Record de surpopulation carcérale en République tchèque
Au 1er juillet 2009, il y avait 22 000 détenus en République tchèque, un chiffre record depuis l’an 2000. Le taux de surpopulation des prisons atteint 115 %, alors que 7 500 condamnés sont en attente d’incarcération. La ministre de la Justice attend beaucoup de la construction de prisons privées et du projet devant permettre à certains condamnés de purger leur peine à domicile qui sera lancé à partir de 2010.
Le nombre actuel de 22 000 détenus marque une augmentation de 1 800 personnes en un an. Le problème de la surpopulation devient inquiétant dans l’ensemble des 35 prisons tchèques et moraves. Le directeur de l’Administration pénitentiaire Luděk Kula craint ses effets négatifs sur les conditions de détention, la mission de réinsertion, ainsi que sur la sécurité :
« Face à la surpopulation, le travail avec les détenus, les activités, sont pratiquement mises de côté, les surveillants se concentrent beaucoup plus sur le maintien de la sécurité que sur la préparation des détenus à leur réinsertion dans la société. »
A la TV tchèque, la ministre de la Justice, Daniela Kovářová, a démenti que le système pénitentiaire tchèque était au bord de l’implosion. « La situation est tendue, mais bien maîtrisée », a-t-elle déclarée à son retour d’un voyage d’inspection dans plusieurs prisons :« Nous sommes préparés à toutes les situations, y compris l’accueil d’une grande partie des personnes en attente d’incarcération. En cas d’augmentation des détenus en surnombre à 25 000, un scénario de crise est prévu, avec l’aménagement des espaces communs en cellules. Il y a 15 jours, une nouvelle prison construite dans le cadre du partenariat public-privé a ouvert à Rapotice près de Brno et dans deux semaines, un nouveau bloc d’une capacité de 200 personnes ouvrira à la prison de Kynšperk nad Ohří. »
La ministre attend beaucoup du projet permettant de purger sa peine à domicile qui sera lancé à partir de janvier prochain, avec l’entrée en vigueur du nouveau code civil :« Nous supposons qu’il sera destiné aux personnes condamnées pour des infractions matérielles moins graves et qui ont un emploi et donc un revenu, car le placement sous surveillance électronique, lorsque le détenu est doté d’un bracelet électronique et d’un émetteur, est relativement coûteux. Les personnes qui en bénéficieront auront l’obligation de rester à leur domicile entre 20 heures du soir et 5 heures du matin. »
Pour la surpopulation de ses prisons, la Tchéquie a été maintes fois critiquée par le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitement inhumain et dégradant, car elle constitue une atteinte au droit des détenus à la dignité et à un espace minimum de 4 m2. La Tchéquie est aussi en retard dans le développement des peines alternatives à l’incarcération et dans la création des conditions d’une réinsertion sociale durable des détenus à leur libération.