Que reste-t-il du message des dissidents ?

Vaclav Havel
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Dans le cadre du colloque intitulé « La citoyenneté démocratique en Europe » qui a eu lieu, en début de semaine, au siège du CEFRES, à Prague, ses participants ont abordé, entre autres, le thème du message des dissidents. Quel est le poids aujourd'hui de ce message ? Antonella Cappelle, du Centre d'études et de recherches internationales, a répondu à Alena Gebertova.

Vaclav Havel
« Si l'on regarde la scène politique d'aujourd'hui, on a envie de dire qu'il n'y a aucun message des dissidents, parce que les partis ou les formations qui ont été constitués à partir des groupes de dissidents ou disparu ou sont en train de disparaître en fonction des pays. En revanche, quand on voit les problèmes que pose la construction européenne, un certain désarroi des citoyens à l'Est et à l'Ouest par rapport au sens de l'Europe, on pourrait souhaiter au moins relire des textes de Patocka ou de Havel ou des auteurs hongrois de l'époque qui avaient promu cette belle idée de vivre d'une manière authentique et de sortir du quotidien en rejetant la consommation un peu effrénée que les Est- Européens ont découvert à leur tour. Pour réfléchir sur ce que pourrait être l'Europe, il serait bon de relire certains textes de dissidents.

Pouvait-on s'attendre à ce que les dissidents soient à ce point éclipsés de la scène ?

« On pouvait effectivement s'y attendre. Si l'on analyse le point de départ, la place des dissidents dans la société de l'Europe de l'Est, de l'Europe centrale, dans les années soixante-dix quatre-vingts, on voit qu'ils étaient relativement isolés dans la société et qu'on a pu vivre un moment en 1989 dans l'illusion de cette rencontre entre les dissidents et la société. Cette illusion s'est bientôt dissipée. Les dissidents qui sont restés en politique ont finalement adopté les moeurs politiques de leurs adversaires et on peut dire qu'ils ont trahi, en quelque sorte, leur message initial.