Rugby - Christain Galonnier, un Français à la tête du XV tchèque : « Il y a ici des joueurs aux grosses qualités physiques »
Dans un pays sacré onze fois champion du monde de hoykey sur glace, le rugby fait partie des parents pauvres du sport en République tchèque. Confiné à l'anonymat, l'ovalie s'efforce pourtant de plaire au public, à l'image de son équipe nationale en progrès. Malgré sa lourde défaite subie dernièrement en Géorgie (75 - 10), le XV tchèque figure à une honorable quatrième place à l'issue de la phase aller de la Coupe d'Europe des nations de première division, antichambre de l'élite du Vieux continent. Avant le dernier match à domicile contre la Russie, en mars dernier, nous avions rencontré à l'issue d'un entraînement Christian Galonnier, le co-entraîneur français de cette sélection avec l'ancien Montferrandais Jan Machacek. Le successeur d'un autre coach de l'Hexagone, Michel Bernardin, avait alors longuement évoqué sa mission dans un pays et au sein d'un collectif qu'il a vite appris à apprécier.
Quels sont les objectifs de cette sélection tchèque ?
« Les objectifs sont simples. Pour nous, il s'agit avant tout de se maintenir en première division de cette compétition organissée par la FIRA (Fédération Internationale de Rugby Amateur). Ensuite, une fois le maintien acquis, ce serait bien d'accrocher la quatrième place, car je pense que la Géorgie, la Roumanie et même le Portugal sont un petit peu au-dessus de nous dans l'ensemble. »
Pour nos auditeurs qui ne sont pas forcément spécialistes de rugby, quel est le niveau de cette compétition, que vaut-elle par rapport au Tournoi des six nations, par exemple ?
« C'est quand même un niveau nettement inférieur. Cependant, des équipes comme la Géorgie et la Roumanie, cette dernière avec de nombreux éléments qui évoluent en France, dont certains dans le Top 16, pourront peut-être dans quelques années accrocher quelques équipes du Top six européen, mais cela n'empêche pas qu'il y a une grosse différence entre les deux tournois. »
Comment situeriez-vous votre équipe par rapport aux différents championnaux disputés en France ?
« Je dirais que c'est un très bon niveau de Fédérale 1 et un bas de tableau de Pro D2. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau de l'organisation, mais je pense qu'il y a beaucoup de joueurs qui sont capables d'évoluer en Pro D2 en France. »
Dans quelle mesure la République tchèque peut-elle envisager de progresser sur la scène internationale ? Peut-elle espérer disputer un jour une Coupe du monde ?
« Je ne sais pas. Je vais peut-être utiliser un joker là-dessus. (il réfléchit) Il me semble quand même que lors de la Coupe du monde 2003, les Roumains, qui nous sont supérieurs de plusieurs tons, avaient pris 90 points contre les Australiens, les Japonais en avaient pris 100, les Géorgiens aussi, alors bon... On peut peut-être l'envisager, mais la participation à une Coupe du monde se fait de façon méthodique et en montant les marches les unes après les autres. Parce que quelque fois, on se casse la gueule et il ne faudrait pas que le rugby tchèque tombe là-dedans. »
Oui. D'un autre côté, une participation, qui serait un énorme succès, permettrait à ce sport de se faire connaître ?
« Oui, mais peut-être plus avec l'arrivée du rugby à VII aux Jeux olympiques qui pourrait être un bon moyen de reconnaissance pour le rugby tchèque, parce qu'il y a ici des joueurs qui ont de grosses qualités physiques. Mais pour ce qui est du rugby à XV, il est très difficile de se hisser au niveau des meilleurs en claquant des doigts. C'est un travail de longue haleine et ce sont des années et des années de travail. »
Personnellement, qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette aventure tchèque ?
« Dans un premier temps, j'étais venu faire un stage avec des entraîneurs tchèques il y a trois-quatre ans de cela, donc je connaissais un petit peu le rugby en République tchèque. Ensuite, c'est le président de la FIRA, Jean-Claude Baqué, qui m'a parlé de cette possibilité, puisque le président de la fédération tchèque, Eduard Krutzner, cherchait un entraîneur français, et voilà, je me suis lancé dans l'opération. »
Comment se passent votre travail de sélection et la préparation aux matches ?
« Je travaille beaucoup avec mon assistant Jan Machacek. Nous préparons ensemble les entraînements. Ensuite, comme il y a quand même une barrière pour moi avec la langue, c'est lui qui intervient plus sur le terrain par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés non seulement dans la manière dont nous voulons aborder les matches mais aussi dans la correction des lacunes que nous avons déterminées. »
Et comment se passe le suivi régulier des joueurs ? Vous êtes chargé de ceux qui sont en France, et Jan Machacek plus de ceux qui évoluent en Tchéquie ?
« Tout à fait. Nous nous sommes répartis le travail par rapport à ça. Je m'occupe de ceux qui jouent en France, j'essaie de les suivre et après, on se renseigne, discute ensemble pour former la meilleure sélection possible. Cependant, c'est une mission qui reste limitée, puisque nous n'avons pour l'instant qu'entre 20 et 25 joueurs qui ont le potentiel de l'équipe nationale. »
Vous pourrez entendre (ou lire) la seconde partie de l'entretien avec Christain Galonnier, l'entraîneur français de l'équipe de République tchèque de rugby, dès la semaine prochaine, toujours dans la rubrique sportive.