En Tchéquie, une femme sur trois a été victime de harcèlement sexuel dans les transports en commun

Une nouvelle étude commandée par le gouvernement tchèque a révélé l’ampleur du harcèlement sexuel dans les transports en commun du pays. Un tiers des femmes tchèques ont connu des expériences négatives, allant des regards obscènes aux tentatives de viol en passant par l’exhibitionnisme.

Environ une femme sur trois a été victime de harcèlement sexuel dans les transports en commun en République tchèque. La même expérience est rapportée par un homme sur dix ce qui donne un résultat global selon lequel un quart des passagers, quel que soit leur sexe, déclare avoir été témoin d’un tel comportement.

Photo illustrative: Free-Photos,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

Les données sont issues d’une enquête récente sur le sujet, menée par le Département gouvernemental chargé de l’égalité des sexes et à laquelle ont participé plus d’un millier de personnes âgées de plus de 15 ans.

L’enquête ne s’intéresse pas seulement à la fréquence du harcèlement mais aussi à sa nature comme l’explique le directeur du Département, Radan Šafařík :

« Nous avons interrogé les participants sur une douzaine de formes de harcèlement. Naturellement, les formes les moins graves telles que les regards obscènes ou les commentaires inappropriés à caractère sexuel sont plus fréquentes que les formes les plus graves. Cependant, un nombre assez élevé de femmes ont été confrontées à certaines formes d’exhibitionnisme ou de masturbation en public dans les transports en commun. »

Photo illustrative: Radio Prague Int.

Ce sont principalement les femmes qui subissent les harcèlements les plus graves. En plus des cas d’exhibitionnisme ou de masturbation, subis par 25% des femmes, 7% ont été victimes de tentatives de viol.

L’enquête révèle aussi la différence entre les réactions des deux sexes face à une situation de harcèlement selon Šafařík. Alors que les hommes affirment pouvoir se défendre d’une manière ou d’une autre, que ce soit verbalement ou physiquement, les femmes ont tendance à s’éloigner de la situation en changeant de siège, par exemple.

Une autre conclusion qui ressort de l’enquête est que, lorsqu’ils sont témoins de harcèlement sexuel, de nombreux passagers ne savent pas quoi faire. Certains disent intervenir sur le moment mais le pourcentage de personnes qui considèrent que la situation n’est pas assez grave pour qu’il soit nécessaire d’intervenir, ou ne savent pas comment, est assez élevé.

Cela ne concerne pas seulement les passagers. Le personnel des transports en commun aussi ne sait souvent pas comment agir ou considère qu’intervenir ne fait pas partie de son travail, explique Radan Šafařík. Un problème également identifié par les participants de l’enquête. Sensibiliser davantage les conducteurs à ce problème fait partie des mesures les plus citées et qui pourraient contribuer à accroître la sécurité et le bien-être des passagers.

Radan Šafařík | Photo: ČT24

Le directeur du Département gouvernemental chargé de l’égalité des sexes explique que les mesures suggérées tournent autour de trois domaines principaux :

« La première est d’introduire davantage de boutons d’assistance dans les véhicules. La deuxième appelle à une plus grande participation de la police, notamment la nuit, et à des contrôles plus fréquents des forces publiques. La troisième mesure cherche une plus grande sensibilisation des conducteurs et autres personnels pour qu’ils soient en mesure d’identifier plus efficacement le harcèlement et d’aider les victimes. »

Cette étude gouvernementale est la première du genre en République tchèque. Des enquêtes ont été menées par le passé sur la perception de la sécurité des femmes au sein de l’espace public ou encore sur le harcèlement sur le lieu de travail.

Photo illustrative: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.

Selon Radan Šafařík, les résultats de l’enquête confirment les conclusions d’une analyse antérieure réalisée par le ministère des Transports qui indiquait que les femmes, davantage que les hommes, se sentent moins en sécurité dans les transports en commun et évitent de les emprunter la nuit.

Suite à ces résultats, le gouvernement prépare actuellement des mesures pour lutter contre le harcèlement et pour renforcer la sécurité des passagers. Selon Radan Šafařík, environ 780 000 euros issus des Fonds norvégiens vont être utilisés à cet effet, ainsi que des subventions européennes.

Auteurs: Charlotte Amrouni , Jiří Chum
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