Rentrée 2013 : une deuxième langue étrangère obligatoire pour les élèves

Foto: Archives de ČRo7

Pour adapter les programmes des écoles primaires tchèques aux « tendances actuelles », le ministère de l’Education a décidé d’instituer un certain nombre de changements pour la rentrée de septembre 2013. Les élèves devront ainsi apprendre une seconde langue obligatoire, au plus tard à partir de la quatrième. Ils seront également sensibilisés plus tôt aux fractions en arithmétique et à la question de la corruption. Ces changements ne sont pas sans poser certaines questions, notamment au niveau des moyens mis en œuvre pour les rendre effectifs.

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Jusqu’à présent les élèves tchèques commencent l’apprentissage d’une langue étrangère en troisième classe (ce qui correspond au CE2 en France), le plus souvent l’anglais. Ils peuvent ensuite en apprendre une deuxième, mais sur la base du volontariat et seulement si l’école est capable d’assurer cet enseignement. La rentrée 2013 va donc apporter son lot de changements puisque les écoliers devront obligatoirement choisir une seconde langue étrangère au plus tard avant la huitième classe (c’est-à-dire la quatrième dans l’Hexagone), une langue qui sera enseignée sur une base de six heures de cours par semaine.

Les directeurs d’établissement scolaire avaient exprimé leurs réserves à l’occasion d’une enquête réalisée voici trois ans. 60% des personnes interrogées s’étaient ainsi prononcées contre l’apprentissage obligatoire d’une seconde langue au motif que cela surchargerait l’emploie du temps des enfants. Surtout, il risque de se poser un problème de personnel. Le ministère n’entend pas donner de fonds supplémentaires aux écoles pour qu’elles puissent embaucher les professeurs de langue nécessaires à l’application de cette nouveauté. Porte-parole du ministère de l’Education, Marek Zeman fait remarquer que les écoles primaires incapables d’assurer ce nouvel enseignement disposeront d’une alternative :

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« Dans les écoles qui n’auront pas la possibilité de recruter de nouveaux pédagogues, les élèves disposeront d’un enseignement élargi en anglais sous forme de cours de conversation. »

Certains établissements devront mobiliser davantage de professeurs venus d’écoles de langue privée, souvent peu diplômés. D’autant plus que parmi les professeurs de langues étrangères actuellement en fonction dans les établissements scolaires, un sur cinq ne dispose pas des qualifications requises en République tchèque pour enseigner cette matière. Selon Olga Hoffmanová, qui dirige l’Inspection tchèque des écoles, c’est tout le personnel pédagogique qui devrait disposer d’une habilitation nationale en langue :

« Par comparaison, je prends le cas de la loi sur le service public qui a obligé tous les agents de l’Etat, trois ans avant l’entrée dans l’Union européenne et encore ensuite, à obtenir un diplôme d’Etat en langue. Cela n’a pas été effectif parmi les professeurs et le corps enseignant a pris relativement du retard. Il serait opportun que chaque enseignant puisse disposer de cette nouvelle corde à son arc. »

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Les mathématiques sont également concernées par les modifications de programme mis en place pour la rentrée prochaine : l’enseignement des fractions aura lieu plus tôt dans le cursus scolaire. Une mesure conçue pour remédier aux carences des élèves tchèques en la matière, mais pas forcément vue d’un bon œil par certains pédagogues, à l’image de Marie Zimona, directrice d’un établissement scolaire pragois :

« Je suis un peu perplexe vis-à-vis de cette modification car beaucoup de choses fonctionnent dans les programmes actuels. Les enfants rencontrent les fractions dès la seconde classe (CE1 en France) donc ils connaissent déjà par exemple les demis et les quarts et l’année suivante ils sont même capables de les écrire. »

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Le gouvernement envisage cependant de poursuivre ses réformes concernant les mathématiques. Autre changement plus surprenant, les nouveaux programmes prévus pour la rentrée 2013 institueront une approche de l’ « éducation financière ». Une matière s’inscrivant dans la logique des conseils prodigués par le Conseil économique du gouvernement (NERV), qui semble vouloir sensibiliser les enfants à l’argent au plus tôt, au risque de transformer les écoles primaires en écoles de commerce. Le NERV souhaite que les établissements scolaires soient plus « compétitifs » et considère que cette nouvelle matière ainsi que le droit seraient plus utiles aux élèves que l’apprentissage d’une seconde langue. A noter que d’autres modifications des programmes sont attendues pour la rentrée 2016 et que d’ici là, le ministère de l’éducation entend s’attaquer à la « bureaucratie scolaire ».