Salaires des enseignants : des chiffres en hausse mais qui ne disent pas tout

Photo: Michaela Danelová, ČRo

L’information a surpris plus de l’un d’entre eux. Selon la dernière analyse du ministère de l’Education, le montant du salaire brut mensuel moyen des enseignants en République tchèque a dépassé 39 000 couronnes (1 525 euros) en janvier. Pour une majorité d’instituteurs et de professeurs, qui comptent parmi les moins bien rémunérés en Europe, la réalité diffère toutefois encore notoirement.

Photo: Michaela Danelová,  ČRo

Andrej Babiš,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Sous le précédent gouvernement de Bohuslav Sobotka, au sein duquel le mouvement ANO et le parti social-démocrate (ČSSD) jouaient déjà les premiers violons, les syndicats avaient revendiqué une augmentation du salaire des enseignants de façon à atteindre, d’ici à 2020, un niveau équivalent à 130 % du montant du salaire brut mensuel moyen pour l’ensemble de la population. Le montant de celui-ci s’étant élevé à 31 516 couronnes (environ 1 230 euros) au troisième trimestre 2018, les derniers chiffres communiqués par le ministère de l’Education laissent donc à penser que l’objectif fixé pourrait bien être atteint, comme le confirment également les propos du Premier ministre Andrej Babiš :

« Nous voulons augmenter les salaires de 15 % en 2020 avec pour moitié une revalorisation de la grille des salaires pour l’ensemble de la profession et pour l’autre moitié une hausse des primes. Nous tenons à ce que les directeurs des écoles puissent disposer d’une composante variable de façon à avoir plus de compétences. »

Kateřina Valachová,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
Le gouvernement actuel, avec une coalition toujours formée par le mouvement ANO et le ČSSD, s’est, lui, engagé à ce que le montant du salaire moyen des enseignants en 2021 atteigne au moins 150 % de celui de 2017. Autrement dit, il devrait s’élever à un peu plus de 45 000 couronnes (1 750 euros) d’ici à deux ans. Selon Andrej Babiš, son cabinet dispose dans cette optique du soutien de l’ensemble des partis représentés à la Chambre des députés. La seule divergence de vues porte sur le degré d’autonomie qui sera laissé aux directeurs des écoles pour rémunérer les enseignants. Sur ce point, les sociaux-démocrates et les communistes, qui soutiennent le gouvernement minoritaire, préféreraient que cette valorisation de 15 % concerne l’ensemble du corps enseignant, sans distinctions. Députée ČSSD et ancienne ministre de l’Education, Kateřina Valachová explique pourquoi :

« Je serais satisfaite si l’ensemble de la somme était consacrée à la valorisation de la grille des salaires. Cela serait une répartition plus juste des moyens mis en œuvre, car la partie fixe du salaire de beaucoup d’enseignants est encore très basse. »

Robert Plaga,  photo: ČT
Selon l’analyse du ministère, le montant du salaire moyen des enseignants a augmenté de quelque 45 % au cours des cinq dernières années. Toutefois, comme l’a concédé le ministre Robert Plaga (ANO), la situation s’améliore encore de façon partiellement inégale :

« Je suis convaincu que près de la moitié des enseignants parviendront à ce montant de 39 000 couronnes dans le courant de cette année. Il faut rappeler que ce que nous avons prévu, c’est que les salaires de l’ensemble des enseignants augmentent de 10 % dès le mois de janvier et qu’ensuite, à compter du printemps, des moyens supplémentaires soient mis à disposition des directeurs des écoles pour la partie variable des salaires de façon à ce qu’ils bénéficient d’un instrument leur permettant de mettre en valeur le travail des meilleurs enseignants. »

Une décision, quant à la forme que prendra cette augmentation en 2020, sera prise par le gouvernement et le Parlement à l’automne prochain.