Slovaquie : « Aux électeurs de décider s’ils veulent rester dans l’Ouest ou continuer vers l’Est »
L’ancien chef de la diplomatie Ivan Korčok et le président du parlement Peter Pellegrini seront face à face lors du second tour de l’élection présidentielle en Slovaquie, le 6 avril prochain. Ils ont remporté le premier tour organisé ce samedi, avec respectivement 42,5 % et 37 % des suffrages. Neuf candidats étaient en lice.
Les relations avec la Tchéquie ont été l’un des sujets importants débattus de la campagne du premier tour, en raison des divergences de vues entre Prague et Bratislava à propos de l’aide militaire à apporter à l’Ukraine. Le même sujet divise l’électorat du candidat pro-ukrainien Ivan Korčok et celui de Petr Pellegrini, soutenu par le gouvernement de son allié, Robert Fico, qui a mis fin au soutien militaire de Kyiv et appelle aux négociations de paix avec la Russie.
Ancien ministre des Affaires étrangères et de la Culture, l’acteur slovaque Milan Kňažko a répondu aux questions de Radio Prague International.
Milan Kňažko : « J’espère bien que la démocratie va continuer en Slovaquie et que finalement les gens en Slovaquie vont décider s’ils veulent rester dans l’Ouest ou continuer vers l’Est. Parce que le Premier ministre et son ministre des Affaires étrangères affirment vouloir faire une politique étrangère souveraine, mais leur souveraineté s’exprime avec le même vocabulaire que Poutine, que le Kremlin – donc quelle souveraineté ? C’est un mensonge, clairement. »
Vous connaissez bien les relations tchéco-slovaques et travaillez très régulièrement en Tchéquie. Est-ce que la détérioration des rapports entre Prague et Bratislava vous inquiète ?
« Cette détérioration concerne les partis politiques et les gouvernements actuels, mais les relations entre la Slovaquie et la Tchéquie sont beaucoup plus larges et fortes, non seulement au niveau de la culture, de l’art mais dans toutes les dimensions. Donc ils ne peuvent pas faire grand-chose, parce que la politique… Robert Fico est un homme qui nous met dans une situation risquée à cause de sa position sur l’Ukraine. Il est seul dans ce cas, avec Viktor Orban. Ces deux-là peuvent-ils influencer l’UE ? A mon avis non – c’est pareil pour les relations avec la Tchéquie – Fico seul ne peut pas influencer cette relation. C’est une mauvaise chose que cela se passe comme ça au niveau gouvernemental, mais il faut dire que c’est seulement au niveau gouvernemental – avec des partis politiques - dont l’opposition tchèque actuelle - des deux côtés qui jouent ce jeu. Fico a été reçu par Babiš ou Zeman, mais pas par le président Petr Pavel… Il y a donc des différences. »
« On ne sait pas comment cela va se passer en Tchéquie. Je ne souhaite pas un changement là-bas comme en Slovaquie. Quand je blague avec mes amis tchèques, comme Andrej Babiš est slovaque, je leur dis que si ça ne leur suffit pas on a encore d'autres personnalités en Slovaquie qu’on peut envoyer en Tchéquie, dont certaines encore plus raffinées que Babiš ! On blague, on a des bonnes relations et il est impossible que les politiciens opèrent une grande rupture. »
Impossible, mais l’élection de Peter Pellegrini à la présidence de la République le 6 avril pourrait-elle compliquer encore un peu la relation avec Prague ?
« Evidemment, parce que Pellegrini est quelqu’un de très obéissant à Fico. Pellegrini est comme Fico, même s’il essaie d’avoir un vocabulaire un peu plus sophistiqué – mais sinon c’est tout, il fait tout ce que demande Fico. Ce serait un Fico numéro 2, mais heureusement les possibilités sont limitées par la Constitution, il ne pourrait pas faire grand-chose et de toute façon Pellergini est très prudent. »