Reconstitution des évolutions du paysage tchèque à l’aide de peintures et photos anciennes
Des scientifiques de Brno, en Moravie, ont travaillé sur un projet unique : cartographier les transformations du paysage tchèque au cours du dernier siècle. Pour ce faire, ils ont collecté d’anciennes peintures de paysages afin de les comparer aux photographies actuelles des mêmes lieux.
Ces deux dernières années, les scientifiques de l’Institut de géologie de l’Académie des Sciences tchèque ont recherché des photographies et des peintures historiques des paysages.
Après avoir localisé les peintures, ils se sont rendus sur les lieux et ont pris de nouvelles photos, avec le même point de vue.
Petr Halas, de l’Institut de géologie, explique que le projet a été initié par l’un de ses collègues qui a eu l’idée alors qu’il voyageait dans la région dans le cadre de son travail.
L’équipe de l’Institut a alors contacté des galeries et musées locaux, mais aussi des municipalités et des particuliers, et leur a demandé de participer en fournissant d’anciennes photographies et peintures des paysages. On écoute Petr Halas :
« Nous avons choisi des peintures qui ont été réalisées jusqu’aux années 1960 environ. Elles permettent de montrer les changements significatifs dans le paysage. Dans les années 1950 et 1960, la collectivisation a commencé ici, marquant des changements radicaux dans l’entretien du paysage. Cette étape est importante pour nous. »
Les premières peintures que les chercheurs ont acquises pour le projet ont été celles de Josef Jambor, un artiste qui a représenté les Hauteurs tchéco-moraves des années 1930 à 1960.
Ils ont aussi utilisé des peintures de célèbres impressionnistes tchèques, comme Joža Uprka ou Oldřich Blažíček, mais aussi de nombreuses photographies en blanc et noir. Petr Halas explique :
« Nous avons longtemps cherché des photos historiques des paysages. Nous avons ainsi identifié et localisé environ 300 objets. Mais ce n’est évidemment que le début de notre travail. Nous devons ensuite comparer le lieu sur le cliché ancien avec la réalité, en prenant une photo du même endroit et en faisant des recherches sur le terrain. Dans un sens, nous entrons dans les images. Enfin, nous accompagnons les deux photos d’un petit commentaire. »
Certaines des peintures, par exemple « Dernière neige dans les marais », de Josef Jambor, datant de 1961, sont étonnamment proches de notre présent.
Mais la plupart des peintures témoignent de la transformation importante que le paysage tchèque a subie depuis ces cent dernières années :
« Les images révèlent que depuis longtemps, le paysage a été laissé à l’abandon. Il a donc souvent été impossible de prendre une photo au même endroit. La campagne a aussi été négligée. Dans plusieurs endroits, la présence de l’homme n’est plus visible. Je dirais que le résultat de notre travail est plutôt déprimant. »
Une fois le projet terminé, il devrait être accessible au grand public sur Internet. D’ici-là, les experts de l’Académie des Sciences comptent présenter les résultats de leur travail au travers de plusieurs expositions. La première d’entre elles sera inaugurée fin mai à la galerie Horácká de Nové Město na Moravě.