comme l’a expliqué le quotidien Lidové noviny, des fous ou des extrémistes, mais des gens qui s’inquiètent à cause des prix élevés des énergies. Des voix qui retentissent d’ailleurs également à l’étranger. Mais le journal avertit :

« On peut comprendre que les échos de la guerre en Ukraine et le discours peu transparent du gouvernement tchèque provoquent chez les gens une certaine lassitude. Toutefois, dès que l’on fera preuve de faiblesse, la Russie qui représente un acteur plus fort, pourra multiplier ses revendications ultérieures. Son ambition, c’est de voir s’amoindrir ou de s’arrêter le soutien accordé à Kyiv. On peut estimer que les revendications ultérieures soulevées par le Kremlin ne concerneraient pas seulement l’Ukraine mais aussi, par exemple, notre engagement à l’OTAN ou des conditions économiques. »

Or, un tel gaz ne serait pas bon marché mais il nous coûterait, selon Lidové noviny, notre indépendance et notre bien-être. Le gouvernement est donc appelé à expliquer aux gens que pour la Tchéquie, il est cent fois plus avantageux et meilleur marché de voir la Russie combattre en Ukraine que de la voir pénétrer en Europe centrale, le côté moral de notre soutien à Kyiv se présentant également comme une évidence.

Le combat pour l’esprit de l’Europe

« Jamais encore dans l’histoire, on n’a eu à combattre pour l’idée de l’appartenance à l’Union européenne. Jamais encore une nation n’a dû apporter autant de sacrifices à cause de son orientation européenne ». C’est ce qu’indique un texte qui a été publié dans une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny et dans lequel on pouvait lire :

Photo illustrative: Valery Tenevoy,  Unsplash

« En Ukraine on ne lutte pas pour un territoire, mais pour l’esprit de l’Europe. Cela dit, il y a lieu de rappeler que l’Union européenne a émergé des cendres d’une guerre européenne qui a donné libre cours à une haine et des horreurs bien plus grandes que celles dont nous sommes aujourd’hui les témoins en Ukraine. Voilà pourquoi nous sommes censés offrir à l’opposition russe dès maintenant la possibilité de participer au même miracle économique et pacifique que l’Europe occidentale a connu après la guerre. Une façon de ne pas pousser la Russie dans un coin et de l’humilier économiquement, une chose qui est arrivée à l’Allemagne après la Première Guerre mondiale. »

La Russie, comme le constate l’éditorialiste de Hospodářské noviny, demeurera pour longtemps notre voisin. « Voilà pourquoi, lorsque Poutine aura perdu, il sera préférable de se concilier avec la Russie et de l’inviter parmi les pays démocratiques, ouverts, tolérants et riches », écrit-t-il. Il faut alors voir s’imposer à Moscou l’esprit européen, « celui qui l’avait emporté après la guerre en Allemagne et en France, deux pays précédemment belligérants, tout comme il y a vingt ans en République tchèque ».

L’impact de la popularité de la présidente slovaque Čaputová en Tchéquie

L’image de la présidente slovaque Zuzana Čaputová plane au-dessus de la prochaine élection présidentielle en Tchèquie qui se tiendra en janvier 2023. C’est ce que titre un article publié dans le quotidien Deník N. Son auteur a expliqué pourquoi :

Zuzana Čaputová | Photo: Jirka Dl,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« Certes, en apparence, Zuzana Čaputová ne devrait nullement influencer l’élection tchèque. Son nom apparaît pourtant assez régulièrement dans les débats qui s’y rapportent. Ce fait montre que les attentes du public à l'égard d'chef d’Etat, après deux mandats présidentiels de Miloš Zeman, sont assez modestes. Ainsi, en la personne de Čaputová, ses admirateurs n’apprécient pas ses expériences ou ses orientations politiques. Ce sont la dignité, la raison, la présence qu’ils mettent prioritairement en relief. Bref, Čaputová représente pour eux le symbole d’une personne correcte et honnête. »

En se référant à un sondage de l’agence STEM, Deník N rapporte que durant la dernière décennie, le nombre des Tchèques qui considèrent l’institut du président prioritairement comme une fonction représentative augmente. Le style de Zuzana Čaputová est alors évidemment ce qui leur convient le plus. Le journal observe que la popularité de la présidente slovaque semble profiter également aux femmes tchèques. La preuve, comme le révèlent également les sondages, c’est que les électeurs souhaitent désormais plus de femmes sur la liste des candidats présidentiels.

La moitié des Tchèques seulement distingue les fake news

« Seule la moitié des Tchèques prétend être à même de distinguer les fake news. En Europe, il n’y a que trois pays où ce score est plus déplorable », indique un texte mis en ligne sur le site aktualne.cz qui s’est référé au projet La Tchéquie en données pour apporter à ce sujet quelques autres précisions :

Photo illustrative: Christoph Scholz,  Flickr,  CC BY-SA 2.0

« Tandis qu'en 2021, le nombre de pages de désinformation qui sont de plus en plus sophistiquées a baissé de plus d’un dixième, celui de textes mensongers ou faux a augmenté. Au total, ces pages ont publié quelque 197 000 articles. Pour la moitié des Tchèques, ce sont les chaînes de télévision qui constituent la principale source d’informations, dont en premier lieu celles publiques. De même, on voit diminuer la confiance des Tchèques envers les télévisions privées dont les taux d’audience demeurent pourtant très élevés. »

Selon les experts cités dans l’article, l'éducation médiatique dans les écoles est insuffisante. Par ailleurs, dans la majeure partie d’entre elles, celle-ci ne s’inscrit pas parmi les matières obligatoires.

La littérature allemande de l’époque des Premyslides tombée à l’oubli

La dynastie des Premyslides, qui a régné en Bohême depuis le XIIIe siècle, a laissé un héritage précieux mais négligé - une littérature écrite en allemand, rapporte une note publiée sur le site Seznam Zprávy :

Přemyslid épic Wilhelm von Wenden  (Wilhelm du pays des Slaves) traduit de l'allemand en tchèque | Photo: Argo

« Les œuvres littéraires les plus anciennes issues du milieu tchèque remontent au XIIIe siècle. Ecrites en allemand et créées à la cour des derniers seigneurs de la famille des Premyslides, elles n’ont été jusqu’ici que très peu traduites en tchèque. Les historiens la désignent alors comme une littérature oubliée. La création tchèque ancienne, quant à elle, ne s’est fait valoir que plus tard, au XIVe siècle. »

Le fait qu’après la Deuxième Guerre mondiale, l’historiographie tchèque ait mis la recherche des sources de langue allemande, et pas seulement littéraire, en arrière-plan, est le fruit du désintérêt voulu pour ce chapitre important de l’histoire littéraire du pays. Les chercheurs se sont alors prioritairement intéressés aux sources latines et tchèques anciennes. Aujourd’hui enfin, d’après ce qu’indique le site Seznam Zprávy, leur intérêt pour les œuvres épiques allemandes médiévales et leurs récits qui se déroulent souvent dans un milieu tchèque et leur volonté de les traduire en tchèque augmente.