Richard von Weiszäcker et Václav Havel – fondateurs d’une nouvelle confiance

Richard von Weiszäcker, photo: A.Savin, CC BY-SA 3.0 Unported

Les attaches entre Richard von Weiszäcker et Václav Havel sont le sujet d’un des textes qui ont été publiés dans la presse tchèque au lendemain du décès de l’ex-président allemand. Nous vous en présenterons les grandes lignes. Un an s’est écoulé depuis la nomination du gouvernement de coalition dirigé par Bohuslav Sobotka. L’occasion pour les éditorialistes de dresser de brefs bilans. Nous vous en citerons un exemple. A lire aussi, une des nombreuses réactions à l’exécution du pilote jordanien prisonnier de l’Etat islamique. Et puis deux sujets de société traités dans la presse tchèque de la semaine écoulée – l’obésité alarmante des Tchèques et le manque de place pour les petits Tchèques dans les écoles primaires – ont également retenu notre attention.

Richard von Weiszäcker,  photo: A.Savin,  CC BY-SA 3.0 Unported
« Il était trop humain pour devenir une icône » : tel est le titre d’un texte qui a été publié dans le quotidien Lidové noviny suite au décès de Richard von Weizsäcker. A côté d’une grande photo montrant l’ancien président allemand en compagnie de son homologue tchèque de l’époque, Václav Havel, l’auteur retient notamment les importants moments qui ont alors marqué les relations tchéco-allemandes. Pour Tomáš Kafka, diplomate et publiciste, Richard von Weiszäcker était une personnalité qui privilégiait la confiance mutuelle, la créativité et la recherche d’exemples positifs, autant de moyens, selon lui, qui permettaient de trouver des solutions aux problèmes de ce monde. Des traits de caractère qui rapprochaient Richard von Weizsäcker de Václav Havel. Nous citons :

« Une telle affirmation peut sembler quelque peu superficielle. Il n’en est cependant pas moins vrai que les deux hommes d’Etat entretenaient de l’amitié l’un pour l’autre. Tous deux avaient également des rapports compliqués avec leurs Premiers ministres, respectivement Helmut Kohl et Václav Klaus... »

Tomáš Kafka rappelle les lourds préjugés historiques qui persistaient dans les deux pays au début des années 1990 pour souligner que les efforts entrepris par von Weiszäcker et Havel pour édifier des relations mutuelles basées sur une nouvelle confiance ont néanmoins abouti. Tomáš Kafka ajoute :

« Ce qui a commencé avec le voyage de Václav Havel en Allemagne, son premier voyage officiel à l’étranger, et ce qui s’est poursuivi avec celui de von Weiszäcker à Prague, a trouvé son point culminant avec l’adoption de la Déclaration tchéco-allemande en 1997. Ce document peut être considéré à juste titre comme leur œuvre commune, et ce bien que von Weiszäcker ne fût plus président à l’époque et que, pour la partie tchèque, il ait été signé par Václav Klaus. C’est bien ce duo présidentiel créatif qui a insufflé son esprit à la déclaration ; un esprit qui s’inscrit davantage dans la confiance mutuelle que dans l’accentuation d’une vérité partielle ».

Un an depuis la nomination du gouvernement de coalition de Bohuslav Sobotka

Bohuslav Sobotka,  photo: ČTK
Cette semaine, le quotidien Mladá fronta Dnes a dressé un bilan de la première année au pouvoir du cabinet de centre-gauche dirigé par Bohuslav Sobotka. Son auteur, Josef Kopecký, estime d’abord que le Premier ministre peut être satisfait. Non seulement le leader de la social-démocratie a renforcé sa position au sein de son parti, mais il a également réussi à faire adopter par la Chambre basse une grande majorité des projets du gouvernement. Josef Kopecký précise sa pensée :

« Il est vrai que le gouvernement a évité jusqu’à présent les mesures impopulaires, et ce bien que, habituellement, ces mesures soient prises peu après la tenue des élections. C’est pourquoi il n’est pas étonnant que, durant l’année écoulée, plus de 40% des électeurs lui aient exprimé leur confiance, une cote de popularité qui pourrait faire pâlir de jalousie la précédente coalition de droite de Petr Nečas. »

L’auteur de l’article souligne également que, durant cette première année, seul le ministre des Transports a été contraint de démissionner. Par ailleurs, l’ampleur des conflits au sein de l’actuelle coalition gouvernementale est nettement moindre que celle de ceux qui ont marqué le gouvernement précédent. Ceci dit, Josef Kopecký s’empresse également de préciser que le bilan d’ensemble n’est pas idyllique pour autant :

« Ce que l’on peut certainement reprocher à l’actuel gouvernement, c’est d’avoir annulé la réforme des retraites entreprise par le précédent cabinet en oubliant de dire par quoi la remplacer. Cela est d’autant plus regrettable que le problème du vieillissement de la population ne s’est pas estompé. Par ailleurs, dans le dossier des dépenses sociales, on peut s’attendre cette année à ce que le gouvernement soit aussi généreux que l’année dernière. Or, comme on le sait, faire des économies est une chose utile. »

Pour que les démons du sadisme ne se réveillent pas ailleurs

Photo: ČTK
Toujours dans Mladá fronta Dnes, l’exécution très médiatisée du pilote jordanien Muath al-kassasbeh a incité Teodor Marjanovič à réagir en ces termes dans l’édition de jeudi du journal :

« Déjà lors des exécutions précédentes, il avait été difficile de trouver les mots justes pour commenter les scènes atroces filmées par les assassins de l’Etat islamique. Sadique, répugnant, barbare. Mais que dire maintenant après la mise en ligne des images du pilote jordanien brûlé vif ? Comment décrire l’effroi qui a envahi la pensée de tous ceux qui ont vu la vidéo en question ou les photos du jeune homme épouvanté dans sa cage ? »

L’éditorialiste considère qu’il serait cependant simpliste de prétendre que ce Mal soit propre essentiellement au Proche-Orient et à une culture politique violente des habitants de la région ou qu’il soit le fruit de leurs frustrations. Selon lui, ces cruautés « ingénieusement diaboliques » se seraient déjà produites ailleurs, dans les Balkans, au Cambodge, en Chine. De ce point de vue, le Proche-Orient ne constitue donc pas une exception. Teodor Marjanovič continue :

« Demain, les démons du sadisme pourront se réveiller à un autre bout de la planète... Dans le cadre de la civilisation occidentale, c’est donc à nous-mêmes que nous devons nous poser la question-clé de savoir si nous sommes prêts à soutenir les efforts visant à liquider l’Etat islamique autrement que verbalement ou en offrant quelques avions. Il est possible en effet que si l’on parvient à arrêter cette horreur-là, elle pourra difficilement apparaître ailleurs. »

Tout en constatant en conclusion que l’Etat islamique ne possède pas l’exclusivité du sadisme, Teodor Marjanovič rappelle que cette organisation oblige le monde entier à se concerter afin de la liquider.

L’obésité des Tchèques – un problème sanitaire et économique

Photo: Commission européenne
Dans un texte publié sur le site aktualne.cz, Martin Fendrych remarque que les Tchèques détiennent une triste primauté. A en croire les résultats d’une récente étude de l’Organisation mondiale de la santé, les Tchèques constitueraient en effet la nation la plus obèse à l’échelle européenne. L’auteur du texte situe ce phénomène dans un contexte plus large :

« L’obésité touche plus de 30% de la population, hommes et femmes confondus, et concerne également les enfants et les jeunes, une tendance qui va d’ailleurs en s’accroissant. Ce qui est absurde, c’est que la société moderne, et donc aussi la société tchèque, consacre une si grande attention aux questions de poids et à toutes sortes de régimes pour maigrir. Ce qui est plus grave encore, c’est qu’il faille payer des sommes gigantesques pour le traitement des maladies liées à l’obésité. Pourtant, la volonté politique de pénaliser l’obésité volontaire, donc celle qui n’est pas causée par une maladie ou par une autre cause objective, dans le cadre du système de l’assurance-maladie, est pour l’instant nulle. Par définition, ce système demeure solidaire. »

L’éditorialiste note que cela n’est guère étonnant, car les personnes obèses constituent une importante partie de l’électorat sur les voix duquel les politiciens tchèques se doivent de compter. Martin Fendrych rappelle également que les Tchèques sont les plus gros consommateurs de bière au monde. Au sens propre comme figuré...

Manque de place pour les petits Tchèques dans les écoles primaires

Photo: Archives de Radio Prague
Tandis la Tchéquie souffrait dans un récent passé d’un manque de place pour les enfants dans les écoles maternelles, le problème touche désormais, logiquement, les établissements de l’enseignement primaire. Alors que les parents tchèques entreprennent actuellement auprès des écoles les différentes démarches pour inscrire leurs enfants pour la rentrée prochaine, l’hebdomadaire Týden a apporté à ce sujet quelques précisions :

« Le nombre d’écoliers inscrits dans les premières classes augmente régulièrement dans tout le pays. Comparé aux 112 000 enfants inscrits en 2013, ils sont désormais près de 150 000. Toutefois, certains d’entre eux ne peuvent pas être admis dans l’école de leur choix, car le nombre de demandeurs est souvent supérieur aux capacités d’accueil. Ce sont finalement les autorités locales et les directeurs des écoles qui sont contraints de résoudre tant bien que mal ce problème délicat qui concerne particulièrement Prague et les grandes villes. »

Selon l’auteur de l’article, l’explication est simple : les fonctionnaires responsables du système scolaire n’ont pas suffisamment tenu compte du boom démographique survenu il y a six ans et qui devrait fléchir dans deux ou trois ans.