Reportage: battue, la classe biberon du Sparta a pourtant laissé une impression positive à Lyon
Les deux clubs tchèques encore en lice en coupes d’Europe de football cette saison ont fait leur entrée en matière, jeudi dernier, dans la phase de poules de la Ligue Europa. Tandis que le Viktoria Plzeň a disposé chez lui des Portugais de l’Académica de Coimbra (3-1), le Sparta Prague a, lui, été défait à Lyon (1-2) à l’occasion de cette 1ère journée. Ce match du plus titré des clubs tchèques sur les bords du Rhône, chez l’ancien septuple champion de France, Radio Prague l’a suivi sur place.
2 à 0 après 62 minutes, et avec un Sparta qui ne s’était jusque-là pas créé la moindre véritable occasion franche, l’affaire semblait donc pliée. Le souvenir de la déroute (5-0) subie huit ans plus tôt, sur les mêmes lieux, un soir de Ligue des champions, revenait même alors probablement dans certaines têtes pragoises. Mais au lieu de couler pour de bon, ces Pragois, justement, ne baissaient pas tête refusant d’abdiquer. Profitant de l’apathie d’une équipe lyonnaise visiblement déjà rassasiée par ses deux buts d’avance, Ladislav Krejčí redonnait de l’espoir à son équipe peu après sa montée au jeu. Au bout d’une séquence limpide et rondement menée, le gaucher révélation du championnat tchèque la saison dernière réduisait le score à la 77e minute en reprenant un centre d’une frappe croisée. Beaucoup plus actif dans un dernier quart d’heure où il n’avait plus rien à perdre, le Sparta était même tout près d’arracher l’égalisation en toute fin de match. Toutefois, un tel scénario n’aurait assurément pas constitué une fin logique. Car sur l’ensemble des 90 minutes, c’est bien l’OL qui méritait de s’imposer, comme le pensait lui aussi son entraîneur Rémi Garde :
« C’est une victoire méritée et logique, je pense, sur l’ensemble du match. C’est vrai que nous avons souffert sur les dix dernières minutes, parce que nous n’avons pas su nous mettre encore plus à l’abri que les deux buts d’avance dont nous disposions. Il y a eu de nombreuses occasions que nous n’avons pas concrétisées, mais sur l’ensemble du match, je pense que c’est mérité. L’entrée en matière est satisfaisante. »Avec beaucoup d’intensité et d’occasions aussi…
« Oui, j’ai beaucoup aimé mon équipe, parce que je pense qu’avec un brin de réussite et de réalisme en plus, on aurait largement été à l’abri rapidement. J’ai vu une équipe de Lyon capable de mettre de l’intensité, d’avoir la main mise sur le jeu, de répondre aussi au combat athlétique parfois limite du Sparta. C’était donc un vrai bon match de coupe d’Europe et un vrai bon match de la part de mon équipe. »
Justement l’Europa Ligue, cela reste l’Europe. On l’a vu dans l’implication de l’équipe adverse, que l’on pensait plus faible et qui a finalement répondu présent…
« Oui, on savait que cette équipe était bien organisée, qu’elle allait jouer le contre et être regroupée autour de sa surface. Je ne savais pas à quel point serait situé le débat athlétique ce soir. On a vite eu la réponse en début du match. Mais nous avons su répondre dans le jeu, par le jeu. C’est surtout la satisfaction ce soir. »
Tout en reconnaissant à l’unanimité la qualité du jeu et des individualités lyonnaises, le sentiment de satisfaction n’était bien entendu pas le même dans le camp tchèque au coup de sifflet final. Au vu de la physionomie des vingt dernières minutes de la rencontre, le Sparta a repris la route de Prague avec quelques regrets, à l’image de son attaquant camerounais Leonard Kweuke :« Je pense que nous nous sommes plutôt bien battus. Nous étions face à une équipe habituée aux compétitions européennes. Dans la dernière demi-heure de jeu, on a vu que nous étions capables de faire quelque chose de mieux, chose qui n’est pas arrivée et nous avons perdu le match. On va continuer à travailler pour aller chercher une première victoire. »
On a l’impression que vous n’avez pas su comment vous organiser pour répondre aux attaques, à la pression exercée par Lyon en début de deuxième mi-temps ?
« Oui, on a manqué de concentration, ce qui n’est pas bien dans une compétition européenne et nous a conduit à prendre deux buts en quelques minutes. »
Le principal regret que peuvent formuler les Pragois est toutefois celui d’avoir réagi et commencé à jouer trop tard, lorsqu’ils étaient déjà menés de deux buts. Avant cela, le onze mis en place par l’entraîneur Vítězslav Lavička s’était essentiellement contenté de rester bien en place défensivement en essayant, vainement, de placer quelques contre-attaques. Notamment en première mi-temps, cette organisation du Sparta, bien aidé il est vrai par la maladresse et le manque de réussite de Bafétimbi Gomis, a posé un certain nombre de problèmes à son adversaire. Du coup, à la sortie des douches, les Lyonnais ne faisaient pas la fine bouche sur cette victoire acquise dans la douleur et peut-être plus difficilement que prévu, comme l’admettait l’attaquant Alexandre Lacazette :« Oui, le principal, c’est la victoire. C’est la première à domicile et on veut tout gagner dans cette phase de poules. C’est donc bien d’avoir pris les trois points. »
L’atmosphère ce soir n’était pas celle de la Ligue des champions, mais c’était quand même bien une atmosphère européenne…
« Effectivement, nous avons tout le public derrière nous. Nous les avons bien sentis pendant toute la partie. C’était un douzième homme qui nous a bien aidés, et nous espérons que ce sera pareil pour la suite de la saison. »
Même si le stade Gerland n’affichait pas complet, le public lyonnais, avec près de 30 000 spectateurs, avait répondu présent pour le départ de cette nouvelle aventure en Ligue Europa, une compétition que le club du président Aulas, après de nombreuses participations à la bien plus prestigieuse Ligue des champions, affirme ne pas vouloir prendre par-dessus la jambe, reproche souvent adressé aux autres équipes françaises ces dernières saisons.Mais avant de trouver la faille en seconde période, conséquence logique et méritée d’une entame pied au plancher, les joueurs rhodaniens ont buté pendant une heure sur une défense du Sparta bien regroupée dans son camp. Alexandre Lacazette explique pourquoi lui et ses partenaires ont eu tant de peine à mettre le bloc tchèque hors de position en première mi-temps :
« Parce qu’ils étaient très costauds, ce à quoi nous ne sommes pas habitués en Ligue 1. Ils ont bien défendu aussi. Mais on savait que nous aurions l’occasion, à un moment ou un autre, de marquer des buts. »
Comment avez-vous abordé ce match ? On vous a sentis très prudents en première mi-temps.
« Prudents, oui, parce qu’on ne connaissait pas bien l’équipe du Sparta. Mais on connaît nos qualités et on sait de quoi nous sommes capables. Et ce soir on a joué sur ces qualités. »
C’était important de bien démarrer dans cette compétition…
« Oui, c’est toujours bien de commencer par une victoire. Pour nous, ce sont trois bons points, surtout à domicile où nous voulons faire carton plein. »
L’homme du match, en bien comme en moins bien, a donc été Bafétimbi Gomis. Longtemps malheureux devant le but du Sparta, l’avant-centre lyonnais a néanmoins été récompensé de sa persévérance, et son but libérateur a ouvert la voie du succès à son équipe. Et si son entraîneur s’est plaint, un peu curieusement, de l’engagement physique « parfois limite » selon lui des joueurs du Sparta, qui n’ont pourtant récolté qu’un seul carton jaune contre trois pour les Lyonnais, ce n’était pas le cas de Gomis, qui, au micro de Radio Prague, a d’abord voulu saluer la performance des jeunes Pragois, dont pas moins de sept des onze joueurs alignés au coup d’envoi avaient moins de vingt-trois ans :« C’est vrai que c’est une équipe un peu agressive, mais dans le bon sens du terme. Je ne pense pas que ce soit méchant. Simplement, c’est la coupe d’Europe qui veut ça et ils ne voulaient pas se laisser faire. Mais c’est aussi une belle équipe de ballon qui a bien joué et qui a provoqué. J’ai bien aimé leur système de jeu : ils ont toujours cherché à relancer. C’est donc une équipe agressive, mais qui a aussi d’autres qualités. »
Vous avez su faire la différence dès l’entame de la deuxième mi-temps avec ces deux buts. Quelles étaient les consignes à la mi-temps pour faire bouger cette équipe tchèque bien en place ?
« D’être patient, parce que nous avons eu, par mon intermédiaire, plusieurs occasions en première mi-temps que nous n’avons pas su concrétiser pour inscrire ce but qui nous aurait libérés. Mais la patience a fini par payer à l’heure de jeu. Et c’est d’abord ce qu’il faut retenir. »
Par contre, vous avez un peu souffert après la réduction du score. Que vous a-t-il manqué pour mieux maîtriser la fin de match ?
« On les a attendus. On voulait les laisser sortir pour les contrer. Effectivement, ils ont réduit le score, mais on a quand même su garder cet avantage suffisant pour l’emporter. »
Par rapport à ce que vous en saviez avant le début du match, le Sparta vous a-t-il surpris ?
«Non, non… On a vu que c’était une belle équipe, qui avait éliminé le Feyenoord Rotterdam au tour précédent et qui a de belles individualités. J’ai bien aimé l’attaquant Kweuke qui est un bon point de fixation. Le numéro 14 aussi (ndlr : Václav Kadlec), qui, je pense, est un grand espoir tchèque. En plus, ils ont pas mal de jeunes dans cette équipe, qui ont du ballon. Je suis content de voir le football tchèque pour avoir joué avec Marek Heinz et avoir été entraîné par Ivan Hašek, deux Tchèques avec lesquels j’ai eu une belle relation (ndlr: à Saint-Étienne). Je suis content que le football tchèque montre qu’il est bon et qu’il a de l’avenir. »Après sa défaite initiale à Lyon, le Sparta poursuivra son parcours en Ligue Europa le 4 octobre avec une affiche de gala, puisque les Pragois accueilleront l’Athletic Bilbao, finaliste de la dernière édition. Cette deuxième journée de la phase de poules sera d’ailleurs particulièrement intéressante pour les clubs tchèques, puisque le Viktoria Plzeň se rendra, lui, à Madrid pour y affronter l’Atlético, vainqueur précisément de la Ligue Europa la saison dernière, aux dépens donc des Basques de Bilbao, et plus récemment de la Supercoupe d’Europe.