Scandale au sein de l’armée autour d’officiers arborant des symboles nazis

Photo: MF Dnes, 9.11.2009

C’est un véritable scandale qui secoue les rangs de l’armée tchèque ces derniers jours. Et les têtes ont commencé à tomber après les révélations du quotidien Mladá fronta Dnes sur deux soldats servant en Afghanistan qui portaient des symboles nazis sur leur casque.

Jan Čermák,  photo: CTK
Ils sont tous deux officiers d’élite de l’armée tchèque, servant dans la province de Logar en Afghanistan. La semaine dernière, ils ont été décorés pour le travail qu’ils y ont effectué. Mercredi, Jan Čermák et Hynek Matonoha ont été limogés. Au début de la semaine, le quotidien Mladá fronta Dnes avait en effet publié un article montrant que les deux soldats portaient des symboles SS sur leurs casques pendant toute la durée de leur service en Afghanistan. Des soldats dénoncés par certains de leurs collègues à la presse, face à l’inertie de leurs supérieurs. L’un des deux soldats s’est excusé et a cherché à s’en sortir par une pirouette, arguant que le H traversé d’un poignard ne correspondait pas à la division SS Hohenstaufen, mais au H de Honza, son surnom. Deux de leurs supérieurs sont également suspendus, l’un d’entre eux étant accusé d’avoir essayé d’étouffer l’affaire. Pour Jiří Šedivý, ancien chef d’état-major, les soldats étaient tout à fait conscients qu’ils arboraient des symboles nazis :

Photo: MF Dnes,  9.11.2009
« Je pense qu’il s’agit là d’une excuse et qu’il ne faut pas en tenir compte. Ils ne pouvaient que savoir de quel symbole il s’agissait, et maintenant, ils essayent d’échapper à leur responsabilités. Mais on ne peut pas les croire. »

L’armée se retrouve secouée par un scandale sans précédent. Et si le supérieur des deux soldats n’a pas jugé bon d’agir, le ministre de la Défense Martin Barták a réagi et promis que le « ménage serait fait au sein de l’armée ». Pour Jiří Šedivý, en tout cas, il s’agit de cas qui restent isolés :

« Je ne pense pas qu’il s’agisse de quelque chose de courant dans l’armée. L’armée a des mécanismes internes pour se protéger des mouvements extrémistes qui pourraient l’infiltrer, même si ça ne marche pas à chaque fois. Quand on regarde en arrière, il y a toujours un soldat suspect qui apparaît tous les 2-3 ans. L’armée est une sorte d’objectif naturel pour les extrémistes qui ont des comportements paramilitaires. Les soldats sont une sorte de modèles pour eux. »

En tout cas, cette affaire tombe mal pour l’armée tchèque. Elle fait en effet suite à un autre scandale, mettant en cause un soldat à l’origine de la création d’une organisation dénommée White Justice. Derrière ce nom plus qu’explicite : une organisation néo-nazie soupçonnée d’avoir préparé des actions terroristes contre des endroits stratégiques ou l’enlèvement de « personnalités juives ». Le soldat a été expulsé de l’armée ce lundi.

En attendant, une enquête interne a été ouverte pour régler le cas des supérieurs suspendus.