Rudy Linka, le guitariste de jazz qui sidère le monde
Il est considéré comme l’un des dix meilleurs guitaristes de jazz au monde, appréciation que les lecteurs du prestigieux Down Beat Magazine ont d’ailleurs attribuée à Rudy Linka. Il donne souvent des concerts avec son trio dont il est évidemment guitariste. Dan Fabricatore joue de la guitare basse et Rich Huntley de la batterie. Il a joué sur scène avec les plus grands musiciens de jazz, tels que George Mraz, Red Michell, Bob Mintzer, John Abercrombie et Gil Goldstein.
En 1996, l’album de Rudy Linka Czech it Out a été nommé par le Jazz Thing Magazine parmi les meilleurs enregistrements de l’année. Rudy Linka est entre autre président et initiateur du fameux festival de jazz Bohemia Jazz Fest qui, depuis 2005, a lieu tous les mois de juillet à Prague et dans différentes ville de la Bohême telles que Plzeň, České Budějovice, Tábor, Telč, et Prachatice. Le festival se déroule sous le patronage du président de la République tchèque Václav Klaus. Dans les années 1980 Rudy Linka, qui avait d’abord émigré en Suède, a vécu à New York.
Rudy Linka, né en 1960, a d’abord commencé à jouer du violon, avec l’instrument que lui avait offert sa grand-mère alors qu’il avait six ans. A quatorze ans il réalise que le violon n’est pas vraiment sa tasse de thé et opte pour la guitare. Comme il le dit lui-même, il adore le rythme de cet instrument, qui de plus lui fait penser à un corps de femme. Adolescent, il fréquentait beaucoup de jazzmen et c’est à cette éopque qu’il a commencé à apprécier le jazz. Fasciné, il écoutait des disques qu’il empruntait à ses amis ou à l’ambassade des Etats-Unis.
Après avoir terminé ses études de guitare classique au Conservatoire de Prague, il a émigré en Suède. Il avait dix-neuf ans, n’avait pas de problèmes politiques et n’était pas non plus poursuivi par les représentants du régime communiste. Il avait seulement envie de voyager, de connaître d’autres pays et de rencontrer des gens intéressants. Après de multiples démarches compliquées, Rudy a réussi à obtenir un visa pour l’Allemagne. De là il est parti pour la Suède où il avait un ami, également émigré tchèque. Il a suivi des études au Stockholm Music Institute et c’est justement en Suède qu’il a rencontré son épouse avec laquelle il vit jusqu’à présent.
Après six ans passés à Stockholm, le couple décide de partir au Etats-Unis. Rudy Linka entre au Jim Hall Fellowship du Berklee College of Music à Boston où il avait été recommandé par le bassiste Red Mitchell rencontré en Suède. A l’époque, Rudy Linka ne parlait pas un mot d’anglais. Ensuite il continue à la New School de New York, ville où il déménage définitivement en 1986. A New York il suit des cours privés chez John Scofield, Jim Hall et John Abercrombie. Depuis 1989 il donne lui-même des cours de guitare.
Jusqu’en 1995 il dirigeait la section de musique à la Day School à New York, et entre 1991 et 2000 il a travaillé comme conseiller pour les conservatoires les plus prestigieux aux Etats-Unis, au Canada et en Europe. Rudy Linka vit donc actuellement à New York, ville qu’il apprécie pour son mouvement continu. Pourtant il a acheté une maison de campagne délabrée dans la région de Prachatice près de Český Krumlov, pour laquelle il a eu un coup de foudre en passant à côté en vélo. C’est son refuge, c’est là qu’il vient se reposer de sa vie tumultueuse. Rudy Linka :
« Lorsque j’ai commencé à réparer la maison de campagne, je ne venais en Bohême que pour les deux mois de l’été. En faisant les réparations je me suis rendu compte que la musique qui, à New York est partout autour de vous, me manquait. En fait c’est la seule chose qui me manquait et je me disais qu’il serait absolument fantastique si tous mes amis pouvaient venir jouer ici pour que je puisse leur montrer la beauté de mon pays. »
Est-ce que les débuts à New York ont été difficiles ?
« Je ne suis pas venu aux Etats Unis en tant qu’émigré, mais en tant qu’étudiant. J’ai obtenu une bourse et j’ai étudié pendant trois ans. Je crois que ces trois années ont été parfaites, je me suis fait des amis et les gens qui étudiaient avec moi ont aujourd’hui beaucoup de succès. Je pense donc que ce n’était pas aussi difficile que lorsque quelqu’un descend de l’avion et dit : Voilà, je suis là. »
Vous avez travaillé avec des musisiciens célèbres. Quels sont les musisciens de jazz qui vous ont le plus impressionné ?
« J’ai eu la chance de jouer avec des musisciens absolument fantastiques. Parmi les plus grands avec lesquels j’ai joué et qui ont changé ma vie, il y a John Scofield et Paul Motian. Ils m’ont inspiré non seulement en tant que musiciens mais surtout parce que ils étaient des gens fanstastiques. »
Est-ce que vous allez donner un concert prochainement et où ?
« Lorsque je vais revenir au Etats-Unis nous allons répéter avec l’orchestre pendant un mois, puis nous allons faire une tournée aux Etats- Unis pendant tout le mois d’octobre. Au mois de novembre nous parcourrons l’Europe. Je sais déjà que nous jouerons en Autriche, en Allemagne, en Suède, au Danemark en Tchéquie, en Italie, en Belgique et peut-être en France, mais ce n’est pas encore sûr. »
Est-ce que vous avez un pays que vous préférez pour son public ?
« Le public d’un concert de jazz est bon partout. Personnellement j’aime beaucoup l’Italie. Mais c’est peut-être dû au fait que j’aime beaucoup la cuisine italienne, le vin italien et j’ai l’impression que les gens de ce pays ont une excellente approche de la vie. Ils prennent tout à la légère, mais il y a des choses qu’ils prennent très au sérieux, comme la nourriture ou le café, ce qui n’est pas courant dans d’autres pays du monde où les gens ne prennent pas ces choses-là au sérieux. »
Même si vous avez été longtemps aux Etats-Unis, où vous vivez d’ailleurs toujours, c’est en République tchèque que vous vous sentez chez vous...
« Je suis né en Tchécoslovaquie et j’y ai passé les dix-neuf premières années de ma vie. Ma mère habite ici, ma sœur et mon frère aussi, donc je suis tchèque et je me sens tchèque. Mais, New York vous permet de vivre la vie comme vous l’entendez. Non seulement la vie professionnelle mais aussi une vie multi-culturelle. Je suis un Tchèque vivant à New York, donc je suis un New-yorkais parfait. »
Photos : Archives de Rudy Linka