Radegast, le sauveur

Beskides
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Les montagnes en Bohême ne battent pas de records en altitude, mais sont tout de même charmantes et valent certainement la peine d'être visitées. Les plus connues des touristes étrangers sont les monts des Géants. Mais il y a bien d'autres chaînes de montagnes tout aussi ravissantes, par exemple le massif des Beskides.

Beskides
Le massif est situé en Moravie du Nord et en partie en Silésie, formant une frontière naturelle avec la Pologne et la Slovaquie. Les Beskides sont en majeure partie un lieu de loisirs pour les habitants de la ville d'Ostrava, qui n'est distante que de 25 kilomètres, mais l'endroit est également recherché par les Tchèques habitant d'autres régions et évidemment par les touristes étrangers.

Lysa Hora
Le mont le plus élevé des Beskides est Lysa Hora (Mont Chauve - 1328 m). En hiver le mont et ses environs font le bonheur des skieurs et en été celui des randonneurs. Dans les Beskides on trouve également de belles pistes cyclables. Le deuxième mont le plus intéressant s'appelle Radhost. Tout comme Lysa Hora, ce mont, lieu de culte des anciens Slaves, est entouré de légendes. Sur le haut de Radhost se trouve une chapelle en bois datant de la fin du XIXe siècle, les statues des apôtres des Slaves Cyril et Méthode ainsi que celle du dieu païen Radegast. Il est à noter que l'une des marques de bière tchèque porte le nom de Radegast. Les longues balades creusent l'estomac et l'envie de manger un morceau vient tôt ou tard. Les spécialités de la région sont un vrai régal : des saucisses succulentes, la soupe aux choux ou les frgale - gâteaux énormes à la confiture, au fromage blanc ou aux garnitures diverses.

Radhost
Et maintenant transportons-nous au XIXe siècle pour vivre une petite histoire sur un vieux couple.

C'était au printemps. Les neiges fondaient peu à peu et les perce-neige commençaient à montrer leur petite tête charmante. Au pied de Radhost vivait dans un hameau caché par les sapins un vieux couple, Josef et Hana. Ils étaient mariés depuis une soixantaine d'années et leur amour était toujours aussi ardent que jadis. Cela était d'autant plus surprenant qu'ils n'avaient pas d'enfants.

Un beau matin ensoleillé l'homme proposa à son épouse de faire l'ascension du Radhost.

- Pourquoi pas ? Il fait si beau aujourd'hui, acquiesça-t-elle.

Ils prirent quelques provisions et se mirent en route. Au bout de deux heures ils arrivèrent au sommet et s'assirent pour admirer le magnifique panorama.

- Te rappelles-tu ? J'avais quinze ans quand tu m'as embrassée pour la première fois.

- Evidemment ! C'était justement ici même. Tu avais des cheveux très noirs et tu étais mince. D'ailleurs tu l'es toujours, sauf que tes cheveux sont blancs maintenant. Mais je t'aime tout autant, ma chère Hana.

- Les années ont vite passé. Viens Josef, il faut redescendre, la journée est déjà bien avancée.

Radegast | Photo: Barbora Němcová,  Radio Prague Int.
Le vieux couple se leva et s'engagea sur le chemin du retour. Ils étaient plus ou moins à mi-chemin lorsque le ciel se couvrit. Un vent violent se souleva et aussitôt une tempête de neige sévit. Hana et Josef n'arrivaient plus à voir la route. Ils avançaient lentement, lorsque Hana trébucha, poussa un cri et disparut dans le brouillard.

- Hana, où es-tu ? Je ne te vois plus.

- Ici, je suis tombé au fond d'un ravin.

Josef entrevit alors dans le brouillard la silhouette de Hana effectivement au fond d'un ravin incapable de bouger. Elle avait une entorse à la cheville. C'est alors que lui-même glissa et s'écroula à côté de son épouse. La chute lui brisa le tibia. La tempête ne cessait pas et les deux commençaient à avoir très froid.

- Je crois que l'on va mourir, dis Hana d'une petite voix.

- Cela en a tout à fait l'air. J'aurais voulu vivre un peu plus longtemps, mais c'est tout de même bien de pouvoir mourir ensemble et au même endroit.

Josef enveloppa Hana de ses bras encore forts et musclés et sa femme se serra contre lui, les deux s'abandonnèrent à leur destin.

Soudain ils aperçurent une silhouette qui s'avançait vers eux.

- Mon Dieu, qui est cet homme, Josef ?

- Je ne sais pas, mais il est gigantesque. On dirait un géant.

L'homme arriva à la hauteur du couple, s'arrêta, tendit les bras vers le ciel et ce fut une accalmie immédiate.

- Je suis le dieu païen Radegast et je suis venu vous sauver, parce que j'apprécie la force de votre amour, aussi fort que cette tempête que je viens d'arrêter, un amour éternel comme la pierre et tout aussi résistant. Vous vivrez encore de longues années votre bonheur.

Sur ce, Radegast les couvrit de son manteau. Hana et Josef perdirent conscience. Ils se réveillèrent dans leur maisonnette. Et le plus étonnant fut que tous les deux étaient sains et saufs. Aucune entorse, aucune fracture.

Le couple vécu encore une bonne trentaine d'années et tout comme le Christ, ils vénérèrent Radegast.