L’Armée tchèque s’apprête à former un «battlegroup»
L`Armée tchèque entend jouer à l’avenir un rôle plus important dans les régions en conflit dans le monde. A partir de 2009, 1500 soldats tchèques et slovaques formeront une unité appelée «battlegroup», ou «groupement tactique», qui fera partie des forces de réaction rapide de l’Union européenne et pourra être déployé en l’espace de 5 à 10 jours pratiquement dans n’importe quel foyer de tension dans le monde.
Dès l’année prochaine, 450 soldats tchèques devraient partir pour une mission en Afghanistan où se trouve un hôpital de campagne tchèque et où l’Armée tchèque envisage aussi de créer une équipe de reconstruction. Parallèlement, une unité de 550 hommes et femmes tchèques poursuivra sa mission dans le cadre des forces de paix au Kosovo. Mais ce n’est pas tout. Selon le général Josef Prokes, cité par le journal Pravo, 2400 soldats se préparent d’ores et déjà à revêtir les uniformes de « battlegroup » en 2009.
C'est l’état-major de l’Armée tchèque qui choisira finalement ceux qui seront envoyés en mission selon les besoins de l’Union européenne. L’unité de 1500 membres doit être composée essentiellement de soldats du 43e bataillon mécanisé de la ville de Chrudim, auxquels s’ajouteront des policiers militaires, des médecins, des infirmiers et des équipes d’hélicoptères et aussi 300 soldats slovaques. L`unité devrait opérer dans un pays africain, par exemple au Congo ou au Tchad, mais elle pourra aussi être envoyée ailleurs.
En attendant, les soldats ne seront pas concentrés dans une seule caserne mais resteront dans leurs unités respectives prêts à partir en mission dès que le besoin se présentera. Si le projet est réalisé, ce sera la première fois que des soldats tchèques et slovaques formeront une unité pour opérer indépendamment dans une mission étrangère. Jusqu’à présent, ils avaient toujours fait partie d’unités internationales. Les frais de la réalisation du projet pourraient atteindre jusqu’ à 5 milliards de couronnes, quelque 179 millions d’euros, ce qui préoccupe certains hommes politiques. Andrej Cirek, porte-parole du ministère de la Défense, rassure ceux qui ne sont pas favorables à une telle dépense. Il souligne qu’elle ne dépasse pas les ambitions déclarées de l’Armée tchèque qui envisage de déployer à l’étranger jusqu’à 3000 soldats.
Ajoutons dans ce contexte une information inquiétante publiée, vendredi, par le journal Mlada fronta Dnes dont les journalistes affirment avoir identifié parmi les soldats de l’Armée tchèque trois sympathisants du mouvement néonazi. Les spécialistes estiment que dans l’armée il y a plus de personnes qui sympathisent avec l’idéologie néonazie et participent aux activités des mouvements extrémistes. Selon Erik Tabery, commentateur du magazine Respekt, cette information devrait être prise au sérieux :
« Les soldats tchèques participent à des opérations dans divers pays du monde et s’il y a dans ces unités des individus qui sont racistes ou néonazis, cela risque évidemment de provoquer des problèmes dans les pays où vivent des ethnies bien différentes de celles vivant en République tchèque. Le problème que cela peut poser est donc considérable. »
Ce sera donc à l’état-major de l’Armée de faire le tri pour éliminer les personnes qui pourraient risquer de compromettre la mission des soldats tchèques à l’étranger.