Presse : Pourquoi la génération Z n’ira probablement pas voter

D’après de nombreux sondages, une grande partie des jeunes risquent de s’abstenir aux élections législatives d’octobre. Cette nouvelle revue de la presse de la semaine écoulée donne quelques explications à ce sujet avant de proposer d’autres observations concernant ce grand événement politique. Elle présentera également plusieurs réactions à la mort de Jean-Paul Belmondo qui a ému le public tchèque dans son ensemble. Elle s’intéresse enfin à la tolérance des Tchèques à l’égard du harcèlement sexuel.

Génération Z | Photo d'illustration : David Stewart,  Flickr,  CC BY 2.0

Selon un texte publié sur le site aktualne.cz, « le manque de volonté des personnes nées entre 1997 et 2012 pour aller voter peut se comprendre. » Son auteur a expliqué pourquoi :

« La principale cause de l’indifférence de la génération Z à l’égard de la politique remonte à la période de la pandémie au cours de laquelle les jeunes sont demeurés en marge de l’intérêt des partis au pouvoir et de l’opposition. Et pourtant, ce sont eux que les restrictions et l’interdiction de contacts sociaux ont le plus touché. Même à l’heure actuelle, cette génération ne figure pas au cœur de l’intérêt des représentants politiques ce dont témoignent leurs programmes électoraux. Les ‘zoomers’ continuent d’être ignorés. »

Andrej Babiš | Photo : Ondřej Hájek,  ČTK

Comme le souligne le texte, les jeunes ont des idéaux dont ils font preuve notamment via leur engagement dans des activités écologiques ou civiques. Pourtant, personne ne leur demande ce qu’ils veulent et quelles sont leurs priorités. « Les slogans et les sujets proposés dans les campagnes électorales comme la numérisation de l’Etat, l’opposition à Andrej Babiš ou la protection de la démocratie n’ont que peu d’attrait pour ceux qui se sentent déjà parfaitement numérisés, qui n’aiment pas particulièrement le leader du mouvement ANO  et qui ont grandi dans un système démocratique », écrit le commentateur. Et de constater en conclusion :

Karel Schwarzenberg | Photo : Věra Luptáková,  ČRo

« Il faudrait offrir aux jeunes et notamment aux ‘zoomers’ une figure attrayante et authentique. Il n’y a même pas besoin que cela soit une jeune femme ou un jeune homme. Il suffit de se rappeler la popularité de l’ex-chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg, 84 ans, candidat présidentiel en 2013 du parti TOP09. La cote de l’ancien président tchèque Václav Havel auprès des jeunes était également très élevée. Tant que les jeunes ne voudront pas aller voter, ce ne sera pas de leur faute, mais ce sera le fruit de la dette immense que nous avons à leur égard. »

A propos des élections législatives

Campagne électorale | Photo : Ondřej Hájek,  ČTK

Dès que la campagne électorale prendra fin et les bureaux de vote auront refermé leurs portes, il faudra essayer d’ouvrir un débat sur les vrais problèmes du pays, estime le commentateur de l’hebdomadaire Respekt :

« A l’approche des élections législatives, on voit que sont volontairement évités les sujets qui risqueraient de déplaire à la majorité de la société. La simplifaction est un trait qui accompagne régulièrement les élections. Nous en sommes les témoins même dans les pays qui jouissent d’une longue tradition démocratique. Chez nous pourtant, cette crainte d’ouvrir un débat sur les vrais problèmes est plus forte que d’habitude. La sécheresse, l’environnement, les bas salaires, l’éducation, autant de problèmes réels qui devraient être débattus sérieusement et ouvertement. »

Václav Havel | Photo : Jaroslav Mrkvička,  Flickr,  CC BY-NC 2.0

Respekt rappelle dans ce contexte le rôle qu’a accompli pendant ses mandats présidentiels, l’ancien dissident et dramaturge Václav Havel, mort il y a dix ans de cela. « Il ne sous-estimait pas le public et osait le confronter à des sujets complexes et inédits », souligne-t-il, considérant qu’il serait souhaitable de renouer avec cette tradition.

Prague sera le théâtre de combats électoraux particulièrement captivants, indique pour sa part un texte publié dans le journal en ligne Forum 24.cz. Son auteur appuie ce constat sur le fait que les listes des différents partis présentent des figures connues et populaires, parmi lesquelles on peut trouver un assez grand nombre de femmes. Il a également observé  à ce propos :

Campagne électorale | Photo :  Kristýna Guryčová,  ČRo

« La campagne électorale dans la capitale tchèque manque d’un sujet phare. On voit en même temps s’y approfondir et réanimer le conflit entre la gauche et la droite. Cela dit, les chances pour la gauche semblent assez modestes, car Prague demeure traditionnellement orientée à droite. »

« Les élections législatives d’octobre vont-elles confirmer l’avertissement lancé il y a une vingtaine d’années par l’expert de la Banque mondiale Joel S. Hellman. selon lequel les pays qui se sont libérés du communisme allaient être dominés par des figures riches et arrogantes » ? Cette question a été récemment soulevée par un commentateur du site Seznam Zprávy :

Élections | Photo : Petr Dušek,  ČRo

« Cette prévision s’est accomplie depuis la Tchéquie jusqu’au Kazakhstan. Mais l’expert cité ne s’attendait pas à ce que dans nombre de pays, les gens allaient confier de leur propre gré la gestion de l’Etat à des nouveaux riches en les plébiscitant dans les urnes. Lors des prochaines élections en Tchéquie, il s’agira de prolonger ou d’arrêter cette tendance. »

Jean-Paul Belmondo : le plus grand acteur français pour les Tchèques

La mort de Jean-Paul Belmondo a également ému le public tchèque et a été largement couverte dans les médias locaux. Le quotidien Lidové noviny de ce mardi qui a publié à la Une une grande photo de l’acteur pour lui consacrer deux pages entières a écrit :

Jean-Paul Belmondo | Photo : YéTi urbain,  Flickr,  CC BY-ND 2.0 DEED

« La nouvelle du départ de Jean-Paul Belmondo a de quoi attrister tous ceux qui ont plus de 45 ans et les rendre nostalgiques des temps passés. On aimait ses films, même ceux qui ne vont pas s’inscrire dans le panthéon du 7ème art. On se laissait séduire par son charme, son envergure et ses espiègleries. En plus, il était bon acteur. Outre les films qui lui ont apporté une immense popularité, on gardera à jamais le souvenir d’un Belmondo rebelle et mystérieux dans les films A bout de souffle et Pierrot le Fou. Même en soutane dans le film Léon Morin, prêtre, il se présentait comme un de ces séducteurs qui font tourner la tête des femmes. »

« Il était probablement la plus grande star du cinéma européen de tous les temps, tant du point de vue du nombre de films tournés et de rôles titres, que de sa popularité internationale », a estimé pour sa part un commentateur du site aktualne.cz :

Jean-Paul Belmondo | Photo : mike.lab,  Flickr,  CC BY-NC-ND 2.0

« Dans l’ancienne Tchécoslovaquie, la place de Belmondo était plus exclusive encore. Pour le public qui sous le communisme, ne connaissait pas les films de James Bond, il était le plus grand des grands, la plus grande star des films d’action, le plus grand voyou qui ne jouait pas selon les règles et dont chaque geste était si léger qu’il invitait à être imité. »

Le journal Mladá fronta Dnes a constaté que dans les années 1970 et 1980, Jean-Paul Belmondo représentait pour le public tchèque une icône non seulement du film français, très populaire à l’époque chez nous, mais de l’ensemble du cinéma européen. Selon lui, « c’est le régime totalitaire qui y a, paradoxalement, contribué ».

Le harcèlement sexuel et la tolérance tchèque

« Le harcèlement sexuel dans les transports en commun est un phénomème répandu et toléré. » C’est ce dont fait part l’auteure d’une note publiée dans le journal en ligne Deník Referendum en rapport avec la publication des résultats d’une récente enquête réalisée à ce sujet. Il en ressort en effet qu’en Tchéquie, une femme sur trois a été victime d’un tel comportement. Selon la commentatrice, c’est là une révélation alarmante, mais peu étonnante. Elle explique :

Photo d'illustration : Filip Jandourek,  ČRo

« Cette donnée correspond à la manière dont la société tchèque perçoit le problème des violences et du harcèlement sexuels. Elle reflète aussi la façon dont le débat public est mené à ce sujet et l’approche assez indifférente des représentants politiques et d’experts concernés à l’égard du problème. Les hommes et les femmes tchèques se complaisent dans l’idée d’être une société tolérante qui refuse les restrictions. Or, toute tentative visant à légaliser des règles relatives à des comportements genrés est habituellement rejetée comme une revendication déplacée. »

Le texte publié dans Deník Referendum indique enfin que le harcèlement sexuel dans les transports publics n’est pas un problème uniquement « féminin » : un homme sur dix en aurait fait également l’expérience.