Quel rôle pour le nouveau directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires ?
Zdeněk Hazdra a été élu mercredi dernier le nouveau directeur de l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires (ÚSTR). Quatre des six membres du Conseil de l’Institut lui ont donné leur voix au troisième tour de l’élection aux dépens de l’historienne française Muriel Blaive, laquelle a été un temps membre du conseil scientifique de l’ÚSTR. Selon Muriel Blaive, le nouveau directeur Zdeněk Hazdra devrait ouvrir des pistes innovantes de recherche et insister sur la rigueur scientifique.
L’élection au poste de directeur de Zdeněk Hazdra pourrait finalement mettre un terme à cette période d’interrogation. Sa victoire représente une certaine continuité pour l’Institut car ce jeune historien y est employé depuis sa création. Pendant une courte période, il l’a même dirigé avant de devenir l’adjoint à la directrice Pavla Foglová, qui avait succédé à Daniel Herman. L’adversaire de Zdeněk Hazdra au troisième et dernier tour, l’historienne Muriel Blaive, commente l’élection du nouveau directeur :
« C’est d’une certaine façon une forme de continuité parce que Zdeněk Hazdra était jusqu’à maintenant le vice-directeur de l’Institut et il l’a été toute cette dernière année. En même temps, je pense qu’il pourrait ouvrir de nouvelles pistes de recherche pour l’Institut vers plus d’histoire de la vie quotidienne, plus d’histoire de la vie sociale, plus de pistes de recherche qui s’intéressent à la société et non plus seulement aux appareils de répression. »
Quatre des six membres du Conseil (ils sont habituellement sept) ont voté pour Zdeněk Hazdra. Au cours de ce vote à bulletin secret, Muriel Blaive n’a elle recueilli qu’une voix. Cependant, après le second tour, la candidature de l’historienne française, chercheuse à l’Institut Ludwig Boltzmann à Vienne, a obtenu un peu plus de soutien que celle de son concurrent. Muriel Blaive détaille les points phares de sa vision concernant la gestion de l’Institut :
« Mon projet comportait deux volets essentiels. Le premier c’était de clairement distinguer la fonction de l’Institut liée à la mémoire nationale de celle liée à la recherche parce qu’il me semble qu’il est très problématique de porter une vision militante de l’histoire en pensant le faire à travers les recherches scientifiques. Je pense qu’il faut très clairement distinguer les deux. La recherche n’est pas une façon de faire de la politique mais la fonction politique de l’Institut est indéniable et donc il fallait les séparer. Ma deuxième grande idée était qu’il fallait améliorer le niveau méthodologique des recherches. »Face à ce projet et à celui de l’historien suisse Adrian Portmann, les membres du Conseil de l’Institut ont privilégié la personne de Zdeněk Hazdra. En l’absence d’une position publique commune relative à ce choix, on évoque le plus souvent l’expérience managériale préalable dont ce dernier disposerait contrairement à ses deux adversaires. Zdeněk Hazdra a lui-même confiance dans sa capacité de faire dépasser les antagonismes qui règnent à l’intérieur de l’Institut :
« On dit souvent que l’Institut est divisé et plein de conflits. Pour moi, une différence de points de vue est naturelle. Mais les visions sur la direction de l’institution doivent être exprimées sous forme de dialogue. »
Zdeněk Hazdra veut ramener un climat serein, pourtant son élection n’a pas réduit les tensions. Ainsi, la Confédération des prisonniers politiques a demandé l’annulation du résultat de la sélection car elle estime que son vainqueur était connu d’avance.