Sam Karmann filme la grosse fatigue des « héros » en chacun de nous

Sam Karmann, photo: www.kviff.com

Parmi les films en compétition au 43e festival de KV, le film du réalisateur et acteur Sam Karmann, La vérité ou presque. Tiré d’un roman américain dont l’histoire a été adaptée à la France, le film parle des petits et grands mensonges des couples, des compromissions que l’on fait ou pas, avec pour toile de fond, le jazz, et le destin imaginaire de Pauline Anderton, chanteuse de jazz des années 50 qu’interprète Catherine Olson, l’épouse à la ville de Sam Karmann. AK a rencontré les deux interprètes.

Catherine Olson : « Je pense que la musique est un personnage à part entière... C’est une chanteuse de jazz, donc toute la musique. Le jazz, c’est de l’improvisation, donc c’est de la liberté, donc ça a un rapport direct avec ce que raconte le film. En ce sens-là, c’est donc un personnage, et Pauline Anderton est un peu ce qu’Hitcock appelait le MacGuffin du film... C’est à dire que tout tourne autour d’elle à un moment donné du film, mais finalement qui elle est n’est pas vraiment intéressant. Ce qui compte, c’est ce qu’elle fait naître entre les deux personnages principaux. »

La vérité ou presque est tiré d’un roman américain.Comment passe-t-on d’un roman américain à un film français ?

Sam Karmann : « Très simplement en fait... C’est drôle : c’est une question qui revient souvent. Quand j’ai lu le roman américain, je me suis dit : ces personnages-là ne sont pas plus américains que français, espagnols ou tchèques. Je les connais parfaitement ces personnages : c’est juste moi, des gens que je connais, c’est un miroir absolu, indépendamment du creuset culturel. Il a donc fallu que je respecte la trame du bouquin. L’important, c’est que c’était un intellectuel, un biographe qui vivait à New York que ça arrangeait bien de foutre le camp un peu, par rapport à sa vie privée, homosexuelle. Il partait vers Boston, où il y avait une femme qui travaillait dans une télé locale, qui est en perte de vitesse dans son travail et dans sa vie. Ces deux personnages vont se rencontrer. Il fallait que je retrouve les lieux en France. Le type allait quitter Paris, je me posais la question de la deuxième ville et je connaissais pas mal Lyon. Je me suis dit que c’était formidable : c’est un peu la distance entre Boston et New York. Et son architecture me permettait de mettre en scène le secret : comme le film parle de mensonge et de secret, Lyon était parfaite avec ses fameuses traboules où l’on peut se perdre. »

Une phrase du film : ‘On peut s’aimer pour toujours mais pas tout le temps’, vous y croyez ?

S.K. : « Je vous renvoie la question ! Bien sûr ! C’est une phrase magnifique : on a tous nos humeurs, on traverse tous nos périodes de fatigue. On démarre la vie en se disant qu’on veut être le héros de sa vie, mais parfois les héros sont fatigués ! Qui peut dire : je n’ai jamais trahi, jamais menti ? Moi je crois que l’important, c’est de ne pas faire souffrir l’autre... A chacun de déterminer où sont les choses importantes ou pas importantes. Et puis souvent ce qui est important le lundi ne l’est plus le vendredi... »

Votre film a été sélectionné en compétition au festival de Karlovy Vary, ça vous fait plaisir ?

« Moi ce qui me fait surtout plaisir, c’est qu’il voyage. Qu’il voyage en compétition plutôt que pas en compétition, j’ai envie de dire : tant mieux ! Il voyage mieux, en première classe ! Je suis tout à fait d’accord pour voyager en première classe ! »