Quel scénario pour l’élargissement de l’Union européenne
L’élargissement, les frontières et le voisinage de l’Union européenne - voilà les questions qui ont été débattues lors d’une conférence internationale qui s’est tenue, vendredi, à Prague. Alena Gebertova s’est entretenue avec l’un des intervenants, M. Michel Foucher, diplomate français, ancien ambassadeur en Lettonie.
« Parce qu’il y a eu des débats dans un certain nombre de pays au moment de la présentation du projet constitutionnel pour la ratification et dans les éléments du non aux Pays-Bas et en France, ou dans les éléments du silence d’un certain nombre d‘Etats, il y avait certainement l’idée que l’élargissement était une fin en soi, que c’était un processus qui n’était pas politiquement maîtrisé. D’une façon générale je crois que s’il est facile dans l’Union européenne de se repérer dans le temps, il est beaucoup plus difficile de se repérer dans l’espace, et il n’y a pas possibilité de construire une identité politique et citoyenne à l’échelle européenne si on ne connaît pas le territoire ».
Quel scénario de l’élargissement est d’après vous le plus probable ?
« Ce qui est le plus probable, c’est la poursuite de la tendance actuelle, parce que chacun veut que son voisin entre dans le même club et cela pousse vers les Balkans, la Turquie, l’Ukraine et puis ça correspond à la tendance politique américaine, l’intérêt national des Etats-Unis, c’est la poursuite de l’élargissement de l’Union européenne. Je pense que le scénario souhaitable, c’est un scénario de pause dans l’élargissement pendant dix ou quinze ans, un scénario d’approfondissement politique de l’Union telle qu’elle existe et, enfin, une offre de l’Union européenne par rapport à tous ses voisins qui ne soit plus tout ou rien, vous adhérez ou rien, mais quelque chose qui soit adapté aux situations, au cas par cas, en fonction des intérêts, de l’Union et des pays voisins ».
Dans les opinions publiques, existe-t-il des différences entre les anciens et les nouveaux pays membres ?« Oui, certainement. La plupart des pays fondateurs sont au-dessous de la moyenne communautaire et qui est à 49%, les nouveaux membres sont naturellement beaucoup plus enthousiastes, les Tchèques 64%, les Polonais 76%, donc il y a des nuances très très importants. On pourrait dire qu’il y a 40% des Etats qui sont réservés, 60% des Etats qui sont enthousiastes et en termes d’opinion publique, ça donne 40% contre et 60% pour ».