Presse : le tennis féminin tchèque à Roland-Garros, de la gloire au déclin ?
Cette nouvelle revue de la presse s’ouvre pour une fois par un commentaire sportif qui est consacré à la présence du tennis tchèque à Roland-Garros. La situation de l’industrie automobile tchèque est un autre sujet traité. Quelques mots ensuite sur une nouvelle création inédite de l’opéra La Fiancée vendue au Théâtre national. Et une remarque sportive également en conclusion concernant le succès du hockey sur glace tchèque au dernier Mondial.
Un commentaire sportif publié sur le site aktualne.cz signale que le tournoi de Roland-Garros de cette année représente pour le tennis tchèque le tournoi du Grand Chelem le moins réussi des cinq dernières années. Cette observation concerne notamment la participation féminine :
« On pouvait s’attendre à ce que cette édition de Roland Garros ne fasse pas partie des chapitres les plus brillants de l’histoire sportive tchèque. Or, les prévisions sombres ont été confirmées pour ne pas dire dépassées. Des blessures, des interventions chirurgicales, de longues convalescences, des problèmes de santé. La liste des récents problèmes des joueuses thèques est longue. Ainsi, par exemple, dernier espoir tchèque en lice à Paris, Karolína Muchová a été contrainte d’abandonner au troisième tour après s’être tordu la cheville. La jeune Marie Bouzková, probablement la meilleure joueuse tchèque de cette année, a également dû abandonner pour cause de coronavirus. Barbora Krejčíková, championne de l’année dernière, contaminée elle aussi, a été éliminée au premier tour. »
L’éditorialiste du site aktualne.cz suppose que l’actuel Top 10 des meilleures joueuses du tennis mondial ne comptera désormais plus aucune Tchèque. Cela dit, l’heure est selon lui à l’optimisme :
« En dépit de ces circonstances, Roland-Garros a montré que le tennis féminin tchèque avait devant lui un avenir prometteur, en raison de la nouvelle génération émergeante. Les succès de joueuses tchèques au tournoi junior ou la qualification de Linda Nosková, 17 ans, au Grand Chelem où elle a failli battre au premier tour Emma Raducanu, en sont un signe avant-coureur. On peut donc espérer que Roland-Garros 2022 ne soit qu’une mauvaise passe dans l’histoire brillante du tennis féminin tchèque ».
La rigidité idéologique gouvernementale en temps de crise
« Même en attendant une crise des crises, le gouvernement se noie dans des non-sens idéologiques ». Tel est le titre percutant d’un commentaire publié dans une récente édition du quotidien économique Hospodářské noviny. Son auteur indique :
« Les signes d’une crise économique et politique sont visibles. Tout donne pourtant à croire que le pays tend à les négliger. Le chômage croissant, la crise du logement, les énergies chères, la hausse des prix des denrées alimentaires. Tels sont les problèmes que le gouvernement aura à gérer en temps réel, contrairement à ceux liés au changement climatique ou au vieillissement de la population qu’il pourra déléguer à la prochaine équipe gouvernementale. Certes, la situation du cabinet de Petr Fiala est extrêmement difficile. Mais mis à part la politique budgétaire irresponsable du précédent cabinet d’Andrej Babiš, il en assume une part de responsabilité en prônant la rigidité en matière de politique fiscale et sociale. »
Le commentateur rapporte que les bénéfices record des banques et du secteur énergétique confirment que la situation actuelle a non seulement des perdants, mais aussi des vainqueurs :
« En Tchéquie pourtant, l’imposition de ces bénéfices exorbitants serait probablement perçue comme une démarche propre aux communistes, comme une punition des succès engrangés. Le pays favorise une politique fiscale qui insiste sur la responsabilité de l’individu. Tant que le gouvernement continuera à défendre son mantra idéologique, la Tchéquie sera confrontée non seulement aux retombées économique de la crise, mais elle aura aussi une société prête à s’attacher à toute personne ou parti lui promettant une vie meilleure. »
Le moteur de l’industrie automobile tchèque enrayé
Le journal en ligne Forum24.cz se penche pour sa part sur la situation dans l’industrie automobile, « un secteur clé pour l’économie tchèque » et qui emploie, directement ou indirectement, quelque 500 000 employés :
« Cette année, ce moteur de l’économie tchèque s’est enrayé. Durant les quatre premiers mois de cette année, la production automobile en Tchéquie a diminué d’un cinquième comparé à l’année dernière. Škoda Auto est l’usine la plus affectée. La longue crise de l’industrie automobile en Tchéquie a commencé avec la pandémie de coronavirus pour se poursuivre avec la pénurie de puces, la situation géopolitique compliquée en lien avec la guerre en Ukraine et les mesures anti-Covid à Shanghai. »
Le texte indique que les perspectives de ce secteur qui représente d’habitude un quart des exportations tchèques ne sont pas particulièrement optimistes. Le ralentissement économique, la détérioration de la situation financière des consommateurs, le passage à l’électromobilité conduisent le commentateur à conclure :
« Le gouvernement de Petr Fiala est désormais appelé à réévaluer son soutien accordé au développement de ce secteur. Il s’avère que notre dépendance est très dangereuse et nuisible. Il faudra miser sur d’autres domaines et investir dans des infrastructures plus importantes pour le pays.»
Une « Fiancée vendue » pas comme les autres
La nouvelle création de l’opéra La Fiancée vendue au Théâtre national à Prague a suscité un tollé d’émotions controversées rarement vues en rapport avec la présentation d’une œuvre lyrique sur une scène locale. Le site echo24.cz précise :
« La Fiancée vendue de Bedřich Smetana est l’opéra fétiche des Tchèques. Précédemment, le Théâtre national a présenté une vingtaine de productions différentes. La dernière en date, la 21ème, est signée de la réalisatrice de cinéma Alice Nellis qui a à son compte plusieurs films à succès et qui avait déjà mis en scène une autre œuvre lyrique, Les Enfants terribles, toujours pour le Théâtre national. Cette fois-ci, au lieu de situer l’histoire de la Fiancée vendue dans un village, comme le veut la tradition, elle a choisi un quartier urbain périphérique. En plus, elle y a introduit les figures réelles des chanteurs, danseurs et autres protagonistes de l’opéra. Ce concept inédit a divisé l’audience. Si, une partie l’a accueilli de bon gré, une autre a vivement protesté, quelques spectateurs ayant même quitté lors de la première la salle. »
La critique de théâtre du quotidien Mladá fronta Dnes a été catégorique. Pour elle, il s’agissait d’une débâcle :
« C’est bien dommage, car à l’origine il y avait certes l’idée et le courage de concevoir cette œuvre tout à fait différemment, comme une pièce ironique et satirique. Mais le résultat est confus et assez chaotique. Cette création n’est pas mauvaise parce que la musique de Smetana aurait été dépréciée, mais parce que la réalisatrice n’a pas réussi à maîtriser le concept qu’elle a elle-même choisi. »
Un nouveau souffle pour le hockey sur glace tchèque
La médaille de bronze que la sélection tchèque de hockey sur glace a remportée dimanche dernier aux Championnats du monde en Finlande, après avoir battu les Etats-Unis, a la valeur de l’or. Un constat auquel beaucoup de commentateurs sportifs et de joueurs eux-mêmes ont fait après cette victoire. L’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt explique pour quelle raison cette médaille de bronze a apporté autant de joie :
« Même une troisième place permet de croire que le hockey tchèque est à même de renaître. L’état de cette discipline sportive, l’une des plus populaires en Tchéquie, est effectivement déplorable à l’heure actuelle. Au cours des dix dernières années, la Reprezentace n’a gagné aucune médaille mondiale ou olympique, n’arrivant pas à renouer avec la célèbre tradition de ses prédécesseurs. La condition chez les jeunes hockeyeurs tchèques ne semble pas plus satisfaisante. Le clientélisme, la démotivation et le chaos sont les caractéristiques qui sont le plus souvent évoquées à ce propos. »
L’éditorialiste de Respekt estime qu’une nouvelle débâcle aux mondiaux aurait plongé le hockey tchèque dans une dépression dont il aurait du mal à se remettre. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il va désormais régulièrement surfer sur la vague du succès. « La prise d’assurance et le changement de climat ont pourtant une très grande importance dans la situation actuelle », souligne-t-il.