Presse : Salaires, demander une augmentation ? Les Tchèques entre peur et complaisance
Pourquoi les Tchèques n’ont-ils pas pour habitude de demander d’augmentation de leurs salaires ? Telle est la première question à laquelle répondra cette nouvelle revue de la presse tchèque. Au sommaire également : la récente visite du nouveau président slovaque Peter Pellegrini à Prague, les débats qui ont précédé l’adoption par les députés du vote par correspondance, des extraits de l’interview accordée par Charles de Habsbourg à l’hebdomdaire Respekt ou encore quelques-uns des aspects du bénévolat en Tchéquie.
En Tchéquie, il est rare de trouver une personne qui se dise satisfaite du niveau de sa rémunération au travail. D’un autre côté, la Tchéquie est un pays où les salariés sont très peu habitués à demander des augmentations. Tel est le constat que dresse Hospodářské noviny. Le quotidien économique se réfère à une nouvelle étude de la société PricewaterhouseCoopers selon laquelle seuls 27 % des salariés tchèques entendent franchir le pas prochainement. « Ce chiffre est le plus élevé de ces trois dernières années, mais sur les cinquante pays étudiés, seul Taïwan figure en dessous de la Tchéquie », note le journal. L’explication est double :
« Peut-être les Tchèques estiment-ils qu’ils touchent suffisamment d’argent. Et s’ils se plaignent de leurs salaires, c’est uniquement en raison de la coutume locale qui veut que l’on râle tout le temps. Il est presque de bon ton de manifester son mécontentement. La deuxième possibilité est que la plupart des Tchèques ont tout simplement peur de réclamer une augmentation. L’expérience historique profondément enracinée, transmise de génération en génération, enseigne en effet qu’il est préférable de se taire, de ne pas trop attirer l’attention. Il vaut mieux veilleur à ses certitudes que de prendre des risques. En Tchéquie, très souvent, demander davantage d’argent est encore perçu presque comme de l’impertinence, une attitude qui peut donner lieu à toutes sortes de représailles ou, même, aboutir à un licenciement. »
Le chroniqueur considère que cette crainte est probablement la conséquence de deux facteurs combinés, ce qui l’amène à comparer la situation en Tchéquie avec celle de la Pologne voisine :
« Les Polonais sont plus courageux, même d’un point de vue historique. Ils sont habitués à se battre pour eux-mêmes, à prendre des risques, à prendre des initiatives, à se défendre si quelque chose ne leur plaît pas. Voilà pourquoi, comme le révèle l’enquête, près de la moitié des employés polonais déclarent envisager de demander plus d’argent à leur employeur dans les prochains mois. Dès lors, il n’est pas étonnant que la Pologne, qui était loin derrière nous en matière de salaires, nous ait presque rattrapés. »
Des temps difficiles pour l’histoire d’amour tchéco-slovaque
Comme le veut la tradition depuis la partition de la Tchécoslovaquie, c’est à Prague que le nouveau président slovaque a effectué son premier voyage à l’étranger. Deník N rapporte que, mercredi, Peter Pellegrini a discuté avec son homologue tchèque Petr Pavel de l’état des relations tchéco-slovaques, d’une communication ouverte, d’une plus grande coopération, mais aussi des questions qui fâchent et sur lesquelles les deux pays défendent des positions opposées. Et que, lors de la conférence de presse, les deux chefs d’État se sont employés à assurer que les divergences de vues en matière de politique étrangère, notamment pour ce qui est de l’Ukraine, ne sont pas ce qui définit le lien ‘fraternel’ entre la Tchéquie et la Slovaquie. Le quotidien observe néanmoins :
« Ce n’est un secret pour personne que les positions tchèque et slovaque sur ce qui se passe à l’Est sont différentes. Le gouvernement de Petr Fiala a même suspendu les consultations intergouvernementales avec la Slovaquie en mars dernier en raison de ces divergences et le Premier ministre ne pense pas que leur reprise soit à l’ordre du jour. Apparemment, Petr Pavel et Peter Pellegrini ont veillé à ne pas envenimer la situation, histoire de faire croire qu’en dépit du désaccord sur les questions de politique étrangère, les relations bilatérales continuent de reposer sur un socle solide. Le problème est que les deux hommes ont tellement insisté sur ce point que cela paraît peu crédible. Admettons que les relations politiques entre la Tchéquie et la Slovaquie ne dépensent pas uniquement de la situation internationale. Néanmoins, il existe des divergences qu’il est compliqué de surmonter dans une relation. Et tout laisse à penser que c’est le cas de la romance tchéco-slovaque. »
Ce point sombre surgi de débats autour du vote par corresppondance
« Un petit pas vers le XXIè siècle ». C’est ainsi que l’éditorialiste du site Seznam Zprávy caratérise l’adoption par la Chambre des députés du vote par correspondance se rapportant aux citoyens tchèques qui séjournent ou qui sont établis à l’étranger :
« La coalition gouvernementale a fait de cette loi l’un des piliers de son mandat, la Tchéquie étant l’un des rares pays d’Europe à ne pas disposer de cette régle. Son adoption a été précédée de longues obstructions et de critiques de la part du camp de l’opposition. Pourtant, la version tchèque du vote par correspondance est assez modéré. Un changement révolutionnaire des règles électorales serait celui qui permettrait à tout le monde de voter par correspondance. Non seulement les électeurs à l’étranger, mais aussi ceux qui se trouvent dans leur pays et qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent ou ne veulent pas se rendre en personne aux urnes. «
S’agissant de débats houleux autour de cette loi qui doit encore être soumise au Sénat, l’éditorialiste du site en a retenu un point « particulièrement sombre » :
« C’est le mépris, tantôt dissimulé tantôt plus ou moins ouvert, manifesté par l’opposition à l’égard de ceux qui ne vivent pas ‘avec nous’, un fait censé réduire, par rapport à ‘notre peuple’, leur compétence voire même leur droit à décider des résultats des élections. Certes, le vote par correspondance est susceptible de profiter légèrement aux partis de la coalition gouvernementale actuelle et leurs électeurs pro-occidentaux ou pro-européens. D’un autre côté, jamais une modification des règles électorales n’est neutre, car elle favorise un parti et pas un autre. »
Charles de Habsbourg exclusivement pour Respekt
« Quelle est l’époque qui vous rappelle le plus l’époque actuelle ? » C’est une des questions que l’hebdomadaire Respekt a posées dans une interview exclusive à Charles de Habsbourg, l’actuel chef de la famille des Habsourg qui vient de célébrer, avec une année de recul, le 750e anniversaire de l’accès de son ancêtre Rodolphe au trône du Saint Empire romain. Voici sa réponse :
« Je pense automatiquement à 1938, donc à l’époque des accords de Munich, aux négociations des gouvernements démocratiques avec Hitler, à leur trahison de l’Europe. Chamberlain et Daladier, des hommes politiques respectés à l’époque, se sont complètement trompés sur la situation. Je crains que nous soyons en train de vivre quelque chose de semblable. Il y a de nouveau des politiciens qui prétendent qu’il faut commencer à discuter avec Vladimir Poutine et reconnaître les faits que son invasion de l’Ukraine a créés. Ce n’est rien d’autre qu’une nouvelle trahison de l’Europe, une incompréhension de l’histoire, une incapacité à en tirer les leçons. »
Le bénévolat en Tchéquie
En Tchéquie, plus de 1,6 million de personnes, soit près d’un cinquième des personnes âgées de plus de 15 ans, font du bénévolat, chaque bénévole ayant travaillé gratuitement en moyenne près de deux heures et demie par semaine. C’est ce que révèlent les résultats d’une enquête effectuée aux fins de l’Office tchèque des statistiques et au sujet desquels le journal en ligne Forum24 a précisé :
« L’enquête qui portait sur les activités gratifiantes non rémunérées a été effectuée dans l’ensemble des régions du pays. N’incluant pas l’aide en famille, les devoirs non rémunérés à l’école et au travail, ni les dons financiers, elle a montré que l’aide la plus fréquente était liée à des activités dans le cadre d’une commune, aux services sociaux, à l’environnement et aux soins aux animaux. Elle a également confirmé que les femmes sont plus enclines que les hommes à faire du bénévolat gratuitement. »
Le journal rapporte que le Ministère de l’Intérieur envisage de mettre sur pied des mesures visant à promouvoir le bénévolat jusqu’en 2030. Une façon d’encourager tous ceux qui n’ont pas encore reçu d’offre de bénévolat ou qui ne savent pas commmenr s’y prendre.