Rencontre avec Agnès Varda, cinéaste et glaneuse
La Pointe courte, Cléo de cinq à sept, Le Bonheur, L'une chante, l'autre pas, Sans toit ni loi... Inutile, sans doute, de vous présenter la réalisatrice de ces films célèbres. Au début de cette semaine, Agnès Varda est venue à Prague. C'était une visite éclair, inattendue, visite qui a fait, bien sûr, extrêmement plaisir aux cinéphiles tchèques. Et aussi aux organisateurs du festival international du cinéma, Un Monde, qui s'est tenu au début d'avril à Prague. Pourquoi ont-ils invité Agnès Varda à Prague ? Parce que son documentaire, Les Glaneurs et la Glaneuse, a gagné le Grand prix de ce festival, consacré entièrement aux droits de l'homme. Agnès Varda a tourné un documentaire qui mérite sûrement d'être vu. Il vous remontera le moral, il vous caressera votre âme. Il vous donnera, à vous aussi, envie de glaner, il vous montrera que faire les poubelles, ramasser de vieux objets, peut être un plaisir, une philosophie, un style de vie. Agnès Varda, qui, dans son film, parle aussi d'elle-même, aime glaner, en voyage, des faits et gestes, des souvenirs, des images extraordinaires, des destins des gens qu'elle rencontre. Avec elle, on voyage à travers la France et on fait la connaissance de... de qui en fait ? D'un maçon d'origine russe, qui ramasse des objets jetés, surtout des poupées, et en crée des statues. D'un jeune biologiste, qui se nourrit des restes des fruits et légumes, trouvés aux marchés parisiens. Le soir, il donne gratuitement des cours de lecture et d'écriture aux émigrés, habitant dans le même foyer que lui. Des ramasseurs d'huîtres de Noirmoutier, qui attendent impatiemment la marée basse ou la tempête. De ceux qui passent, dans les champs, vergers et vignobles, après les moissonneurs et vendangeurs. D'un jeune homme qui, tout en travaillant, fait les poubelles, car la surconsommation et le gaspillage l'énervent...
Mais laissons parler Agnès Varda, une petite femme souriante et énergique, malgré ses 73 ans. Un être qui dégage la joie de vivre. Est-ce que le Grand prix du festival pragois était un joli cadeau pour elle ? Après la projection des Glaneurs et la Glaneuse, le public pragois a applaudi. Dommage qu'Agnès Varda n'ait pas pu l'entendre. Elle était déjà en route pour Paris...