Les Tchèques en Afghanistan : des interrogations autour d’un décès suspect

Afghanistan, photo : ČTK / AP Photo / Rahmat Gul

« La mort mystérieuse de Wahidullah Khan », titrait il y a quelques jours l’hebdomadaire tchèque Respekt, en référence à un incident qui s’est produit en octobre 2018 en Afghanistan. Wahidullah Khan, un jeune soldat afghan, est en effet décédé dans des circonstances non-élucidées après avoir été accusé de l’attaque contre trois militaires tchèques, dont un été mortellement blessé. En juin dernier, les autorités de Kaboul ont envoyé à ce sujet une note diplomatique à Prague, où une enquête a également été ouverte. Rappel des faits.

Afghanistan,  photo : ČTK / AP Photo / Rahmat Gul

Tomáš Procházka,  photo : Archive de l’Armée tchèque
Pour la seule année 2018, l’Armée tchèque a perdu quatre soldats en Afghanistan, où elle opère dans le cadre de la mission de l’OTAN depuis 2002. La dernière victime était le sergent-chef spécialisé dans le dressage de chiens, Tomáš Procházka, mort dans une attaque survenue en octobre dernier sur la base aérienne de Shindand, dans la province d’Herat, à l’ouest du pays. Deux autres soldats tchèques ont été blessés dans l’attentat, lorsque leur véhicule a été la cible de tirs.

Aussitôt, les militaires tchèques et américains ont arrêté l’auteur supposé de l’attaque, Wahidullah Khan, 19 ans, membre de l’Armée afghane qui a participé à l’entraînement effectué sur la base aérienne par les soldats tchèques. L’auteur de cette attaque « inattendue et sans précédent », selon Lubomír Metnar, le ministre tchèque de la Défense de l’époque, a été soupçonné d’être lié aux terroristes. Après avoir été interrogé, pendant quelques dizaines de minutes, par les militaires tchèques, le suspect a ensuite été auditionné par les forces américaines qui l’ont finalement remis à leurs collègues afghans. Selon le journal The New York Times, qui a relayé l’affaire en novembre 2018, le soldat afghan a été roué de coups et a perdu connaissance au cours des interrogatoires. Il est décédé six heures après avoir été remis aux autorités afghanes par les Américains.

La base aérienne de Shindand,  photo : U.S. Army Corps of Engineers,  Wikimedia Commons,  Public Domain
Immédiatement après la publication de ces informations par les médias américains, le ministère de la Défense de Prague a rejeté toute accusation contre les militaires tchèques. Une enquête a toutefois été ouverte. Fin juillet, quatre personnes ont été inculpées par la police militaire tchèque pour non-dénonciation de crime.

Quelques semaines plus tôt, les autorités afghanes ont adressé une note diplomatique au gouvernement tchèque. Même si son contenu n’a pas été publié, la députée Jana Černochová (ODS), présidente de la commission parlementaire pour la Défense, a confirmé à la Radio tchèque que les autorités de Kaboul avaient demandé via cette note diplomatique au gouvernement tchèque de leur fournir des documents liée au décès du soldat Wahidullah Khan. Du côté tchèque, la réponse, élaborée par le ministère de la Défense, ne devrait pas tarder.

Rappelons enfin que 345 soldats tchèques sont actuellement engagés en Afghanistan. Le ministre des Affaires étrangères Tomáš Petříček leur a rendu visite à Kaboul ainsi que sur la base américaine de Bagram, lors de sa visite en Afghanistan la semaine dernière. Selon le chef de la diplomatie tchèque, l’incident qui s’est produit en octobre dernier sur la base Shindand n’a toutefois pas été discuté au cours de ses rencontres avec les représentants afghans.