Regards croisés sur l'histoire ou « intégration européenne horizontale »
Le manuel d'histoire franco-allemand, un manuel identique publié dans les deux langues, et qui donne une vue d'ensemble sur l'histoire de 1945 à nos jours, a été présenté, lundi, à Prague. Il s'agissait - et les interlocuteurs ont bien tenu à le souligner - de sa première présentation en dehors de la France, dans un autre pays de l'Union européenne.
« Ce projet est très ambitieux. Son objectif est de faire en sorte que les élèves français et allemands apprennent à partir d'un même ouvrage l'histoire de leur pays, l'histoire de l'Europe et du monde ». C'est par ces paroles que l'ambassadeur de France en République tchèque, M. Charles Fries a introduit, devant la salle pleine de l'Institut Goethe de Prague, la présentation de ce manuel pas comme les autres. A son origine, le souhait de quelque 500 lycéens français et allemands, réunis le 22 janvier 2003 à Berlin, de « réduire les préjugés et de dépasser une histoire marquée par plusieurs guerres meurtrières entre l'Allemagne et la France ». Le professeur de philosophie Jan Sokol apprécie que le manuel ne présente pas un regard « unifié » sur l'histoire.
« Il est important que le manuel respecte les divergences de points de vue. L'intérêt est que les Français sachent ce que les Allemands pensent de certains chapitres de leur histoire et vice versa... Je me réjouis du succès de l'ouvrage qui reflète un besoin réel que ressentent les Européens. A mon sens, les possibilités de l'intégration européenne centraliste ont leurs limites. Ce qui manque, c'est une intégration horizontale, une intégration entre voisins. Je suis heureux qu'il y ait beaucoup de gens qui réalisent que ce besoin est peut-être plus important pour l'avenir de l'Europe que les « grandes » procédures qui se déroulent à Bruxelles ou à Strasbourg ».
Guillaume Lequintrec est l'auteur et co-directeur du projet.
« Pour moi personnellement, c'était quelque chose d'extraordinaire, cela m'a permis de prendre du recul par rapport à la façon dont nous enseignons en France et cela m'a fait comprendre que l'identité nationale ne se réfugie pas forcément là où l'on attend. Je voudrais dire qu' écrire cette histoire européenne n'exclut absolument pas les histoires nationales. On peut parfaitement concilier l'histoire nationale et l'histoire européenne. »
Si le premier manuel d'histoire franco-allemand offrant des « regards croisés, français et allemands » est consacré à la période récente, celle des soixante dernières années, un deuxième volet, actuellement en préparation, traitera de la période de 1848 à 1945.