Slovaquie : victoire de Čaputová, « le contraire de Zeman »

Zuzana Čaputová, photo : ČTK / AP Photo / Petr David Josek

Avec plus de 40% des voix, Zuzana Čaputová est arrivée samedi largement en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Slovaquie. Cette élection est très suivie à Prague, où une bonne partie de la presse fait des comparaisons entre les rapports qu’entretiennent les Tchèques et les Slovaques avec leur chef d’Etat.

Zuzana Čaputová,  photo : ČTK / AP Photo / Petr David Josek

Maroš Šefčovič,  photo : ČTK / Martin Mikula
Le deuxième tour opposera le 30 mars Zuzana Čaputová, novice en politique et admiratrice de Václav Havel, au vice-président de la Commission européenne, Maroš Šefčovič, le candidat du parti au pouvoir (SMER), qui a recueilli 18,7 % des voix.

Du côté officiel à Prague, seul le chef de la diplomatie a réagi après ce premier tour, sans prendre parti : « Deux candidats dont nous avons la certitude qu’ils lutteront contre l’extrémisme et la haine participeront au second tour. Je leur souhaite bonne chance », a déclaré Tomáš Petříček, dont la formation (ČSSD) est membre du Parti Socialiste Européen, comme SMER.

Avant le vote, le président tchèque Miloš Zeman avait déclaré dans son entretien hebdomadaire sur une chaîne de TV privée ne rien savoir de Zuzana Čaputová, soutenue par son ancien adversaire Karel Schwarzenberg.

Miloš Zeman : « La politique est un métier comme un autre qui doit s’apprendre. Je dis toujours que cet apprentissage est long et c’est parfois une bonne chose que soit élue à la présidence de la République une personne qui a déjà fait de la politique et qui a fait ses preuves en politique ».

L'élection présidentielle en Slovaquie,  photo : ČTK / Martin Mikula
Le président tchèque considère par ailleurs « excellente » l’expérience de Maroš Šefčovič à Bruxelles dans le domaine de la politique énergétique.

« Čaputová est tout le contraire de Zeman. Elle est dans la fleur de l’âge, elle est polie, refuse la confrontation, n’est pas tombée dans le piège des attaques personnelles et répète qu’elle veut unifier une Slovaquie divisée. En plus elle n’est pas corrompue par le pouvoir et n’a aucune affaire à son passif », écrit Viliam Buchert dans le journal pragois E15.

Un rapport différent à l'institution présidentielle à Prague et à Bratislava

Slovaques et Tchèques ne considèrent pas l’institution présidentielle de la même manière, estime dans aktualne.cz Jan Lipold, selon lequel le Château de Prague, chargé d’une histoire royale, est pour les Tchèques le siège du président depuis un siècle, tandis que les Slovaques n’ont qu’un quart de siècle d’expérience avec leur chef d’Etat.

Ján Kuciak,  photo : Archive de Ján Kuciak
« Les Tchèques voient plus le président comme un souverain et choisissent leur président en conséquence contrairement aux Slovaques, ‘plus jeunes’ et d’un certain point de vue plus dynamiques et plus courageux », écrit Lipold, qui fait également dans ce sens un « autre triste constat » : aucune femme n’était candidate à la dernière présidentielle tchèque.

L’ensemble des quotidiens tchèques évoquaient lundi en une le résultat de l’élection chez les voisins slovaques et tous ne manquaient pas de rappeler l’impact du meurtre du journaliste Ján Kuciak sur ce premier scrutin depuis cet événement qui a traumatisé la Slovaquie.

La campagne pour le deuxième tour du 30 mars sera d’autant plus suivie ici que des dizaines de milliers de Slovaques vivent en Tchéquie (117 000 selon les derniers chiffres officiels) ; des expatriés qui ne peuvent voter à l’étranger et qui devront rentrer chez eux dans deux semaines s’ils veulent faire un choix entre la candidate et le candidat.