Sanctions contre la Russie: la République tchèque pourrait objecter
Si la Russie n’arrête pas ses opérations miliaires dans l’est de l’Ukraine, elle fera l’objet de sanctions économiques supplémentaires. Telle a été la conclusion, samedi à Bruxelles, de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui ont chargé la Commission d’élaborer de nouvelles mesures dissuasives à l’égard de la Russie. Pour sa part, la République tchèque s’est réservé le droit de ne pas adhérer à une partie des nouvelles sanctions si celles-ci devaient signifier des pertes économiques qu’elle jugerait trop lourdes.
« Ce samedi à la réunion du Conseil européen, nous avons constaté que les sanctions européennes ont eu un impact sur l’économie russe. Néanmoins, elles n’ont eu, jusqu’à présent, aucune influence sur le comportement de la Russie dans l’est de l’Ukraine. A Bruxelles, j’ai exprimé ma déception concernant le sommet de Minsk où se sont retrouvés, pour la première fois, les présidents Porochenko et Poutine. Pendant qu’ils négociaient, l’invasion des soldats russes dans l’est de l’Ukraine se poursuivait. »
Si, pour Bohuslav Sobotka, la situation en Ukraine n’a pas de solution militaire, il reste cependant des moyens diplomatiques. Le chef du gouvernement a néanmoins souligné que la communication téléphonique intense entre la chancelière allemande ou le président français et Vladimir Poutine ne semble pas pouvoir permettre de mettre un terme aux activités militaires de la Russie. Le Premier ministre tchèque a donc proposé à ses homologues d’étudier en détail la prochaine proposition des sanctions avant de la soutenir d’emblée :« Ce samedi, il n’y a pas eu de propositions concrètes de nouvelles sanctions sur la table. En tant que Premier ministre de la République tchèque démocratiquement élu, je ne pouvais pas signer un chèque en blanc à la Commission européenne sans connaître la forme finale de son projet. En revanche, j’ai déclaré notre volonté de participer activement à l’élaboration de la nouvelle série de sanctions, ainsi qu’à l’évaluation de leur impact sur l’économie tchèque et européenne. Parmi les premiers ministres présents, je n’ai pas été le seul à exprimer des réserves. »
En effet, la Slovaquie, l’Autriche, la Hongrie et l’Italie ont manifesté un point de vue similaire. Pour Bohuslav Sobotka, la solution de la situation en Ukraine réside dans la mise en œuvre du plan de paix de Petro Porochenko. Néanmoins, pour appuyer son plan de paix, le président ukrainien a demandé justement le renforcement des sanctions à l’égard de la Russie.En raison de sa position mitigée à l’égard des nouvelles mesures dissuasives, le Premier ministre a été critiqué notamment par les membres de la coalition gouvernementale. Pavel Bělobrádek, le président des chrétiens-démocrates, le plus petit des trois partis de cette coalition, a ainsi déclaré :
« Je suis d’accord avec le Premier ministre sur le fait que les sanctions à l’égard de la Russie sont très désagréables pour nous. Néanmoins, il est inacceptable de laisser Vladimir Poutine d’abord annexer la Crimée, puis avancer vers d’autres parties de l’Ukraine. Là, il n’y a plus d’espace pour reculer. »Ce samedi, le président sortant de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso, a qualifié de « guerre » l’avancement russe. C’est pourquoi l’Union européenne entend agir rapidement. Le nouveau paquet de sanctions devait donc être présenté ce lundi. Bohuslav Sobotka souhaite qu’il soit discuté au Conseil des ministres de ce mercredi, et, selon les vœux du président François Hollande, la version finale du document devrait être connue avant le sommet de l’OTAN prévu pour les 4 et 5 septembre prochains.