Scapin, Argante, Géronte, Léandre et les autres à l'Ecole mariale de Prague
Le théâtre baroque ne cesse de nous intriguer et de nous fasciner. Ce samedi, un trio de comédiens français et trois musiciens tchèques ont tenté de ressusciter à Prague la farce de Molière Les Fourberies de Scapin. Olivier Martin, Bastien Ossart et Julien Cigana avec l'ensemble Collegium Marianum ont présenté dans la belle salle de l'Ecole mariale de Prague une improvisation sur le célèbre texte de Molière. Ils ont réussi à jouer pratiquement toute la pièce passant d'un rôle à l'autre par des changements de masques, de perruques, de costumes et de gestes. Bastien Ossart, l'un des trois comédiens et metteurs en scène du spectacle, a expliqué à Vaclav Richter la genèse de ce projet et les ambitions de ses auteurs.
« On a lu beaucoup de pièces. Premièrement on a essayé de créer un spectacle avec plusieurs pièces de Molière, une espèce de patchwork avec ses pièces, et puis on s'est rendu compte que cela ne marchait pas très bien et que c'était aussi, comment le dire, une claque donnée au théâtre baroque, tout simplement. Et puis finalement Scapin nous est paru évident au niveau de la dramaturgie et de ce qu'on voulait faire sur le plateau. On avait pensé aussi à Tartuffe mais il nous fallait quelque chose de léger pour pouvoir faire cela. »
Croyez-vous qu'au temps de Molière on le jouait de la même façon ?
« Il y avait des parts réservées à l'improvisation, c'est une certitude. Les pièces étaient montées intégralement, donc ce n'est pas la même chose. Il arrivait parfois que les femmes soient jouées par des hommes. Maintenant c'est une forme nouvelle du théâtre baroque, c'est certain, mais les codes théâtraux qu'on a amenés là, ce sont les mêmes que ceux du XVIIe siècle. »
Quel est le rôle du geste dans ce genre de production ?
« Le geste, c'est la pensée, c'est ce que ne dit pas le personnage. C'est à dire, on peut dire amour et faire un geste de haine. Comme si l'on pensait que l'amour à ce moment-là était quelque chose qui se rapprochait de la haine. Le geste c'est la pensée.»
Est-ce que la musique au temps de Molière était souvent utilisée pendant les spectacles ?
« Je ne le sais pas. C'était utilisé beaucoup pendant les ballets, parce qu'il y avait beaucoup de ballets dans les pièces de Molière. Il arrivait des moments d'improvisation qui avaient un accompagnement musical. A quoi ils ressemblaient vraiment, je ne saurais pas le dire. Est-ce que c'était vraiment un accompagnement symphonique, est-ce que c'était une espèce de bruitage, je ne sais pas. »
Est-ce que ce spectacle aura un avenir ?
« Oui on va le jouer en France en mai et peut-être on va revenir en été pour le jouer ici. On va faire tout pour le maintenir en vie. »
(Plus de détails sur cette production, ce samedi, dans la rubrique « Rencontres littéraires ».)