Presse : en Tchéquie, les châtiments corporels infligés aux enfants toujours tolérés

Cette nouvelle revue de presse s’intéresse d’abord à la tolérance des Tchèques à l’égard des châtiments corporels infligés aux enfants. Deux autres sujets traités : la mission européenne de la Tchéquie vis-à-vis de la Slovaquie et la mobilisation politique des jeunes en Europe centrale. Il y sera également question d’une spécificité tchèque liée aux élections européenne. Un mot enfin sur les façades trop bariolées des maisons préfabriquées en Tchéquie.

« Dans un pays qui compte plus de chiens que d’enfants et où les châtiments corporels sur les animaux domestiques sont interdits depuis deux ans, le ministère du Travail et des Affaires sociales propose de modifier le code civil en interdisant tous les châtiments corporels infligés aux enfants. » C’est ce que signale le quotidien Hospodářské noviny qui présente quelque récentes données statistiques liées à cette innovation :

« 36 % des Tchèques considèrent les châtiments physiques comme un élément important de l’éducation, tandis qu’un quart de la population tchèque est  favorable à la réintégration des châtiments corporels à l’école. Pour 70 % des personnes, la fessée ou la gifle sont tout à fait acceptables. Par ailleurs, aucune autre langue ne semble compter autant de proverbes encourageant explicitement à frapper les enfants, dont par exemple celui qui dit ‘pliez l’arbre tant qu’il est jeune’. On remarquera que cette acceptation de la violence s’applique exclusivement aux enfants. »

D’après le journal économique, même les jeunes parents, qui ont grandi à une époque où de nombreux pays avaient adopté depuis longtemps une législation interdisant les punitions « éducatives », sont plutôt favorables aux coups ou aux gifles infligés aux enfants :

« Cela confirme une sorte de transmission d’une habitude d’une génération à l’autre. Ainsi, les enfants en Tchéquie continuent d’être la cible de châtiments physiques. On peut estimer que la modification de la loi n’y changera pas grand-chose. D’autant plus que les parents ne devraient encourir aucune sanction en cas de violation de l’interdiction proposée, à condition qu’ils ne blessent pas l’enfant. »

La Slovaquie : une mission européenne pour la Tchéquie

« En dépit d’affinités différentes, il faut accepter le fait que les Slovaques aient élu à la tête de leur pays Robert Fico, chef du mouvement Smer, car c’est aussi dans l’intérêt national tchèque ». Une observation faite au lendemain de la nomination d’un nouveau gouvernement slovaque dans un texte publié dans le quotidien Deník. Son auteur précise :

Robert Fico | Photo: Václav Šálek,  ČTK

« Il faut faire ce qu'il faut. Poursuivre les bonnes relations tchéco-slovaques et traiter Robert Fico comme nous avons traité tous les Premiers ministres slovaques précédents. Cela veut dire qu’il faut donc le traiter comme le Premier ministre du pays qui nous est le plus proche et avec lequel nous partageons non seulement un passé, mais surtout un présent et un avenir. Il s’agit de l’aider à sortir de son discours électoral et à revenir là où il a été pendant de nombreuses années en tant que Premier ministre de la Slovaquie. C’est-à-dire de revenir au courant dominant de l’UE, parmi les hommes politiques qui ont contribué au fonctionnement de l’Union européenne au lieu d’en saper les fondements. »

La Slovaquie s’apparente ainsi à une mission européenne pour la Tchéquie qui, en plus, correspond à son propre intérêt... A ce même propos, le site novinky.cz a remarqué :

« Les contacts entre la Tchéquie et la Slovaquie au plus haut niveau politique seront probablement un peu plus difficiles que précédemment. Toutefois, pas au point de mettre en péril le partenariat exceptionnel établi par l’histoire et la richesse des relations mutuelles. Mais il ne faut pas non plus s’attendre à ce qu’ils se développent de manière inspirante. »

« Ensemble » pour les élections européennes pour défier l’opposition

Le fait que trois partis de la coalition gouvernementale tchèque, l’ODS, TOP 09 et KDU-ČSL vont se présenter aux élections européennes en formant la coalition appelée Ensemble est quelque chose de spécial. L’éditorialiste du journal Lidové noviny explique pourquoi :

« Les dirigeants locaux aiment prétendre que la Tchéquie veut définir clairement et promouvoir ses intérêts en Europe. Toutefois, c’est la politique intérieure qui semble être prioritaire pour eux, ce dont témoigne la coalition envisagée des trois partis pour les élections européennes. Ces mêmes partis qui, au Parlement européen, appartiennent à deux groupes différents, le Parti populaire européen (KDU-ČSL et TOP 09) et les Conservateurs et Réformistes européens (ODS), et qui diffèrent dans leurs opinions et leur façon de voter. »

Pourquoi vont-ils alors se présenter ensemble aux élections ? Certainement pas, comme l’indique l’éditorialiste, parce qu’ils seraient tous des conservateurs libéraux convaincus et qu’ils veulent s’opposer aux socialistes ou gagner plus de sièges ensemble :

« La raison est qu’ils entendent faire preuve de leur unité face à l’opposition, en particulier au mouvement ANO de l’ancien Premier ministre Andrej Babiš. Cependant, le maintien de cette unité sera difficile, car les clivages entre les députés européens sont énormes. Or, ils devraient être modérées par les chefs de leurs partis qui, pourtant, n’ont jamais été particulièrement intéressés par la politique européenne ».

La mobilisation politique des jeunes en Europe centrale

« Quand les jeunes s’indignent », titrait un texte publié dans le quotidien Hospodářské noviny en lien avec les élections qui se sont tenues récemment dans plusieurs pays d’Europe centrale. L’éditorialiste du journal remarque :

Photo illustrative: Ondřej Tomšů,  Radio Prague Int.

« Les partis politiques sont habitués à axer leurs programmes et leurs campagnes principalement sur les personnes âgées, celles-ci constituant la base électorale la plus stable et la plus sûre. Mais les temps changent et le récent scrutin en  Pologne offre un exemple marquant de ce qui se passe lorsque les jeunes perdent patience. Ils étaient effectivement un peu moins de 69 % à se rendre cette année aux urnes et ont fait en sorte que les partis d’opposition réussissent à s’imposer, en dépit de la victoire du parti Droit et Justice. »

Mais la Pologne, comme l’observe l’éditorialiste du quotidien économique, n’est pas la seule à avoir connu une telle mobilisation des jeunes électeurs :

« En Tchéquie également, ce sont principalement les gens d’un certain âge qui décident des résultats des élections. Toutefois, les dernières élections législatives et présidentielles ont vu un engagement des jeunes plus fort que jamais et qui ont décidé de la défaite d’Andrej Babiš, chef du mouvement ANO. La voix forte des moins de 30 ans s’est également fait entendre en Slovaquie, où le parti Slovaquie Progressive est arrivé en deuxième position derrière Smer. On peut supposer que l’opposition des jeunes sera encore plus forte lors des prochains scrutins. »

Le texte met toutefois en garde devant la menace d’un conflit générationnel permanent. « Le fossé entre les personnes âgées et les jeunes est délibérément creusé par les populistes, tout comme il l’est quand il s’agit de la division des villes et de la campagne », avertit-il.

Ces bâtiments préfabriqués trop bariolés

« Il y a quinze ans, le goût des Tchèques a commencé à changer. Ainsi, nous sommes entrés dans une ère plus modérée, moins excentrique que celle des vingt années qui ont suivi la chute du communisme en 1989. Les combinaisons souvent sauvages de couleurs ont progressivement cédé la place à des teintes plus douces et plus fines. » C’est ce qu’estiment les architectes d’intérieur et les fabricants de meubles auxquels se réfère le site aktualne.cz avant de constater que sur les façades des maisons, notamment dans les lotissements préfabriqués, cette tendance tarde à se manifester :

Photo: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.

« La grande majorité des maisons préfabriquées sont loin de l’architecture austère qui leur conviendrait. Les tons synthétiques agressifs appliqués aux façades sont un fléau. C’est d’ailleurs un problème général, qui ne concerne pas seulement les bâtiments préfabriqués. Avant 1989, les lotissements arboraient un aspect terne, monotone et ennuyeux. Un symbole de l’ère tout aussi grise de la normalisation, qui étouffait toute originalité. La dernière décennie du millénaire a donc apporté l’extrême opposé. La grisaille omniprésente a été remplacée par des couleurs criardes, la médiocrité par une excentricité chaotique. »

Le site aktualne.cz rapporte que la Tchéquie compte plus de 65 000 bâtiments préfabriqués classiques où vit près d’un tiers de la population.