Sobotka à Bruxelles pour relancer le Partenariat oriental

Photo: ČTK

Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka était ce vendredi à Bruxelles pour participer au 5e sommet du Partenariat oriental de l’Union Européenne. L’objectif affiché était de relancer ce système d’échange avec les anciennes républiques soviétiques, qui battait de l’aile depuis le dernier rassemblement en 2015, notamment à cause de la sévère dégradation des relations avec la Russie.

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En 2015, à Riga en Lettonie, Federica Mogherini, Donald Tusk, ou encore Petro Porochenko s’étaient tous félicités des progrès réalisé lors du sommet du Partenariat oriental, notamment sur le dossier ukrainien. Pourtant depuis, ce programme d’accords européens avec les pays situés à l’est des frontières de l’Union n’a plus connu de succès notables.

Pour rappel, le Partenariat oriental est un programme européen visant à renforcer les liens entre l’UE et six anciennes républiques soviétiques (RSS) : la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, l’Arménie, et l’Azerbaïdjan. Créé le 7 mai 2009, le partenariat n’a cependant que lentement progressé en huit ans, et pour cause : beaucoup de ces pays sont liés à la Russie, qui voit d’un mauvais œil la volonté de l’Union à se rapprocher des anciennes RSS.

Pourquoi la République tchèque a particulièrement a cœur le Partenariat oriental ?

La Tchéquie a un effet un lien ténu avec ce programme européen, pour la simple et bonne raison qu’il a été réalisé à son initiative. Soucieuse de déminer en 2009 le conflit gazier russo-ukrainien et surtout de renforcer la politique de voisinage européenne, la République tchèque, alors en charge de la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne, avait permis la création d’une plateforme d’échange avec ces six pays.

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L’inauguration du partenariat oriental avait d’ailleurs eu lieu à Prague, et depuis le pays s’investit considérablement dans cet instrument, qui demeure l’une des principales formes de contact de l’Union avec l’espace post-soviétique.

Quels étaient les enjeux de ce 5e sommet ?

Bien plus modeste que les précédents, le descriptif officiel omet de nommer les fameux conflits périphériques auxquels doit faire face l’Union, et dans lesquels la Russie a sa part de responsabilité : la guerre du Donbass bien sûr, mais aussi le conflit du Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les républiques russes en Géorgie, non reconnues par la communauté internationale, ou encore le séparatisme de la Transnistrie vis-à-vis de la Moldavie. De la même façon, aucune mention n’est faite de l’annexion russe de la Crimée.

Le sommet a par ailleurs été critiqué par plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme, qui reprochent à l’Union Européenne de convier à la table des personnalités comme Ilham Aliev, président autocratique azéri, ou Alexandre Loukachenko, souvent présenté comme ‘le dernier dictateur d’Europe’, même si ce dernier a décliné l’invitation.

L’UE met donc plus l’action sur les problèmes internes aux pays tels que la lutte contre la corruption ou l’indépendance de la justice, plutôt que sur leurs problèmes régionaux avec leur grand voisin.

Il s’agit de l’un des derniers déplacements du Premier ministre Sobotka…

Donald Tusk,  Bohuslav Sobotka,  Jean-Claude Juncker,  photo: ČTK
Effectivement, la fin de mandat se rapproche pour Bohuslav Sobotka. Le sommet constitue donc une bonne occasion d’aborder cette fin avec un évènement cher à la République tchèque, et qui est à l’image de la politique pro-européenne et ouverte sur l’Europe orientale du Premier ministre, parfois difficile à concilier avec celle d’un Miloš Zeman qui achève son séjour en Russie, illustrant ainsi les divergences récurrentes entre le chef de l’Etat et le gouvernement finissant en matière de politique étrangère.

Bohuslav Sobotka se rendra ensuite lundi à Budapest pour y rencontrer son homologue chinois Li Keqiang, et discuter de l’initiative économique 16+1 qui lie seize pays d’Europe centrale, orientale, et balkanique à la Chine.