Première en Tchéquie : deux femmes ordonnées prêtres dans l’Église vieille-catholique

Noemi Kosourová et Darina Bártová ont reçu le sacerdoce à l’Église Saint-Laurent sur la colline de Petřín, lors d’une cérémonie célébrée par l’évêque Pavel Benedikt Stránský

L’Église vieille-catholique a ordonné deux femmes prêtres lors d’une cérémonie qui s’est tenue à Prague samedi 12 août. Une grande première en Tchéquie.

L’Église vieille-catholique prend sa source à la suite d’un schisme du Concile du Vatican de 1870. Réunis sous l’Union catholique internationale d’Utrecht, ses fidèles sont très présents plus particulièrement en Suisse, en Allemagne et en Autriche. La place des femmes dans l’Église vieille-catholique (proche des protestants et des anglicans) remonte à une tradition lointaine dans les pays voisins de la Tchéquie.

Deux femmes ont donc été ordonnées prêtres, samedi dernier, sur les hauteurs de Prague. Jusqu’alors diacres, respectivement dans les paroisses de Havlíčkův Brod et de Prague, Noemie Kosourová et Darina Bártová ont reçu le sacerdoce à l’Église Saint-Laurent sur la colline de Petřín, lors d’une cérémonie célébrée par l’évêque Pavel Benedikt Stránský. Toutes les deux répondent aux exigences requises selon la Commission théologique, comme l’explique Noemie Kosourová :

Noemi Kosourová | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

« L'année dernière, une enquête a été menée dans nos paroisses pour déterminer si le sacerdoce des femmes était acceptable et nécessaire pour nous, vieux-catholiques. Le résultat a été clairement favorable et le synode a donc ensuite approuvé cette décision. Avant même ce synode, notre évêque m’avait demandé si je souhaitais progresser dans mon ministère et si j’étais prête à accepter l’ordination. Et c'est une question à laquelle j’ai répondu par l’affirmative. »

Avant la cérémonie qu’il a célébrée, l’évêque Pavel Benedikt Stránský avait, lui, déclaré :

« Dans l’histoire de l’Église, le sacerdoce des femmes est peut-être quelque chose d’inhabituel, mais notre Église ne trouve pas de raisons suffisamment convaincantes pour empêcher la moitié des baptisés de réaliser leur vocation. »

Bien que le sacerdoce des femmes ne soit pas nouveau dans l’Église vieille-catholique, du moins dans les pays voisins de la Tchéquie, un recueil a été présenté à Prague lors de cette journée de célébration appelé « Ordination. Le sacerdoce des femmes dans la réflexion de la théologie vieille-catholique ». Cette Église, qui compte aujourd’hui près de 700 fidèles, a été fondée en Bohême en 1877. S’ils s’affirment toujours catholiques, ses fidèles refusent néanmoins les dogmes de l’infaillibilité pontificale et de la juridiction suprême et universelle de l’évêque de Rome, et ce depuis donc le Concile du Vatican de 1870. En République tchèque, la place des femmes dans l’Église vieille-catholique est nouvelle, comme l’explique Martin Vaňáč, historien de l’Église et théologien de l’Université Charles :

Martin Vaňáč | Photo: Kristýna Hladíková,  ČRo

« En République tchèque, les femmes occupent des positions élevées dans la plupart des Églises. Dans le cas de certaines religions, cela n’est mentionné que dans leur constitution respective, car dans la pratique, il n’y a pas de candidatures de femmes. Le ministère est toutefois ouvert aux hommes et aux femmes sans distinction. Dans ce pays, seules l’Église orthodoxe et l’Église catholique romaine ont une position clairement négative. Dans l’Église évangélique des Frères tchèques, en revanche, cela fera 70 ans cet automne que les premières femmes ont été autorisées à assumer de telles responsabilités. L’Église hussite tchécoslovaque, où cela est possible depuis 1947, a même une tradition encore plus longue. »

Les deux femmes prêtres se sont bien intégrées dans la vie de leur Église et en-dehors. Darina Bártová a un doctorat dans le domaine de la cybernétique technique. Depuis 2008, elle est rattachée à la paroisse sainte Marie-Madeleine de Prague.

De son côté, Noemie Kosourová était la 64e diacre. En plus de sa formation théologique, elle travaille dans le social. Noemi Kosourová témoigne des réactions suscitées autour d’elle par son ordinnation :

« Je dois avouer que je suis même surprise par les nombreuses réactions positives. Cela vaut surtout pour les personnes qui n’ont que peu d’expérience de l’Église. Je n’ai même en fait reçu aucune réaction négative. Je ne tiens pas compte toutefois des réseaux sociaux, car c’est toujours un peu comme crier dans le vide. »

Noemi Kosourová et Darina Bártová ont reçu le sacerdoce à l’Église Saint-Laurent sur la colline de Petřín,  lors d’une cérémonie célébrée par l’évêque Pavel Benedikt Stránský | Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

L’Église vieille-catholique regroupe aussi les anglicans sur le territoire tchèque depuis 1931. En 2022, elle comptait autour de 700 fidèles selon l’Office tchèque des statistiques, contre 741 000 fidèles pour l’Église catholique-romaine. Cependant, en Pologne, par exemple, l’Église vieille-catholique refuse encore d’ordonner des femmes. En Tchéquie, l’ordination de Noemi Kosourová et de Darina Bártová concrétise une décision synodale prise en octobre 2022, confirme Martin Vaňáč :

« Cela permet d’éliminer ce que l’on pourrait considérer comme une discrimination. Jusqu’à présent, dans l’Église vieille-catholique tchèque, seul le niveau le plus bas de l’ordination était accessible aux femmes ; c’est-à-dire dans la séquence tripartite diacre - prêtre - évêque. Avec la décision du synode, ces fonctions ont été ouvertes aux hommes et aux femmes. C’est un pas important. Jusqu’à présent, nous ne connaissions cela que dans le milieu protestant. Dans les milieux catholiques, c’est plutôt une nouveauté. »

Auteur: Mathilde Nicolas
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