Nature : les scientifiques tchèques ont établi une première liste rouge des biotopes menacés

Une mouillère, photo: Alash, CC BY-SA 3.0

Plus de la moitié des biotopes, autrement dit des habitats naturels existant en République tchèque, sont menacés de disparition. Les chercheurs ont mené une étude, la première tchèque du genre, ciblée sur 157 sites dans le pays. L’objectif est de mieux protéger les biotopes les plus menacés.

La liste rouge des biotopes menacés,  source: Ecological Indicators,  vol. 106: Red List of Habitats of the Czech Republic

Depuis près de vingt ans, les chercheurs observent et étudient les 157 biotopes répertoriés sur le territoire tchèque. Pour mieux préserver ces « milieux de vie » des espèces animales et végétales souvent protégées, les scientifiques ont dressé une liste rouge des sites en danger. Directeur de l’étude, Milan Chytrý, de l’Université Masaryk de Brno, explique :

Milan Chytrý,  photo: ČT

« De manière générale, les biotopes en lien avec l’eau comptent parmi les plus menacés chez nous. Il s’agit des tourbières, des marais et des roseaux ou encore des biotopes aquatiques. Ensuite, les milieux biologiques tels que les prés et pâturages sont également en péril. En revanche, les biotopes forestiers se portent relativement bien, de même que les broussailles, rocailles, falaises et roches. »

Une mouillère,  photo: Mirek.219,  CC BY-SA 4.0

Plus de la moitié des sites étudiés accusent des pertes parfois massives en termes de surface et de qualité, et sont envahis par de nouvelles espèces végétales. Le drainage des terres humides, la disparition des pâturages, la régulation des cours d’eau, l’amendement agraire ou encore la pollution industrielle sont les principaux facteurs qui menacent ces milieux uniques et, par conséquent, leur flore et leur faune.

La plante carnivore Aldrovanda,  photo: Jan Wieneke,  CC BY-SA 3.0

Ainsi, les écologistes ont constaté la disparition des eaux stagnantes dans la région de Těšín, en Moravie-Silésie, où poussait autrefois la plante carnivore Aldrovanda, ou encore de certains sites à forte concentration en sel où l’on trouvait des plantes grasses. Que faire dès lors pour mieux entretenir et préserver ces biotopes ? On écoute Milan Chytrý :

« Il est extrêmement important d’améliorer la rétention d’eau, de recréer les méandres des rivières par exemple, pour renouveler les zones humides. En ce qui concerne les biotopes herbeux, il serait bien d’y poursuivre des activités agricoles traditionnelles, c’est-à-dire d’y faucher l’herbe ou d’y faire pâturer les troupeaux. Mais ces activités sont sans intérêt économique, elles ne sont pas rentables. Elles nécessitent des subventions en faveur de la protection de l’environnement naturel. »

Photo illustrative: Štěpánka Budková

Les critères de vulnérabilité permettant de répertorier au niveau international les milieux naturels en danger ont été définis en 2013. D’après le chercheur Milan Chytrý, la République tchèque est devenue le quatrième pays européen à avoir établi sa liste rouge, après la Suisse, la Norvège et la Finlande. L’objectif est, entre autres, d’inciter les communes à s’intéresser aux sites naturels de proximité ou qui se trouvent parfois même à l’intérieur des villes et à limiter les activités nuisibles à leur préservation.

La liste rouge des biotopes tchèques menacés devrait être mise à jour une fois tous les dix ans.

Pour plus d’infos : https://www.ochranaprirody.cz/en/

Auteurs: Magdalena Hrozínková , Till Janzer
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