Rome autorise un prêtre marié à exercer son ministère

Photo: www.apha.cz

C’est un cas peu commun au sein de l’Eglise catholique. Le pape a reconnu à un homme marié, père de quatre enfants, le droit de devenir prêtre et d’exercer son ministère. Cet homme, c’est Jan Kofroň, secrétaire de l’évêque de Prague Václav Malý, et son histoire met en lumière un aspect méconnu de l’Eglise catholique en RT.

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Aux sources de ce cas sans précédent en RT, il y a 50 ans de passé communiste : sous le régime totalitaire certains prêtres et évêques sont ordonnés clandestinement. Parmi eux, il y en a qui choisissent de se marierpour ne pas attirer l’attention sur eux. Et de façon générale, la survie de l’Eglise catholique sous un régime largement réfractaire à la religion passe par l’assouplissement de certaines règles de base du canon. Ainsi, des femmes seront ordonnées prêtres.

Toutes ces ‘anomalies’ ont eu un mérite, celui de maintenir l’église sous la persécution. Jan Kofroň, lui, a été secrètement ordonné prêtre sous le communisme, alors qu’il était déjà un homme marié. Il rejoint alors ainsi l’« Eglise souterraine » en Tchécoslovaquie, qu’on pourrait presque appeler « Eglise underground » par analogie avec le mouvement dissident.

1989 apportera la liberté mais un vrai problème pour le Vatican qui voit d’un mauvais oeil cette communauté ecclésiastique tchèque clandestine. Rome demande aux prêtres d’être ordonnés sub conditione, sous condition, selon la terminologie ecclésiastique. Une procédure déjà utilisée dans le cas des anglicans revenus dans le giron catholique. Les prêtres célibataires tchèques rentrent dans le rang de l’église romaine. Les prêtres mariés rejoignent l’église orthodoxe qui n’exige pas le célibat.

Václav Malý
C’est il y a trois semaines environ que l’évêque de Prague, Václav Malý, a ordonné l’ancien prêtre clandestin Jan Kofroň sous condition, qui en a fait la demande après une longue réflexion :

« Je me suis décidé à sauter le pas à un moment de crise personnelle. Et aussi parce que cela fait 17 ans que je vais visiter l’hôpital psychiatrique de Bohnice à Prague, que je me rends dans des maisons pour personnes âgées où je vais parler aux patients. J’ai compris qu’il fallait que je serve aussi ces personnes en leur administrant les sacrements. »

Une décision d’abord difficile à prendre, car du point de vue de l’église cette ordination suppose que la personne n’était pas ordonnée auparavant. Difficile à admettre parfois pour ces anciens prêtres clandestins puisque cela revient à invalider l’ordination précédente.

Pour Jan Kofroň, cet événement a finalement pris la forme d’une sorte de libération intérieure :

« Au début j’ai eu du mal à l’accepter en moi. Mais les craintes du début se sont estompées, et j’ai finalement vécu cette ordination dans la joie. Et le soutien de ma famille à mes activités est particulièrement important notamment depuis que j’ai pris cette décision. Cette officialisation a fait que j’ai vu ma femme vraiment heureuse. »

Le pas franchi par le pape Benoît XVI en autorisant l’ordination de Jan Kofroň est considéré comme une avancée certaine par la communauté ecclésiastique tchèque autrefois clandestine, qui s’est sentie lontemps abandonnée par Rome.