Rosatom en Tchéquie, c’est fini

Centrale nucléaire de Dukovany
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Le géant russe du nucléaire civil, Rosatom, a quitté la République tchèque il y a déjà plusieurs semaines. Le départ en catimini de l’entreprise russe du territoire tchèque a été révélé par le quotidien Deník N.

Les répercussions négatives de l’invasion russe de l’Ukraine n’en finissent pas d’éloigner la Russie de l’Europe. Outre la sphère diplomatique, les milieux économiques et énergétiques sont eux aussi particulièrement touchés, comme en témoigne la fermeture dans la plus grande discrétion de la filiale tchèque de l’entreprise publique russe Rosatom spécialisée dans l’énergie nucléaire.

C’est le journal tchèque Deník N qui a révélé l’information. Selon le quotidien, la société a été retirée du registre du commerce du pays fin juin 2023, même si, dans les faits, la filiale semblait inactive depuis plusieurs mois. Tous les employés étaient d’ailleurs déjà partis. Dès le début de l’invasion en février 2022, ces derniers, faisant preuve de lucidité, avaient pressenti que leur entreprise ne pourrait pas poursuivre insouciamment ses activités bien longtemps. Les bureaux pragois de la firme, situés à proximité de la station de métro Budějovická, auraient finalement été vidés à la fin de l’année dernière.

L’agence de communication Essential Communication, dont la filiale tchèque de Rosatom constituait l’un des principaux clients, a bien tenté d’étouffer le départ du géant russe mais en vain. Elle a admis que la filiale avait cessé ses activités. L’agence de communication, qui a dû trouver à la hâte de nouveaux clients, a accumulé les dettes mais a promis de les régler.

L’explosion à Vrbětice en 2014 | Photo: HZS ČR

Rosatom, par le biais de sa filiale, avait beaucoup investi en matière de communication en Tchéquie ces dernières années pour promouvoir ses activités et avait cultivé la proximité avec les milieux politiques locaux et nationaux. Toutefois, depuis les révélations d’avril 2021 relatives à l’explosion du dépôt de munitions de Vrbětice dans la région de Zlín en 2014, attribuée aux services secrets russes, les relations entre la Tchéquie et la Russie n’ont cessé de se détériorer.

Rosatom avait, à cet égard, été écarté, avant même le lancement de l’appel d’offres, du projet de construction d’un nouveau réacteur à la centrale nucléaire de Dukovany, dans la région de Vysočina, pour des « raisons de sécurité ».

En mars 2023, un peu plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, Prague avait également annoncé qu’à compter de 2024 le combustible nucléaire des deux centrales nucléaires tchèques ne serait plus fourni par la société russe TVEL, appartenant à Rosatom, mais par l’américain Westinghouse et le français Framatome. L’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce et actuel premier vice-président de la Chambre des députés, Karel Havlíček (ANO), s’était félicité de cette décision au micro de la Télévision tchèque :

Karel Havlíček | Photo: Michaela Danelová,  Radio tchèque

« Il s'agit là bien sûr d'une étape importante en vue de la diversification [énergétique] et du renforcement de la sécurité. La sécurité énergétique est, en effet, d'abord une question de prix et ensuite une question de diversification des ressources. »

Le PDG du groupe énergétique tchèque ČEZ, Daniel Beneš, s’était aussi voulu rassurant sur ce choix :

« Nous avons signé un contrat avec la société suédoise Westinghouse Sweden pour la fourniture de combustible nucléaire. Les prix sont très similaires. [...] Nous avons résolu la sécurité de l'approvisionnement. »

Selon les données de 2021, le nucléaire comptait pour 36 % de l’électricité produite en République tchèque, contre 40 % pour le charbon. La Tchéquie dispose de deux centrales nucléaires en activité : celle de Dukovany, la plus ancienne, ouverte en 1985, et l’autre située à Temelín, en Bohême du Sud, inaugurée en 2002.