Promenade automnale dans les monts Beskides

Mährisch-Schlesische Beskiden

Les monts Beskides, situés à l’extrême est du pays, en Moravie-Silésie, offrent une nature exceptionnelle, mais aussi des lieux remplis d’histoire et truffés de fables et récits. C’est précisément un mélange de tout cela que dévoilent l’ascension de la plus haute montagne des Beskides, Lysá hora, et une promenade dans ses environs. Nous emprunterons ce chemin pour découvrir notamment les plus impressionnantes chutes d’eau de la région, appelées Satinské vodopady, les chutes d’eau de Satina.

Ivančena
Un des sentiers qui mène au sommet de la plus haute montagne des Beskides, commence dans la commune de Malenovice, dont le nom provient des framboises, « maliny » en tchèque, qui y poussaient en abondance par le passé. L’abrupte vallée où est située la ville de Malenovice cache de nombreux trésors, comme par exemple le cairn de pierre (mohyla) Ivančena, situé entre les montagnes Malchor et Kykulka. František Šulgan, géologue du parc national des Beskides en révèle davantage sur cet endroit :

« A ces endroits se trouvait un campement de scouts ‘Chladná voda’ (’Eau tiède’ en français), où ils se retrouvaient dès les années 1930. Puis, plusieurs d’entre eux se sont joints à la résistance contre l’ennemi occupant, mais ils ont été démasqués, et exécutés en 1945. En souvenir de leur mémoire, un cairn a été édifié de façon tout à fait spontanée. Chacun allait y déposer sa propre pierre. »

Ce monument commémoratif compte à présent près de 200 mètres cubes de pierres, dont l’une, nous dit-on, proviendrait de la lune. Ainsi, au cours d’une petite balade d’environ sept kilomètres, de Malenovice jusqu’à Lysá Hora, il est possible de s’arrêter sur la colline parsemée de pins appelée Borová. Avant cela, nous croisons le carrefour Lukšinec, et c’est à cet endroit précis que František Šulgan dévoile l’origine de gigantesques cavernes qui s’y trouvent :

Beskides,  photo: Barbora Kmentová
« Ici, dans la région de Lukšinec, des dépressions de terre se sont produites à l’ère tertiaire. Et lors de ces dépressions, les montagnes se sont fendues, et alors de premières grottes se sont créées. Elles sont d’une taille gigantesque, car elles possèdent plus de 217 mètres de couloirs et vont jusqu’à 34 mètres en profondeur. Toutefois, les cavernes ne sont pas accessibles, car il y a un risque de chute de pierres. Et même pendant la période de l’hiver, les grottes sont fermées, car elles abritent une espèce rare de chauves-souris. »

La légende veut que ces cavernes se soient appelées par le passé « Ondrášovy», du nom du plus célèbre des bandits silésiens Ondráš, qui, comme Robin des Bois ou Juraj Jánošík, « prenait aux riches pour donner aux pauvres ». Son trésor devrait toujours être caché quelque part dans les montagnes. Une autre légende veut que Ondráš ait été sacré chef des bandits près d’une des falaises, où jaillit une petite source d’eau. Celle-ci se transforme quelques mètres plus tard en un ruisseau appelé Satinský, et qui donne un charme inégalable à toute la vallée. František Šulgan dévoile en quoi cette localité est vraiment exceptionnelle :

« Pendant près de mille ans, l’eau a modelé un incroyable ruisseau dans le grès et l’argile, et ce sur une distance de près de cinq kilomètres. L’eau devait traverser de grands passages surélevés, à la source de la montagne Lysá hora. Là, elle ruisselle sur les roches calcaires, et dépasse des gorges construites par l’érosion. Il s’agit vraiment d’une localité géologique et géomorphologique unique et des plus intéressantes dans les Beskides. »

Les chutes d’eau de Satina,  photo: Vojtěch Dostál,  CC BY 3.0 Unported
S’il existe près de soixante-dix cascades dans toute la République tchèque, les cascades de Satina, Satinské vodopády, sont les plus grandes chutes d’eau situées dans les monts Beskides (Beskydy). Il s’agit d’une zone naturelle protégée, dont les plus grandes cascades atteignent localement jusqu’à trois mètres de hauteur. Ces chutes d’eau de Satina (Satinské vodopády) peuvent être considérées à juste titre les plus célèbres des cascades des Beskides, mais elles se trouvent paradoxalement à un niveau d’altitude des plus bas. Les géologues considèrent la partie supérieure de la rivière de Satina comme un des exemples les plus frappants et des plus longs de rivière rocheuse, de la région morave des Carpates. Fin novembre 2006, les cascades de Satina, qui font près de 8,76 hectares, ont été déclarées monuments naturels. A propos des changements, que ces roches ont subi au fil des siècles et qu’elles continuent à subir, František Šulgan, a précisé :

« Bien évidemment, tout change. De la même façon que nous-mêmes, nous changeons, alors tout change autour de nous. Cet endroit romantique a été découvert par d’autres personnes avant nous il y a très longtemps déjà. Et par le passé, on avait déjà prévu un banc dans le projet initial de l’ébauche du sentier pour randonneurs, afin que l’on puisse venir se reposer un instant et admirer l’eau qui tombe du rocher. »

Sous la surface de l’eau il est possible d’apercevoir des reliefs plissés en forme de vagues, dessinées sur différentes couches de grès et d’argile. Parmi cette superposition, on peut également trouver des minerais de fer. Car depuis la fondation de la ville de Malenovice en 1610, ses habitants livraient un combat quotidien contre le sol pierreux, et de ce fait stérile. C’est peut-être bien à cause de cela, que des extractions de minerais de fer y avaient été réalisées pendant près de 100 ans. Entre 1799 et 1894, l’extraction des minerais a été intense : les plus longues galeries de tunnel pouvaient atteindre les 400 mètres, et descendaient jusqu’à 30 mètres en profondeur. Mais avec le temps, on s’est rendu compte que les minerais ne contenaient que 25% de fer. De ce fait, l’extraction n’a plus été considérée comme rentable et l’exploitation a pris complètement fin en 1895.

L'église Ignace de Loyola à Malenovice,  photo: Kankovaa,  CC BY-SA 3.0 Unported
Parmi les monuments historiques qu’il faut absolument venir admirer dans la commune de Malenovice, figure l’église baroque Ignace de Loyola, construite en 1673 par le comte František Eusebio, originaire de la ville silésienne Oppersdorf. Puis, il ne reste plus qu’à visiter la chapelle Marianne, ainsi qu’un campanile, relativement récent car construit en 1936 près d’une autre chapelle, appelée Kubalová. Cet éventail de possibilités de randonnées ne vous donnera alors sûrement aucune raison valable de vous ennuyer.

Le sentiment d’évasion absolue qu’offre la succession de ces massifs montagneux, ne fait aucun doute à ce que les Beskides, dont les montagnes se trouvent sur les frontières communes de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Pologne et de l’Ukraine, restent et resteront un symbole de liberté.

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